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© Jorge GuerreroLes autorités sanitaires allemandes et européennes recherchent toujours l'origine de la bactérie virulente attribuée à la consommation de concombres espagnols.
Alors que les malades affluent dans les hôpitaux outre-Rhin, les autorités sanitaires allemandes et européennes recherchent toujours l'origine de la bactérie attribuée à la consommation de concombres espagnols.

Cette bactérie tueuse, l'Escherichia coli enterohémorragique (Eceh), a fait au moins deux nouvelles victimes lundi en Allemagne, deux femmes âgées de 91 et 87 ans. Le bilan outre-Rhin s'élève désormais à quatorze morts.

Les autorités sanitaires redoutent le pire, alors qu'elles sont déjà confrontées à une vague de contaminations à l'Eceh jamais observée en Allemagne, et l'une des pires dans le monde. Face à l'inquiétude grandissante des consommateurs, qui boudent les étals des primeurs, les ministres allemands concernés devaient réunir experts scientifiques et responsables politiques régionaux pour faire le point, à Berlin.

« Une telle propagation, c'est du jamais vu »

«On connaît la bactérie Eceh depuis de nombreuses années, mais une telle propagation, c'est du jamais vu», a assuré, lundi matin, sur la télévision publique ZDF, le professeur Jan Galle, directeur de la clinique de phrénologie de Lüdenscheid (ouest). «D'habitude, on enregistre environ 1 000 cas par an, mais là nous avons 1 200 cas en 10 jours», a-t-il ajouté.

Quelque 352 patients auraient développé des troubles rénaux sévères, appelés syndrome hémolytique et urémique (SHU), et trois décès seraient directement imputables à la bactérie. Petit signe d'espoir, la clinique universitaire d'Eppendorf, à Hambourg, a signalé pour la première fois un léger ralentissement dans l'afflux de nouveaux malades.

D'après le professeur Galle toutefois, le pic d'infection de cette bactérie «particulièrement virulente» n'a pas encore été atteint. Alors que l'Eceh provoque un SHU chez 5% à 10% des personnes infectées, en Allemagne, presque un quart des malades sont gravement atteints. Résultat : l'afflux de malades commence aussi à provoquer des saturations dans les hôpitaux du nord du pays, principal foyer d'infection. Des cas ou des suspicions de cas ont également été signalés en Suède, Danemark, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Autriche et Suisse, mais ils sont apparemment tous venus d'Allemagne. En France, un quatrième cas a été révélé lundi.

Moscou bloque les importations, Madrid s'inquiète

La souche rare d'Eceh qui frappe l'Allemagne s'est aussi révélée résistante au traitement habituel par dialyse. Ce qui a amené les médecins à donner un nouveau traitement, dont l'efficacité reste à prouver. La priorité pour trouver le bon traitement est de détecter l'origine de la contamination. Les soupçons se portent pour l'instant vers des concombres issus de cultures sous serres en Andalousie. Mais une contamination le long de la chaîne de distribution n'est pas exclue. Les résultats des analyses sur des lots suspects, envoyés à un laboratoire en Galice étaient attendus lundi.

La propagation de cette bactérie sera discutée lors d'une réunion informelle des ministres européens de l'agriculture à Debrecen, en Hongrie. L'affaire prend un tour résolument diplomatique : la Russie a interdit ce lundi les importations de légumes allemands et espagnols et pourrait étendre cette mesure à toute l'UE. Très inquitète, Madrid a fait savoir qu'elle demanderait à l'Union Européenne une «réponse» pour les «dommages irréparables» provoqués par cette suspicion grandissante sur les concombres espagnols.