Le bilan des décès causés par la tempête Washi au sud des Philippines ne cesse de s'alourdir: les autorités parlent dimanche de plus de 500 morts et de milliers de sans logis.

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Des villages entiers ont été balayés de la carte, laissant ses habitants sans toit. © KEYSTONE
La tempête tropicale Washi, qui a balayé le sud des Philippines, a causé la mort de plus de 500 personnes et laissé des milliers d'autres sans abri, eau et électricité, dans un paysage de désolation envahi par l'odeur des corps décomposés.

Washi, qui a frappé les côtes philippines à partir de vendredi soir, a provoqué la mort d'au moins 521 personnes, tandis que plus de 300 autres sont portées disparues, a indiqué dimanche la Croix Rouge. Des villages entiers ont été balayés, des routes et des ponts détruits, selon des témoins.

"Les régions touchées sont si étendues que les recherches n'ont pu atteindre toute la zone. Beaucoup des maisons ont été emportées, ce qui signifie que les corps (des habitants) aussi ont été déplacés", a déclaré dimanche Gwen Pang, secrétaire général de l'organisation caritative.

Région pauvre

"Nous ne comptons pour le moment que les cadavres dans les morgues", a-t-elle ajouté. L'île de Mindanao (sud), une des régions les plus pauvres des Philippines et théâtre de rébellions spératistes, a été la plus durement touchée, avec notamment la ville portuaire de Cagayan de Oro, et Iligan, a précisé Gwen Pang.

Le tempête a aussi touché la petite île de Negros. Elle a atteint l'île de Palawan (ouest) dimanche avant l'aube et continuait vers l'ouest, au-dessus de la mer de Chine méridionale, selon les services météo.

Le gouvernement et la Croix Rouge des Philippines ont lancé des appels à l'aide pour nourrir, vêtir et abriter plus de 35.000 personnes réfugiées dans des centres d'évacuation.

Les autorités ont comparé Washi au typhon Ketsana, un des plus meurtriers de ces dernières années. Il avait noyé une grande partie de Manille sous les eaux en 2009 et causé la mort de 464 habitants. Les Etats-Unis (ancienne puissance coloniale) et la Grande-Bretagne ont présenté leurs condoléances.

Ensevelis sous la boue

L'armée, dont 20'000 soldats ont été mobilisés, continuait de retirer des cadavres ensevelis sous des torrents de boue."Les cadavres se décomposent très rapidement parce que ce sont des noyés et que les corps sont gonflés d'eau boueuse. On ne peut pas les embaumer car il n'y a pas d'eau et il n'y a plus de produit nécessaire à l'embaumement", a raconté à l'AFP Leonardo Vicente Corrales, un journaliste de Cagayan de Oro.

"L'électricité a été rétablie dans le centre-ville mais pas dans les quartiers de la ville les plus affectés et il n'y a toujours pas d'eau potable, a-t-il ajouté.

"Nos efforts se déplacent peu à peu des opérations de secours au rassemblement des familles et à la réhabilitation et la reconstruction" des zones dévastées, a déclaré le président de la Croix Rouge des Philippines, Richard Gordon, à la télévision ABS-CBN, demandant de l'aide à la Croix Rouge internationale.

La tâche sera immense, a souligné Benito Ramos, directeur de l'organisme national pour la prévention des catastrophes.
La priorité est l'eau, mais il faudra aussi rétablir l'électricité, nettoyer les débris, réparer les routes et les ponts, a-t-il ajouté.

Dans leur sommeil

Des murs d'eau se sont abattus sur Cagayan de Oro, Iligan et les zones environnantes dans la nuit de vendredi à samedi, et samedi.
Les cours d'eau ont subitement débordé en pleine nuit "alors que les gens dormaient profondément" et ont provoqué "la pire inondation de l'histoire de la ville", a indiqué Lawrence Cruz, maire d'Iligan (100.'00 habitants), à la télévision GMA.

"En dépit de l'alerte (sur l'approche de la tempête), il n'y a pas eu d'évacuation préventive", a relevé Benito Ramos, à Manille.
Contrairement aux inondations dans le nord du pays, où les eaux peuvent stagner pendant des semaines, voire des mois, elles semblaient se retirer rapidement lors de cette tempête, a noté Gwen Pang, de la Croix Rouge.

Les Philippines sont touchées chaque année par une vingtaine de tempêtes tropicales ou typhons. Mais la plupart affectent le nord du pays, ce qui explique que les habitants de Mindanao n'étaient pas du tout préparés à cette catastrophe naturelle, selon les responsables des secours.