Les positions anti-israéliennes de l'ingénieur tué à Chevaline (F) pourraient avoir joué un rôle central dans l'affaire, révèle une de ses connaissances.

Saad al-Hilli a-t-il été tué à cause de ses opinions politiques? C'est en tout cas ce que soupçonne l'un de ses amis les plus proches, rapporte le «Daily Mirror». Les deux hommes s'étaient rencontrés en 1993, alors qu'ils travaillaient dans la même entreprise.

Selon cet ami de longue date, l'ingénieur britannique d'origine irakienne nourrissait depuis longtemps de violents ressentiments à l'égard d'Israël: «La chose qui m'a toujours inquiété à son sujet était à quel point il s'emportait au sujet de l'Irak et du conflit israélo-palestinien dans les forums de discussion sur internet», raconte-t-il au quotidien anglais. «Il parlait tout le temps de la façon dont les Israéliens contrôlaient le monde et particulièrement les Etats-Unis.»

D'après les propos de son ex-collègue, Saad al-Hilli était persuadé qu'Israël était à l'origine des attentats du 11 septembre 2001: «Il pensait que c'était une opération secrète menée par les Israéliens pour susciter la haine contre les pays arabes. Après les attentats, son implication dans les forums de discussion est devenue de plus en plus soutenue. Il était très passionné quand il s'agissait de ses opinions. Il pensait que les Juifs ne devaient pas se trouver en Israël. Il estimait que le pays devait être aux mains des Palestiniens.»

Changement d'attitude

L'intérêt de Saad al-Hilli pour la cause arabe aurait pris une nouvelle tournure il y a quelques mois. Selon son ami, il aurait enlevé une photo de sa fille aînée qui lui servait de profil sur Skype pour la remplacer par le cliché d'un dirigeant arabe. En avril, l'ingénieur aurait posté un lien vers un entretien réalisé par Julian Assange avec Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah.

«Quand j'ai entendu que Saad et Ikbal avaient été assassinés, ma première pensée a été "Qu'a-t-il dit ? Qu'a-t-il fait ?"», raconte son ami. Celui-ci pense que les services secrets israéliens ont pu suivre de près les opinions tranchées de l'ingénieur sur internet: «C'est possible qu'il ait offensé quelqu'un, que le Mossad en ait pris acte et placé un contrat sur sa tête.»

Toutefois, malgré ses prises de position musclées, Saad al-Hilli ne faisait pas partie de groupes fondamentalistes ou terroristes, selon son ancien collègue: «Je sais que Saad n'était pas un terroriste. Il n'aurait jamais fait la moindre chose qui puisse mettre sa famille en danger. Il n'était pas une personne violente.»

Hypothèses réfutées

L'ami de vingt ans de Saad al-Hilli réfute les hypothèses avancées jusqu'ici dans la presse. Selon lui, un assassinat en lien avec les activités professionnelles du défunt est peu crédible : «Je n'y crois pas. Il n'aurait jamais eu accès à des dossiers sensibles pour la défense en raison de son passé en Irak. Ce n'est certainement pas la cause de sa mort».

L'ex-collègue de l'ingénieur ne croit pas non plus à la piste d'un différend familial: «Sa famille impliquée dans tout ça? Certainement pas. Son frère? Pas du tout.»

Audition

Selon le «Daily Mirror», ce nouveau témoin a été entendu samedi soir par la police du Surrey. Le procureur français en charge de l'enquête, M. Maillaud, avait indiqué mercredi lors d'une conférence de presse que les enquêteurs concentraient leurs efforts sur trois pistes: la piste familiale, la profession du père et l'Irak, pays d'origine des al-Hilli. «Il n'y a pas actuellement de suspect, il y a des pistes», avait-il précisé.