La pluie et la neige sont venues s'ajouter aux difficultés des milliers de sans-abri dans l'est de la Turquie, jeudi, où le bilan du séisme de dimanche s'est encore alourdi pour atteindre 573 morts et quelque 2555 blessés, selon les autorités.

Au moins 185 rescapés ont été sauvés des décombres depuis que le tremblement de terre de magnitude 7,2 a frappé la province de Van, non loin de la frontière iranienne, a précisé le centre de crise du premier ministre.

Quelques « miracles » ont éclairé ces journées sombres, mais les opérations ont également été marquées par la découverte de centaines de corps et par une quantité de répliques, qui ont parfois déclenché des mouvements de panique.

Jeudi, une secousse de magnitude 5,4 a frappé la province voisine d'Hakkari, selon le centre de sismologie de Kandilli. Pris de peur, des habitants se sont précipités dans les rues.

Si aucun dommage n'a été signalé, la chaîne de télévision NTV a rapporté que des personnes s'étaient légèrement blessées en tentant de sauter par la fenêtre. L'épicentre du tremblement de terre était situé à environ 150 kilomètres au sud de celui de dimanche, qui a détruit au moins 2200 bâtiments.

Au spectacle de désolation dans la région de Van sont venues se mêler la pluie et la neige, compliquant davantage les conditions de vie des milliers de sans-abri. D'après l'agence météorologique nationale, des chutes de neige intermittentes devraient se poursuivre au cours des trois prochains jours.

Les autorités turques ont commencé à distribuer plus de tentes, après avoir reconnu des problèmes dans la distribution de l'aide aux rescapés.

L'assistance internationale, notamment israélienne, commence à arriver sur place, après la décision d'Ankara d'accepter l'aide étrangère.

Israël, qui entretient des relations tendues avec la Turquie, a envoyé des habitations d'urgence, des couvertures et des vêtements. L'Allemagne a dépêché des fournitures, dont des tentes et des unités de chauffage. La France s'apprête à envoyer un important lot de grandes tentes familiales, tandis que le Royaume-Uni a annoncé l'envoi de 1000 tentes pouvant abriter quelque 5500 personnes. La Russie et l'Ukraine ont aussi promis des contributions.

Dans un élan de solidarité, plus de dix chaînes télévisées ont organisé un téléthon qui a permis de récolter près de 62 millions de livres turques (environ 35 millions de dollars) pour l'aide aux sinistrés.

À Ercis, la ville la plus touchée par le séisme, des familles partagent des tentes. Certaines personnes ont passé une quatrième nuit dehors, sous des couvertures, à la lueur de braseros, attendant des nouvelles des disparus ou ayant l'oeil sur les maisons endommagées.

Le Croissant-Rouge et plusieurs organisations humanitaires islamiques ont installé des cuisines de fortune et préparé des soupes et du riz avec des haricots.

« Il fait de plus en plus froid, mes enfants toussent. Je ne sais pas combien de temps nous devrons rester ici », a dit Sermin Yildirim, enceinte de huit mois et mère de jumeaux. Elle partage avec son mari et ses enfants une tente avec quatre personnes qui font partie de leur famille éloignée.

Son appartement dans un immeuble de trois étages n'a pas été endommagé, mais Sermin et les siens craignent d'y retourner. « Nous attendons d'avoir notre propre tente », a-t-elle dit.

Aux conditions de logement précaires viennent s'ajouter des ennuis de santé pour certains rescapés.

« Je suis très malade, j'ai besoin de médicaments », a confié Kevsel Astan, 40 ans, qui a subi une transplantation rénale il y a plus de quatre ans. Endommagé lors du séisme, l'hôpital où elle était traitée a dû être évacué et les médecins sont débordés par les cas urgents.