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Un homme brandit un parapluie à la Nouvelle-Orléans, le 28 août, avant l'arrivée de l'ouragan Isaac.
Sept ans jour pour jour après Katrina, l'ouragan de catégorie 1 se rapproche dangereusement de l'embouchure du Mississippi et de La Nouvelle-Orléans.

- Isaac devient un ouragan de catégorie 1

La Louisiane «doit se préparer au pire», d'après le gouverneur de l'État. La tempête tropicale Isaac «est devenue un ouragan de type 1» en approchant de la Louisiane, a annoncé mardi après-midi (heure française) le Centre national des ouragans (NHC). Selon le NHC, le centre d'Isaac devait arriver sur la côte sud-est de la Louisiane entre mardi soir et mercredi matin (heure locale).

Notant une «importante montée du niveau de la mer», les experts mettent en garde contre des risques d'inondation sur la côte nord du golfe du Mexique, la tempête pouvant provoquer de fortes houles allant jusqu'à 3,6 mètres de hauteur sur les côtes du sud-est de la Louisiane et du Mississippi. Isaac a la particularité d'avancer «lentement», si bien que les autorités craignent de fortes inondations, avec des précipitations de 25 à 40 centimètres «voire davantage», affirme le maire de La Nouvelle-Orléans, Mitch Landrieu.

En fin d'après-midi, Isaac se trouvait à 85 kilomètres au sud-sud-est de l'embouchure du fleuve Mississippi, et à 220 kilomètres au sud-est de la Nouvelle-Orléans. Ses vents atteignaient alors 120 km/h et l'ouragan se déplaçait vers le nord-ouest à la vitesse de 17 km/h.

Isaac doit être le premier ouragan à toucher la côte nord du golfe du Mexique depuis 2008. Mais il s'annonce moins puissant que Katrina, l'ouragan qui a traumatisé la Louisiane en 2005. Alors que Katrina était de catégorie 5, Isaac est pour l'instant dans la catégorie 1 sur l'échelle de Saffir-Simpson et ne devrait pas dépasser la catégorie 2. «Mais avec ses vents pouvent atteindre entre 135 et 200 km/h en rafales, il est largement assez gros pour nous frapper durement si nous n'y prenons pas garde», prévient Mitch Landrieu

- Le fantôme de Katrina

À La Nouvelle-Orléans, le spectre de Katrina demeure. Cet ouragan, l'un des plus puissants à avoir traversé les États-Unis, avait frappé la Louisiane le 29 août 2005.

En s'abattant sur l'État voisin du Mississippi, Katrina avait provoqué une montée des eaux dévastatrice dans la capitale du jazz, provoquant des vagues allant jusqu'à 11 mètres de haut. L'ouragan a fait officiellement 1836 morts à La Nouvelle-Orléans et a ravagé la Louisiane, causant des milliards de dollars de dégâts. De nombreux reproches avaient été faits au gouvernement Bush, qui avait attendu quarante-huit heures pour réagir.

Décidé à ne pas commettre cette erreur, Barack Obama a décrété lundi soir l'état d'urgence en Louisiane. Les ressources de l'État fédéral pourront ainsi être mobilisées pour aider les autorités locales, par le truchement de l'agence de gestion des crises (FEMA). Plus de 33.500 membres de la Garde nationale et près de 100 avions et hélicoptères se tiennent prêts à intervenir dans les quatre Etats menacés, Floride, Alamaba, Mississippi et Louisiane.

L'autorité américaine de régulation du nucléaire (NRC) a annoncé pour sa part avoir dépêché quatre inspecteurs dans deux centrales de Louisiane, celles Waterford, à l'ouest de la Nouvelle-Orléans, et de River Bend,au nord-ouest de Baton Rouge, pour s'assurer de la sécurité des sites.





- Les États du Sud bien préparés

L'Alabama, la Louisiane et le Mississippi n'ont pas attendu la décision de Barack Obama pour agir. Dans l'Alabama et le Mississippi, des évacuations obligatoires ont été ordonnées. La «routine», pour les habitants de cette zone régulièrement traversée par de fortes tempêtes, relève le journal local, le Times-Picayune.

À La Nouvelle-Orléans, les entreprises et les écoles ont été fermées. Les vols ont été annulés pour mardi et mercredi à l'aéroport. Les rues étaient presque vides. Sous des trombes d'eau et un fort vent annonçant l'approche de l'ouragan, les habitants avaient, pour beaucoup, déjà protégé les fenêtres de leurs maisons et entassé des vivres chez eux. Aucune évacuation obligatoire n'a été décrétée, puisque seul un ouragan de catégorie 3 peut conduire à une évacuation forcée, et qu'Isaac «a peu de chance d'atteindre ce niveau», explique le New York Times.

Chaque famille a été invitée par l'État à faire des réserves d'eau, de nourriture, de produits d'hygiène, de vêtements et de médicaments. Un flot de véhicules pare-chocs contre pare-chocs s'étirait mardi sur l'autoroute menant à Baton-Rouge, la capitale de Louisiane située plus loin dans les terres.

À Canal Street, dans l'historique quartier français, des équipes couvraient de planches les vitrines des magasins. Dans le New York Times, des Louisianais affirment leur volonté de ne pas évacuer: «Pour un ouragan de catégorie 1 ou 2, je ne bouge pas. On va faire la grimace et supporter ça le temps que ça passe, en faisant un barbecue.»


- Un test pour les digues

La Nouvelle-Orléans est «mieux préparée», insistent les autorités locales. Les vents et pluies charriés par Isaac représenteront un important test pour les digues de la ville, installées peu après Katrina. Le corps du génie de l'armée avait bâti un système de digues, de murs, d'écluses et de pompes, pour un coût de 14,5 milliards de dollars.

«Nous avons retenu les douloureuses leçons de l'ouragan Katrina», affirme Garret Graves, responsable de la protection du littoral de Louisiane, dans le Times-Picayune. Les vagues avaient déferlé sur la ville lorsque les digues avaient cédé. Cette fois, le maire de La Nouvelle-Orléans, Mitch Landrieu, assure que «tout se passera bien».

Mais sur la presqu'île de Plaquemines, au sud de la ville, des employés ont consolidé les digues à l'aide de sacs de sable. La plus grande partie de cette paroisse est située à l'extérieur du système anti-inondations de La Nouvelle-Orléans, et les projets destinés à renforcer la protection du site ne sont pas achevés.

Le gouverneur de la Louisiane, Bobby Jindal, ne partage pas l'optimisme du maire de La Nouvelle-Orléans. Il a recommandé lundi aux habitants de se préparer au pire: «Si vous vous trouvez dans une zone de terre basse et pensez à évacuer, il n'y a pas une minute à perdre.»

- L'industrie pétrolière réduit son activité

À titre de précaution, l'industrie pétrolière et gazière, très implantée dans la région, a interrompu près de 80% de sa production de brut dans le golfe du Mexique et 50% de la production de gaz naturel. La région fournit environ 23% de la production pétrolière américaine, 7% de sa production gazière et 40% de la capacité de raffinage des États-Unis.

- 22 morts en Haïti

Avant de toucher la pointe sud de Floride dimanche, Isaac a fait au moins 22 morts en Haïti et en République dominicaine au cours du week-end. En Haïti, la tempête a également détruit 335 maisons et en a endommagé 2346 autres. 15.000 personnes ont été évacuées.