Zelensky
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Dans une interview donnée en 2019, Olekseï Arestovitch, futur conseiller du président Zelensky, expliquait pourquoi il fallait une guerre avec la Russie, comment et quand elle allait se dérouler.

On se pince pour être sûr que l'on ne rêve pas. Comment est-il possible pour un dirigeant ukrainien de vouloir une guerre ouverte avec un pays aussi puissant que la Russie, quitte à ce que l'Ukraine soit dévastée ? C'est pourtant ce que préconisait Arestovitch, dans une interview donnée le 18 février 2019, quelques mois avant que Zelensky ne soit élu.

L'interview complète est consultable ici.


« Le prix à payer pour rejoindre l'OTAN est un grand conflit avec la Russie »

Selon Arestovitch, l'Ukraine était un pays trop grand, trop exposé, avec trop de voisins ayant des revendications sur son territoire, pour pouvoir choisir le chemin de la neutralité. Il fallait donc choisir entre la Russie et l'OTAN. Comme l'Ukraine avait déjà essayé la Russie, il fallait maintenant tenter l'OTAN. Toujours selon lui, si l'Ukraine ne rentrait pas dans l'OTAN, elle serait sous contrôle russe d'ici à 10 à 12 ans. Car le futur conseiller était certain que la Russie voulait réintégrer les pays de l'ex-URSS dans sa sphère d'influence.

Cependant, il était parfaitement conscient qu'une Ukraine dans l'OTAN était inacceptable pour la Russie et qu'elle préférerait faire la guerre à l'Ukraine plutôt que de laisser son voisin adhérer à l'alliance militaire de l'ouest perçue comme une menace. Il en était sûr à 99%.

C'est exactement ce qui s'est passé.

Quand l'intervieweuse demande à Arestovitch ce qui est mieux pour l'Ukraine, ce dernier répond sans hésiter « la guerre ».

De nombreux commentateurs sur Youtube admirent le talent de prédiction du futur conseiller. Mais il s'agit moins de prédictions, que de décrire un plan d'action. Pour lui, cette guerre allait commencer entre 2020 et 2022. Et, pour que ce plan se déroule comme prévu, il appelait à voter Zelensky.

Arestovich était aussi convaincu que l'OTAN n'accepterait pas l'Ukraine en son sein avant qu'une guerre russo-ukrainienne n'ait lieu, une guerre dont il fallait que l'Ukraine sorte vainqueur, même si elle devait être dévastée pour cela. En d'autres termes, il fallait que l'Ukraine soit prête à un sacrifice énorme, pour s'assurer ensuite d'être complètement détachée de la Russie.

Il précise encore que « dans ce conflit, nous serons activement soutenus par l'Occident - avec des armes, des équipements, de l'assistance, des nouvelles sanctions contre la Russie, et même possiblement l'introduction d'un contingent de l'OTAN, une zone d'exclusion aérienne, etc. Nous ne perdrons pas, et c'est bien ». Presque tout ce qu'il dit s'est réalisé. La certitude et la confiance qu'il affiche laissent penser qu'il a déjà reçu des assurances de la part des Occidentaux pour tout ce qu'il avance. La prochaine étape est-elle l'entrée en guerre officielle de l'OTAN, par exemple, avec la 101ᵉ division aéroportée américaine, déjà déployée en Roumanie, en plus des contingents français et autres ?

La relecture du passé récent

À la lumière de cet entretien, on peut revoir tout ce qui s'est passé depuis, jusqu'à aujourd'hui, sous un jour nouveau. On a maintenant la quasi-confirmation que tout a donc été fait par l'Ukraine pour provoquer la guerre avec la Russie.

En octobre 2019, le président Zelensky annonçait alors fièrement que l'Ukraine était prête pour reprendre le Donbass par la force. S'ils avaient voulu provoquer la Russie, c'est par là qu'il fallait commencer.

