Image
Des manifestants trimballent un conteneur de déchet pendant une marche contre les mesures d'austérité du gouvernement. © AFP/CESAR MANSO
Des milliers de grévistes ont envahi les rues de Madrid et de Barcelone, jeudi, pour protester contre la réforme du travail et la politique d'austérité du gouvernement espagnol, à la veille du dépôt d'un projet de budget.

Des piquets de grève ont été installés devant les portes des usines, des marchés de gros, des banques et des stations de transport en commun.

Jusqu'à maintenant, 58 personnes ont été interpellées. Six policiers ont été légèrement blessés dans des incidents mineurs, ainsi que trois grévistes, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

Le chef du gouvernement de droite, Mariano Rajoy, juge que la grève survient au pire moment, alors que ses partenaires européens gardent un oeil inquiet sur l'état des finances publiques du pays.

L'impact de la grève semble toutefois limité. Un accord de service minimum conclu entre syndicats et les pouvoirs publics permet notamment de maintenir partiellement les services. En moyenne, 30 % des métros et des bus devaient circuler, tout comme 30 % des trains régionaux et 20 % des trains nationaux. Les compagnies aériennes Iberia, Air Nostrum et Vueling ont quant à elles annulé en moyenne 60 % de leurs vols.

Par ailleurs, de nombreux Espagnols se sont tout de même rendus au travail jeudi, désireux de ne pas perdre une journée de salaire dans un contexte d'austérité économique. Selon la porte-parole du ministère de l'Intérieur, Cristina Diaz, la majorité des banlieusards se rendaient normalement à leur travail jeudi matin.

« Je comprends qu'ils fassent grève. La réforme ne servira qu'à licencier les gens plus facilement et avec moins d'argent. Mais ce n'est pas le moment de perdre des jours de travail. J'ai la chance d'avoir un travail. » - Pedro Moreno, employé dans une grande surface de la région de Madrid

Une grande manifestation a été convoquée par les syndicats Comisiones Obreras (CCOO) et UGT en fin de journée.

Le gouvernement veut procéder à une réforme du travail pour lutter contre un taux de chômage qui s'élève à 22,85 %, et qui pourrait se porter à 24,3 % d'ici la fin de l'année. La réforme du travail proposée doit assouplir les conditions de licenciement et permettre aux employeurs d'abaisser les salaires.

Le Conseil des ministres doit approuver vendredi le budget 2012, dans un contexte où le pays contemple une deuxième récession en trois ans.

L'économie espagnole a connu un taux de croissance de 3,4 % par an en moyenne de 2001 à 2007, puis 18 mois de récession à partir de 2008, après l'éclatement d'une bulle immobilière.