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© Foto di ztephen/Flickr
Traduit par Noele Belluard-Blondel

La liberté de mouvement est un droit essentiel de notre monde. Mais il semblerait que celle-ci puisse facilement être ôtée par ce même État qui est appelé à protéger ce droit.

Le 6 juillet dernier, les leaders de l'opposition politique Boris Nemtsov [italien] et Vladimir Milov [anglais] se sont retrouvés soudainement face à l'interdiction de quitter la Russie sur ordre du Service judiciaire fédéral du pays.

Interdiction de voyager

Ce concept d' "interdiction de voyager" occupe une place spéciale dans le cœur des citoyens russes qui ont vécu sous le régime de l'Union soviétique ; le régime soviétique avait l'habitude de sanctionner ses citoyens qui pensaient "différemment" en leur refusant l'autorisation de quitter le pays.

Seuls les membres "fiables" de la société soviétique jouissaient du privilège de voyager à l'étranger, tandis que ceux qui critiquaient ou pouvaient potentiellement critiquer le communisme devenaient des "voyageurs interdits" ("Nevyezdnoy," un mot qui est devenu un synonyme de "dissident" en russe). La sanction consistait en fait en l'obligation pour les citoyens de vivre en Union soviétique. Cela aurait été presque drôle, si cela n'avait pas été aussi triste.

L'interdiction a probablement été émise à l'encontre de Nemtsow et de Milow sous la pression de l'important homme d'affaires Gennady Timchenko [en anglais] et a été prise en raison des déclarations faites contre lui dans un article intitulé "Poutine, 10 ans de résultats" ( une traduction officieuse est disponible ici [en anglais]). Réalisée par Nemtsov et Milow, cette enquête dénonce sans hésitation le fait que Timchenko est devenu milliardaire grâce à ses liens étroits avec le Premier ministre russe, Vladimir Poutine.

Un tribunal russe a par la suite ordonné aux auteurs de se rétracter publiquement, ce qu'ils ont fait dans les pages du journal bien connu Kommersant.

"M. [Gennady] Timchenko était encore mécontent car les caractères typographiques du texte de ce démenti étaient trop petits", a ensuite relaté [en anglais] Nemtsov à Radio Free Europe. "C'est pourquoi il a demandé que nous soyons consignés dans le pays pendant 6 mois".

Le Service judiciaire fédéral russe a d'abord délivré l'interdiction de voyager, pour annoncer ensuite l'ouverture d'une enquête sur l'affaire et l'annulation de cette même interdiction, la qualifiant de "prématurée".

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