Meloni Mateusz Morawiecki
Dans une interview accordée au média italien La Stampa et relayée par Politico, le premier ministre polonais prévient que l'Italie et la Pologne se sont engagés à mettre fin aux diktats des États forts de l'Union Européenne, en l'occurrence l'Allemagne et la France, qui décident de tout comme bon leur semble sans consulter les autres.

L'Union Européenne tiendra-t-elle longtemps ? La question se pose au moment où l'Union, très fragilisée par la pandémie à Coronavirus et la guerre en Ukraine, traverse une nouvelle crise marquée par un scandale de corruption qui risque, cette fois-ci, de ternir complètement son image. Et c'est dans ce contexte houleux que deux pays (la Pologne et l'Italie) décident de faire entendre leurs voix pour un changement radical du fonctionnement d'une Europe de plus en plus discréditée.

En effet, dans une interview accordée au média italien La Stampa et relayée par Politico, Mateusz Morawiecki, premier ministre de la Pologne, n'a pas manqué de dénoncer la bureaucratie européenne qui, selon lui, est devenue une plaie qui gangrène l'Union. Lors de cette interview, il a ainsi clairement fait savoir que l'Italie et la Pologne « en ont marre des diktats de la bureaucratie européenne ».

Dénonçant une Union entre les mains des États forts (la France et l'Allemagne), le premier ministre polonais ne mâche pas ses mots. « Les Polonais et les Italiens en ont marre des diktats de la bureaucratie européenne et veulent une vraie démocratie. Nous voulons faire renaître l'Europe à partir de ses principes de base », a-t-il fait savoir.

Dans l'interview, le chef de gouvernement polonais s'est durement attaqué à l'Allemagne, devenue la locomotive de la zone euro. « Nous payons déjà un lourd prix à cause principalement des erreurs des politiciens allemands. Mais, si Berlin devait décider de tout, le prix du gaz serait plus élevé », déplore-t-il.

Parlant de l'hégémonie du couple franco-allemand qui dictent leurs visions aux restes des membres, Mateusz Morawiecki prévient : « soit c'est la règle de l'unanimité ou sinon c'est la tyrannie du plus fort ». Pour rappel, les propos du premier ministre polonais sont tenus dans un contexte de crise marqué par la guerre en Ukraine qui a beaucoup fragilisé l'UE.

D'ailleurs, tout récemment, il a été révélé dans la presse que des poids lourds de l'UE ont accusé les États-Unis d'avoir trahie l'Union Européenne en s'enrichissant de la guerre en Ukraine. C'est du moins la révélation faite par le média Politico.com ce 24 novembre. En effet, d'après cette source, de hautes personnalités au sein de l'Union Européenne accusent, en coulisse, Joe Biden, président des États-Unis, de s'enrichir de la guerre pendant que l'Europe est au bord de l'implosion.

D'après la source, l'une des premières causes de cette colère européenne est due à la fameuse Inflation Reducation Act (IRA), ces subventions massives que les États-Unis ont récemment accordées aux entreprises présentes sur leur sol. Une décision américaine qui fait trembler l'Europe qui a peur de voir des centaines d'entreprises quitter le Vieux Continent pour s'installer au Pays de l'Oncle Sam.

Et ce n'est pas le seul problème soulevé par le média. À en croire Politico, de hautes personnalités politiques européennes ne digèrent pas non plus le fait de devoir acheter le gaz américain à un prix 4 fois plus cher que celui qu'ils achetaient à la Russie de Poutine. Si à cela s'ajoutent les coûteuses commandes d'armes américaines par l'Europe (dont les stocks d'armes sont presque vides), l'équation devient très difficile à résoudre.

La Russie semble avoir vu juste. En effet, fin octobre dernier, Sergey Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, avait pourtant clairement dévoilé la stratégie américaine, en accusant l'Oncle Sam de chercher, à travers la guerre en Ukraine, à « désindustrialiser l'Europe et l'inonder d'armes américaines ».

« De plus en plus d'économistes, non pas seulement en Russie mais en Occident, sont arrivés à la conclusion que les États-Unis cherchent à épuiser et désindustrialiser l'économie européenne », disait-il. Et d'ajouter : « les Allemands délocalisent une grande partie de leurs chaînes de production vers les États-Unis avec toutes les conséquences que cela implique pour l'Europe. Il est de l'intérêt de Washington d'affaiblir l'Europe sur le plan militaire, de l'obliger à rester sur le qui-vive, inonder l'Ukraine d'armes et remplir les stocks militaires européens d'armes américaines ».

Pour Lavrov, dans cette guerre qui oppose l'Ukraine à la Russie, les Européens sont les plus grands perdants. « Les Européens souffrent beaucoup plus que les États-Unis des sanctions économiques », affirme le chef de la diplomatie russe. Il convient de souligner que les propos de Lavrov étaient prononcés moins de trois jours après la sortie de Viktor Orban premier ministre hongrois (pays membre de l'UE) qui a avoué tout récemment que dans cette guerre contre la Russie, l'Europe est tombée dans son propre piège.