missile armes atomiques
Dénonçant mercredi 21 septembre la « militarisation » par la Russie de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia conquise par les Russes, plusieurs pays occidentaux semblent brandir implicitement la menace nucléaire. Et ce au lendemain de l'annonce par le président russe Vladimir Poutine que les référendums pour l'autodétermination de Zaporijia en plus du Donbass, et de la région de Kherson se tiendront comme initialement prévu dans les prochains jours, du 23 au 27 septembre 2022. Une annonce faite après qu'il a lancé une mobilisation partielle des réservistes.

Dans une déclaration conjointe adoptée à l'issue d'une réunion à New York, rapporte l'AFP, les ministres des Affaires étrangères d'Allemagne, du Canada, de France, d'Italie, du Royaume-Uni et d'Ukraine ainsi que les représentants de la Corée du sud, des États-Unis et de la Suisse ont souligné « avec force que la saisie et la militarisation par la Russie de la centrale nucléaire de Zaporijia sont la cause fondamentale des menaces actuelles sur les plans de la sûreté et de la sécurité nucléaires ».
« Nous rappelons que le risque accru d'un accident nucléaire demeurera dangereusement élevé tant que la Russie sera présente sur le site de Zaporijia », ont-ils affirmé.
Rafael Grossi, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont une délégation se trouve déjà sur le site nucléaire, s'est joint à la valse des mises en garde, indiquant que la situation dans cette centrale, la plus grande d'Europe, « se dégrade encore », et avertissant qu'on « ne (pouvait) pas se permettre le luxe d'attendre que quelque chose de catastrophique se produise ».

Selon l'AFP, il s'exprimait à l'issue de cette réunion à la représentation française auprès de l'ONU, ouverte par le président Emmanuel Macron.

Le directeur de l'AIEA a indiqué en avoir discuté avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qu'il a rencontré mercredi matin en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Aucun accord n'a été trouvé sur la mise en place d'une zone de protection autour de la centrale, a-t-il convenu en précisant cependant que « les vraies négociations sur les paramètres » de cette zone ne faisaient que « commencer ». « Tant qu'il y aura des bombardements qui continuent, les risques sont énormes », a-t-il ajouté.

Cette centrale qui est conquise par les forces russes depuis les premières semaines de leur opération militaire en Ukraine, lancée le 24 février, et par leurs alliés tchétchènes, fait l'objet de bombardements réguliers, menaçant sa sécurité et celle de toute la région.

Paradoxalement, ce sont les Russes qui sont accusés de le faire, par Kiev d'une façon directe et par les Occidentaux dont les agences internationales (et parfois des agences russes) répandent un pléonasme absurde : « Kiev et Moscou s'en rejettent la responsabilité et s'accusent mutuellement de chantage nucléaire ».

Le 27 août, la Russie a annoncé avoir remis au Conseil de sécurité de l'ONU les preuves du pilonnage de la centrale nucléaire de Zaporijia par les forces armées ukrainiennes. Plus tard, début septembre, l'ambassadeur russe à l'ONU a déploré que l'AIEA ne désigne pas les forces de Kiev comme étant celles qui bombardent la centrale de Zaporijia.

Ce silence occidental auxquelles s'ajoutent les craintes présumées de leurs chefs de la diplomatie exprimées à New York mercredi, sur le risque accru d'un accident nucléaire élevé tant que la Russie sera présente sur le site de Zaporijia font craindre le pire pour les Russes : un bombardement provoquant des fuites nucléaires dangereuses et qui leur est attribué.

Ce qui explique les récents avertissements du vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, qui a déclaré ce jeudi 22 septembre que Moscou est en mesure d'utiliser des armes nucléaires stratégiques pour protéger des zones en Ukraine. Rappelant que le Donbass et des régions d'Ukraine seront annexées à la Russie.