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Les drones ne servent pas seulement à flinguer les terroristes ; la preuve ? La Commission Européenne veut en faire des usages civils...

Pendant qu'elle occupait l'attention des médias - forcément moins attentifs en période de trêve estivale - avec les solutions aberrantes qu'elle persiste à préconiser contre la crise financière qui perdure, la Commission Européenne s'employait beaucoup plus discrètement cela va sans dire, à faire avancer les réflexions sur un sujet nettement moins consensuel : les systèmes de pilotage d'avions à distance (ou RPAS pour Remotely Piloted Air Systems) autrement dit, les drones.

Le sujet fait déjà débat aux USA où le Président Obama, en difficulté dans les sondages, a exigé lors du vote du budget de la FAA (Federal Aviation Agency) que l'espace aérien américain soit ouvert aux drones dès 2015.

Killing List Noire

La polémique prend de l'ampleur outre-Atlantique dans la mesure où les drones militaires de l'Oncle Sam sont déjà utilisés à l'étranger pour éliminer sans procès inutile les ennemis présumés des USA, même s'ils sont citoyens américains, dès lors que leurs noms figurent sur la « Killing List » présidentielle.

Un monstre du Loch Ness administratif ouvertement évoqué par William Daley Chef de Cabinet d'Obama en 2011 et Dennis Blair Directeur du Renseignement Intérieur, et auquel Obama, récemment interrogé par un journaliste de Fox News dans le cadre de l'émission « Reality Check » et manifestement très mal à l'aise, a fait allusion de manière assez sibylline (« ...D'abord, cela repose sur des rapports émis par les médias que je n'ai jamais personnellement confirmés et je n'ai pas pour habitude de traiter des questions de sécurité nationale de cette façon ») avant de faire volte face et d'en confirmer virtuellement l'existence en indiquant que « plus largement, notre objectif est de nous concentrer sur Al Qaida... » ...

On ne savait l'Union Européenne tourmentée à ce point par l'ennemi intérieur yankee pour partager ses vieux démons, ayant revêtu de beaux costumes civils dans le cas européen. Les Indignés qui manifestent un peu partout sur le vieux continent contre les mesures d'austérité prônées par la bureaucratie bruxelloise dont la légitimité démocratique n'a jamais été la qualité dominante, seraient donc bien avisés de se pencher sur le document « de travail » publié ce 4 septembre par la Commission, sobrement intitulé « vers une stratégie européenne pour le développement d'applications civiles des Systèmes de Pilotage d'Avions à Distance (RPAS) ».

Bien entendu, les auteurs présentent leur bébé sous son meilleur jour (page 3) :
L'émergence d'applications civiles de RPAS, source de croissance et d'emploi.

En ces temps de recul économique, L'Europe a plus que jamais besoin d'identifier et d'encourager dans le cadre de la stratégie Europe 2020, des opportunités d'amélioration de la compétitivité industrielle, de l'entreprenariat, et de création de nouvelles entreprises pour générer croissance et emploi.

La technologie émergente des Systèmes de Pilotage d'Avions à Distance (RAPS) pour des applications aériennes civiles (commerciales, industrielles et publiques) peut contribuer à ces objectifs. Cependant pour exploiter tout le potentiel de cette technologie, il est nécessaire de concevoir et de mettre en œuvre des concepts opérationnels et des outils techniques associés, ainsi que des règles spécifiques pour des opérations de RPAS dans un espace aérien ouvert.

Le développement des RPAS a pris naissance dans les années 50. Les RPAS ont été employés par les forces armées pendant des décennies. Des conflits récents et des opérations de maintien de la paix ( !) ont fait la preuve de leurs capacités opérationnelles et ont conduit à un accroissement quasi exponentiel des applications militaires. Les RPAS ont également un énorme potentiel pour des applications civiles. Elles commencent à se développer sous l'impulsion d'intérêts étatiques et privés. Si on libère tout leur potentiel, on peut en attendre d'importants bénéfices pour les citoyens européens et pour l'économie européenne dans son ensemble... ».
Alléluia ! vive les drones civils....

Comité de Pilotage

Le document résume donc les travaux d'un peu plus d'un an menés par le panel sur les RPAS qui a commencé à plancher sur le sujet en juillet 2011.

Bien sûr, l'un des priorités de la fine équipe a consisté à préconiser la création d'un comité « de pilotage » c'est le cas de le dire, du projet dont l'objectif principal, aux dires d'un certain Peter Van Blyenburgh, néerlandais vivant à Paris et amoureux des avions sans pilote depuis 1987 (Blyenburgh & Co) qui préside UVS INTERNATIONAL, (www.uvs-international.org) le premier lobby européen des drones auquel sont associés une trentaine d'opérateurs français, est de consolider le développement des RPAS civils en planifiant et en coordonnant l'ensemble des activités permettant de balancer des drones - civils, c'est juré - dans l'espace aérien européen en 2016.

Comme c'est généralement le cas dans la bureaucratie européenne, le Comité de Pilotage a déjà été constitué. Il s'est d'ailleurs déjà réuni avant même que son existence ne soit rendue publique.

Il est co-présidé par les directions générales « Entreprise & Industrie » et « Mobilité & Transport » de la Commission. Ses autres membres sont des représentants des autres Directions Générales auxquels sont associés des « participants » très discrets par nature, exception faite d'UVS International qui n'en fait nul mystère. Le Comité de Pilotage a constitué 3 groupes de travail et doit rendre son ordre de marche dès le mois de décembre.

Pas de temps à perdre en effet pour être capable d'aligner à l'atterrissage sur les pistes 08R/26 L ou 09L/27 R de Roissy dès 2016, une kyrielle de drones bourrés jusqu'à la gueule, d'informations strictement « civiles » recueillies par exemple, au dessus des quartiers chauds d'Ile de France ou de Marseille...

On recommande même à leurs fabricants d'aller effectuer les premiers essais de mesure de bruit de leurs coucous télécommandés au dessus de la station de contrôle de Villiers le Bel dont Bakchich leur fournit aimablement les coordonnées (49 00 53 N - 002 24 30 E) A en juger par la redoutable efficacité des modèles militaires dans l'élimination des malfaisants, on peut juste s'interroger sur le laps de temps qui s'écoulera avant que les versions européennes ne leur emboîtent le pas, pardon l'aileron....