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L'arrestation du directeur général du FMI a ouvert les hostilités au sein des élites mondiales.

Il ne s'agit pas cette fois d'un accrochage à fleurets mouchetés à propos de doctrines économiques, ni d'un rapport de forces pour faire évoluer la représentativité des différents États au sein de l'institution, mais bien d'une crise existentielle qui se propage à vive allure dans le système et le fracture en deux camps irrémédiablement opposés.

D'un côté, ceux qui veulent sauver les États-Unis de la faillite ; de l'autre, ceux qui préfèrent sauver les banques. D'un côté, ceux qui estiment que la première puissance du monde doit mobiliser toutes les énergies pour résoudre ses problèmes, de l'autre ceux qui pensent que l'argent n'a pas de patrie et que l'avenir appartient au BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).

Dans ce contexte, la candidature de Christine Lagarde à la direction générale du FMI représente une tentative désespérée de conserver au dollar son statut d'unique monnaie de réserve qu'elles qu'en soient les conséquences pour la paix mondiale, tandis que celle de Stanley Fischer illustre une volonté de Londres de renoncer à sa relation spéciale avec Washington, de miser sur le BRIC et d'accompagner un déclin en douceur du dollar.

M. Fischer est porteur d'une vision originale qui déplace les lignes de clivage traditionnelles. La question de la monnaie de réserve serait mise en attente en échange d'un compartimentage du système financier pour éviter qu'un probable effondrement des États-Unis n'infecte le reste du monde.

Le temps des amabilités est terminé. La « guerre civile des élites » commence.

Dans la période sombre qui débute, la plupart des acteurs de la finance mondiale vont connaître des pertes, d'abord ceux qui tarderont à se positionner, puis ceux qui auront misé sur le mauvais cheval. De nombreux dirigeants politiques, qui sont à la fois proches de Wall Street et de la City, de Goldman Sachs et de la HSBC, vont devoir choisir leur camp et sacrifier certains de leurs intérêts.