Une équipe de chercheurs français, coordonnée par le docteur montpelliérain Jean-Marc Lemaitre, a réussi un exploit pour le moins intéressant : Ce groupe de scientifiques de l'Institut de génomique fonctionnelle a transformé des cellules au point ultime de vieillissement en cellules souches pluripotentes. Et ces cellules ne conservent aucune trace de leur vieillissement antérieur. Au-delà d'une simple avancée en matière de médecine régénérative, Jean-Marc Lemaitre parle désormais d'une perspective de « pouvoir remonter le temps » en affirmant que le vieillissement est réversible. Après la découverte de la DHEA (l'hormone de jouvence), du succès commercial du Viagra et des recherches sur l'Alzheimer, il s'agit d'un éclat retentissant dans la lutte anti-âge.

En 2006-2007, comme le révèle le site de La Dépêche, une équipe des scientifiques japonais emmenée par Shinya Yamakanaka avait déjà franchi un pas important dans les travaux sur le vieillissement en mettant au point des cellules souches non embryonnaires, les Induced Pluripotent Stem Cells (IPSC), dotées des mêmes potentialités que des cellules souches embryonnaires. Cette avancée avait convaincu Jean-Marc Lemaitre de démarrer, dans le même temps, un programme intitulé Plasticité génomique et vieillissement.

Les études ont bénéficié du soutien de l'Inserm, et les résultats sont à la hauteur des espérances. En ajoutant deux gènes de plus que les Japonais (NANOG et LIN28, soit six gènes supplémentaires au total) dans les noyaux des cellules adultes, Jean-Marc Lemaitre a observé une multiplication des cellules âgées puis leur retour à l'état de cellules embryonnaires. Et celles-ci se différencient des cellules du corps humain : neurones, cellules cardiaques, peau, foie... L'intéressé ne cache pas son enthousiasme : « Cette découverte nous donne la possibilité de développer de nouveaux modèles pour étudier le vieillissement et ainsi d'accroitre les possibilités de la médecine générative ».

Nous n'en sommes pas encore au stade de rattraper la fiction en permettant à l'homme de voir son corps rajeunir et ainsi de voyager dans le temps, mais Jean-Marc Lemaitre voit déjà se profiler de nombreuses perspectives : « Certes, nous n'avons pas percé le secret de l'immortalité, mais nous avons réussi à effacer les traces, les marqueurs du vieillissement des cellules. Dans un futur proche, nous pourrons peut-être créer des cellules capables de produire de l'insuline pour soigner les diabétiques ou régénérer le cœur des victimes d'infarctus. Dans l'absolu, les personnes âgées vieilliront beaucoup mieux ».