"Hitler", "islam", "genocide" ou encore "rabbin" : trente mille noms de domaines Internet jusqu'à présent interdits car jugés sensibles, peuvent désormais être achetés par toute personne ayant un motif "légitime", terme qui doit être défini par décret.

Parmi ces 30 000 noms de domaine mis en vente depuis vendredi, certains sont plus innocents que d'autres : "Entreprise", "email", "Internet", ou encore "webmaster", qui sont d'ailleurs les plus demandés.

D'autres, jugés plus sensibles, sont répartis en plusieurs catégories. Dans Crimes, on trouve "camp-de-concentration", "hitler", "xenophobie", "nazisme". Dans Libertés sont classés "coran", "mosquee", "syndicat", "satan", "dieu" ou encore "eglise". ou encore dans Valeurs : "esclave", "maison-close", "mutilation".

TROIS MILLE CINQ CENT CINQUANTE DOSSIERS

En octobre, le Conseil constitutionnel avait censuré la loi de 2004 encadrant l'attribution des noms de domaine sur Internet et fixé au 1er juillet la date limite pour revoir la législation. Le Conseil avait en effet estimé que au regard du "développement généralisé des services de communication au public en ligne", l'encadrement "du choix et de l'usage des noms de domaine affectait la liberté de communication et la liberté d'entreprendre".

Cette "inconstitutionnalité" a donc pris fin vendredi, avec la "libération" de quelque 30 000 noms de domaines.

Toute personne - physique ou morale - "démontrant des motifs légitimes" et ayant été la première à déposer son dossier pourra devenir propriétaire d'un de ces nouveaux noms de domaine, pour développer un site Internet (comme www.eglise.fr), un portail ou des adresses Internet reliées. Depuis vendredi, l'Association française pour le nommage Internet en coopération (Afnic) a indiqué avoir reçu plus de trois mille cinq cent cinquante dossiers.

"MOTIF LÉGITIME"

Reste à savoir ce qui sera reconnu comme un "motif légitime" pour acquérir tel ou tel nom de domaine : "le décret d'application, qui devrait sortir dans les prochains jours, devrait encadrer ce que l'on entend par légitime, et il faudra voir de qui émanent les demandes que nous recevons", indique Loïc Damilaville, directeur général adjoint de l'Afnic.

"Ensuite, bien sûr, si l'utilisation du nom de domaine n'est pas conforme à ce qui était indiqué dans le dossier, s'il y a des utilisations excessives ou des dérives, le nom de domaine pourra potentiellement être repris", souligne-t-il.

Le tarif médian d'un nom de domaine en .fr est en moyenne de 12 euros hors taxe par an. En avril, le nombre de noms de domaines se terminant par .fr avait dépassé la barre des deux millions.

Au niveau mondial, le .fr occupe la quinzième place. En tête du palmarès, l'extension .com, qui compte quelque quatre-vingt-cinq millions de noms enregistrés. Deux autres extensions dépassent les dix millions : le .de (Allemagne) et le .net (générique).