Laisser la Russie attaquer la première était la meilleure stratégie pour pouvoir ensuite endosser le rôle de la victime et quémander le soutien de la terre entière contre l'agression de l'ogre russe. Il est d'ailleurs notable que, dans leur communication, les anglo-saxons insistent sur le fait que l'agression russe était absolument « non provoquée ». Comme le dira un internaute, s'ils insistent si lourdement là-dessus, c'est parce que l'agression fut au contraire provoquée.

Gageons que la tentative de réanimer les accords de Minsk, avec la réunion du format Normandie le 9 décembre 2019 à Paris, aura retardé quelque peu l'affrontement voulu. Les Ukrainiens se prêteront à l'exercice imposé, en apparence, mais comme d'habitude ne respecteront aucun des engagements pris, si ce n'est l'échange de prisonniers.

Dès l'intronisation de Biden, fin janvier 2021, les provocations contre les intérêts russes reprenaient de plus belle, avec les persécutions judiciaires lancées contre Victor Medvetchuk, le leader de l'opposition favorable aux Accords de Minsk et à une politique de bon voisinage avec la Russie. La fermeture des chaines de TV d'opposition, dès le 2 février, allaient dans le même sens, comme le décret signé le 24 mars autorisant la reprise de la Crimée par la force. En moins de deux mois, Zelensky avait tenté le maximum pour provoquer la Russie. Mais cette dernière n'attaquait toujours pas.

Par la suite, les États-Unis et l'Ukraine n'ont cessé de parler d'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Le 1ᵉʳ septembre 2021, les États-Unis et l'Ukraine ont fait une déclaration commune de partenariat stratégique qui insistait lourdement sur la dimension sécuritaire. Ce travail débouchait le 10 novembre sur la mise à jour d'une charte commune signée initialement en 2008. Du point de vue russe, la pression montait. Plus le temps passait, plus le soutien américain à l'Ukraine augmentait. À quand les bombardiers stratégiques et les missiles américains déployés sur le territoire de l'Ukraine ?

Dans la même période, à l'automne, les Russes ont alors sondé une dernière fois la volonté des Français et des Allemands pour faire pression sur les Ukrainiens, agissant de telle sorte que ces derniers négocient enfin avec les séparatistes dans le cadre des Accords de Minsk. Face au refus franco-allemand, les Russes excédés ont fini par publier le 18 novembre les échanges diplomatiques avec Paris et Berlin. Parallèlement, ils ont commencé à amasser des troupes aux frontières de l'Ukraine, pour faire pression. Des réunions ont eu lieu en janvier et février 2022, mais elles se sont heurtées aux mêmes obstacles. Ni Paris ni Berlin n'ont voulu exercer de pressions sur Kiev, comme à l'accoutumée. C'est là que les Russes ont définitivement pu conclure que les Accords de Minsk étaient morts, faute de volonté politique des trois autres signataires.

On sait maintenant que lorsque Zelensky feignait de ne pas croire à l'invasion, en février 2022, il mentait. Il fallait juste éviter un exode des combattants potentiels dont on avait déjà prévu la mobilisation.

Là où Arestovitch fait preuve de grande intelligence tactique dans son interview de 2019, c'est dans la description de tous les objectifs militaires et les modes opératoires qui seront mis en œuvre par la Russie. Tout y passe. De la tentative du siège de Kiev à la destruction des infrastructures. On comprend d'autant mieux pourquoi les Russes n'ont pas eu la partie facile, puisque les Ukrainiens, et leurs alliés anglo-saxons, avaient prévu leurs moindres mouvements.

Savoir comment l'Ukraine a en quelque sorte savamment planifié et provoqué l'agression de la Russie - avec le soutien de l'allié américain (Cf. - Le rapport de la Rand Corporation pour déstabiliser la Russie) - est une raison de plus pour de cesser toute aide militaire à ce pays déraisonnable qui a volontairement joué avec le feu. Si seulement nous étions encore les maîtres souverains de notre politique étrangère...