Le 10 mars 2022, nous étions à Bezymennoye pour interviewer des civils récemment évacués de Marioupol par les soldats de la milice populaire de la RPD (République Populaire de Donetsk) et de l'armée russe. Aucun des civils interrogés n'avait été averti par les autorités ou les soldats ukrainiens qu'il y avait des couloirs humanitaires par lesquels ils pouvaient quitter la ville.

ukraine marioupol
Plusieurs ont aussi confirmé que des pièces d'équipement militaire étaient installées par les soldats ukrainiens près des habitations à Marioupol, faisant peser sur les civils le risque d'être bombardés lors de tirs de réponse de l'armée russe et de la milice populaire de la RPD.

Tous ont passé presque deux semaines sans électricité, sans gaz, sans chauffage, et sans réseau téléphonique ni internet. Une seule famille a su qu'il y avait des couloirs humanitaires grâce à une radio qui leur a permis de capter les stations de la RPD et de la fédération de Russie. Mais faute de détails sur l'endroit où se trouvaient ces couloirs humanitaires et comment s'y rendre, ils sont restés chez eux jusqu'à l'arrivée des soldats russes et de la RPD.

Ce sont ces derniers qui ont évacués les civils hors de Marioupol alors que les bombardements se poursuivent dans la partie est de la ville. Une femme qui est invalide a même été portée par deux soldats pour réussir à descendre vers le cimetière d'où ils ont pu prendre un autobus qui les a amenés à Bezymennoye.

Une fois sur place ils ont été pris en charge par le ministère des Situations d'urgence de la RPD, dans des tentes chauffées. Leur identité a été vérifiée, pour s'assurer qu'aucun des hommes n'était un soldat ukrainien en fuite, puis ils ont été examinés par un médecin, soignés, et nourris, en attendant d'être envoyés vers un bâtiment en dur où ils seront logés plus confortablement.

Voir le reportage filmé à Bezymennoye, sous-titré en français :


Le lendemain, le 11 mars 2022 tombait la nouvelle de la libération de Volnovakha, plus au nord. Comme à Marioupol, les civils ont été empêchés de sortir de la ville, malgré les accords entre la Russie et l'Ukraine concernant les couloirs humanitaires.

Les témoignages de civils des zones libérés insistent tous sur leur soulagement de voir arriver l'armée russe et la milice populaire de la RPD.


Et la libération de Volnovakha permet de constater que comme à Granitnoye et ailleurs, les soldats ukrainiens utilisent les civils comme boucliers humains, comme le prouve ce char ukrainien détruit installé au pied d'un immeuble !

Il reste à espérer que la bataille de Marioupol se termine le plus rapidement possible pour éviter de trop grandes pertes parmi les civils qui sont toujours bloqués dans la ville.