Alors que le procès pénal du scandale du Médiator a été fixé au 14 mai 2012, une biochimiste sort de son silence sur RMC. Virginie Bagouet, devenue journaliste médicale, a vu ses articles sur les médicaments de Servier réécrits directement par le laboratoire ou par sa rédaction en chef soucieuse de protéger les intérêts de cet annonceur. Témoignage.

Biochimiste de formation, Virginie Bagouet a travaillé trois ans pour la revue Impact Médecine, hebdomadaire pour les médecins généralistes, écrivant notamment sur le Protelos (un des traitements contre l'ostéoporose), ainsi que sur le Médiator, deux médicaments fabriqués par les laboratoires Servier. Mais rapidement, son travail est devenu un véritable enfer, raconte-t-elle sur RMC.

«Des articles modifiés et publiés sous une autre signature»

« C'est simple, sur le Médiator, on nous a rapidement interdit d'enquêter, puis même d'écrire. Je me suis aperçue très vite que la directrice de la rédaction avait elle-même modifié un de mes articles. Et un de mes articles sur le Protelos, traitement de l'ostéoporose commercialisé par le laboratoire Servier a été soumis à relecture à la firme. La rédactrice en chef adjointe de cette revue me l'a fait passer après les modifications apportées par le laboratoire et je me suis opposée à la publication de ce texte promotionnel déguisé en article. Il a finalement été publié en utilisant le pseudonyme Claire Bonnot, adopté pour signer les articles publicitaires ».

« Servier avait arrêté de payer des espaces publicitaires dans le journal »

« Pour résumer, le journal ne pouvait pas se permettre de rentrer en conflit avec le groupe pharmaceutique. J'ai également en mémoire un article sur les effets secondaires du Protélos qu'on m'a interdit de faire. Il m'a été expliqué par ma hiérarchie que suite à la parution d'un article fin 2007 sur les effets secondaires du Protelos, Servier avait arrêté de payer des espaces publicitaires dans le journal pendant six mois, ce que j'ai vérifié par la suite ».