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Photo: La Presse Canadienne /Hani Mohammed

Un partisans du cheikh Al-Ahmar blessé par balle est transporté à l'hôpital.
Des milliers de combattants yéménites se dirigeraient vers Sanaa, jeudi, pour prêter main-forte aux miliciens du chef tribal Sadek Al-Ahmar, engagés depuis maintenant 10 jours dans une lutte armée avec les forces fidèles au président Ali Abdallah Saleh.

Ces combats dans la capitale yéménite ont fait 15 morts au cours de la nuit de mercredi à jeudi, selon des sources hospitalières. Une fillette, notamment, a été tuée par une balle perdue. Cela porte à 62 le nombre de victimes enregistré au cours des deux derniers jours. La majorité des victimes sont des combattants.

Selon des dignitaires tribaux interrogés par l'Agence France-Presse, les combattants se dirigeaient vers la capitale lorsqu'ils ont affronté des forces pro-Saleh à un barrage militaire situé à Al-Azraqein, à 15 kilomètres au nord de Sanaa. Les sources n'étaient pas en mesure de dire si ces heurts avaient fait des victimes.

Les combats entre les forces pro-Saleh et les hommes du cheikh, ralliés à l'opposition depuis plusieurs semaines déjà, se concentrent dans le quartier d'Al-Hadassa, dans le nord de la capitale. Sanaa est une ville d'environ 2 millions d'habitants en temps normal, mais une certaine partie de la population a fui.

Les vols ont par ailleurs été suspendus jeudi à l'aéroport international de Sanaa en raison des violents combats dans la capitale yéménite, selon une source aéroportuaire. Certains vols ont été déroutés sur Aden.

L'alimentation en eau est coupée presque partout dans la capitale, forçant les résidents à s'approvisionner auprès de camions-citernes. L'alimentation en électricité est aussi interrompue depuis trois jours dans le quartier Al-Hadassa, selon Associated Press.

Le prix de l'huile à cuisson a également augmenté, de sorte que des résidents ont commencé à faire des feux sur le toit de leur résidence.

L'essence commence aussi à manquer. Les gens font la file aux stations-service, mais ils doivent respecter un quota qui leur impose de ne remplir leur réservoir qu'au tiers de sa capacité.

Premiers combats armés à Taïz

À Taïz, à environ 270 kilomètres au sud de la capitale, de premiers affrontements armés entre forces de sécurité et opposants armés sont rapportés jeudi. Selon AFP, des combats auraient lieu autour du palais présidentiel de la ville et d'un camp de la garde républicaine (pro-Saleh).

Un photographe de l'agence française souligne en outre que les forces gouvernementales ont ouvert le feu sur un petit groupe de manifestants se dirigeant vers la « place de la Liberté ».

Taïz a été l'une des premières villes du Yémen à se soulever contre le président Saleh, au pouvoir depuis 33 ans. Lundi, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants qui étaient rassemblés sur cette place depuis la fin de janvier. L'ONU croit que l'opération aurait fait 50 morts.

Selon Associated Press, le conseiller du président américain Barack Obama en matière de contre-terrorisme, John Brennan, doit se rendre en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis cette semaine afin de discuter de la situation au Yémen.

Depuis le début du soulèvement au Yémen, le président Saleh a refusé à plusieurs reprises de signer un accord de sortie de crise préparé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Le Yémen, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, vit de graves tensions politiques depuis plusieurs années. Le gouvernement fait face à une rébellion chiite dans le nord du pays et à un mouvement séparatiste dans le sud. La présence d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) cause également des problèmes aux autorités.