hujki
Une blague un peu lourde, une remarque déplacée et voilà des invités qui quittent la table, des étudiants qui sortent de l'amphithéâtre, des âmes sensibles qui défaillent. Pour remédier à ce grave problème, une étudiante a mis au point un appareil dotée d'une alarme qui retentit aux moindre propos incorrect. Les pires intuitions d'Orwell n'étaient qu'une mise en bouche. Voici le Big Brother portable.

Lors du Global Grad Show se tenant à Dubaï, où des étudiants en design du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord exposaient le fruit de leur recherche, une certaine Zinnah Issa ne fut pas peu fière de faire découvrir au monde cette merveille de la censure. L'objet ressemble à une lampe de chevet dont l'abat-jour aurait été remplacé par un pavillon d'écoute. À défaut d'éclairage, un faisceau d'obscurantisme jaillit. Les esprits sont contrôlés, les conversations épiées. Retour à une inquisition moyenâgeuse que le mondialiste nomme « progrès ».

Sans surprise, le gadget est calibré selon les critères du politiquement correct. Sexisme, racisme, et toute la collection. Dès sa mise en action, un capteur veille à la bonne teneur des échanges. Plutôt que crier sa détresse, toute personne froissée par le terme « Grand Remplacement » est immédiatement réconfortée par les hurlements de l'alarme. L'auteur de cette sortie offensante est mis en quarantaine. Les offensés peuvent reprendre une vie normale. Au son de « Éric Zemmour », l'appareil court-circuite. Un nuage de fumée emplit la pièce et l'assistance est évacuée dans le calme.

Les bricoleurs auteurs de ce flicage des conversations revendiquent sans complexe le caractère hégémonique de leur machine. Selon ces experts en oppression, il s'agit de « transformer le politiquement correct, en tant qu'idéologie, en un produit ». Le pressing pour étudiant froissé serait à l'étude.

Non content de sursauter aux premiers signes de non-respect des normes mondialistes, l'engin est également programmé pour réagir aux commentaires sur l'image corporelle. « Tu es allé chez le coiffeur ? » ou « T'as de beau yeux, tu sais » deviennent ainsi sujet à déclenchement de panique générale. Au secours et sauve qui peut. « Un être normal s'est introduit parmi nous ! » Et chacun de se tenir à carreau. La formule « Le fond de l'air est frais », et le militant pour le climat pleure à chaudes larmes. En attendant le détecteur de pensée, un silence total épargnera au participant d'attirer l'attention sur sa personne.

Nul doute que Mme Zinnha Issa, ci-devant résidente des Émirats arabes unis et conceptrice de ce compresseur de pensée, destine son invention à l'exportation.