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Au pouvoir depuis treize ans, Hugo Chavez va pouvoir appliquer son programme de « révolution bolivarienne » ou de « socialisme du XXIème siècle ». Il a été réélu largement, avec 54 % des voix contre 44 % à Henrique Capriles, son principal concurrent à la tête d'une coalition allant du centre gauche à la droite dure, selon les résultats de la commission électorale annoncés à 4 heures trente, heure de Paris.
Un résultat que l'opposition n'a pas contesté, puisque le système de vote électronique garantissait l'absence de fraudes, même si la campagne a été on ne peut plus biaisée, notamment sur le plan médiatique. Alors qu'Henrique Capriles devait se contenter de quelques minutes télévisées par jour, le président venezuélien pouvait intervenir à tout moment sur toutes les télévisions et radios à la fois en des « cadenas », discours présidentiels fleuve dans lequel il fustigeait l'impérialisme, vantait les réalisations du régime, ou évoquait Jésus, « le premier communiste » et « Judas, le premier capitaliste ». Par exemple, selon un pointage opéré à l'été 2011 par une ONG, Hugo Chavez tenait à l'époque des discours télévisés d'une heure et demi chaque jour.
Sur le plan programmatique, rien n'indique un infléchissement de sa politique, consistant essentiellement en la redistribution de la manne pétrolière d'un pays assis sur les principales réserves d'or noir (300 milliards de barils environ) de la planète, au risque d'un assistanat prégnant, de la corruption et du clientélisme. Une politique au bilan catastrophique sur le plan économique et social, comme l'illustrent la deuxième inflation la plus élevée du monde, les coupures régulières d'eau et d'électricité, hormis dans Caracas, ainsi que les pénuries de produits de base, lait, farine, huile, viande. Sans parler d'une insécurité qui a quadruplé sous son règne, avec un taux d'homicide parmi les plus élevés du monde, ce qui représente clairement aujourd'hui le principal sujet d'inquiétude de la population. Mais une majorité de Venezuéliens était sensible à la réduction sensible des inégalités et à celle de la pauvreté depuis son arrivée au pouvoir, époque où il est vrai le baril était côté à seulement 7 dollars.
Certains économistes estiment que cette baisse de la pauvreté est en trompe l'oeil si on calcule les revenus au taux réel du dollar (13 bolivars) et non officiel (4,3). D'origine modeste, à l'inverse de son adversaire, Hugo Chavez a su aussi « connecter » avec le peuple sur le plan émotionnel, par des postures compassionnelles et un langage authentique. Nombre de ses partisans de tout âge, qui ont envahi les rues de Caracas dès l'annonce des résultats, avaient les larmes aux yeux en proclamant que « Chavez est l'âme du peuple ». C'est d'ailleurs cette connexion avec le peuple qu'Hugo Chavez compte accentuer avec son programme de « communalisation », qui bouleverse l'équilibre institutionnel du pays. Afin de court-circuiter des conseils régionaux et municipaux souvent tenus par l'opposition, il compte créer d'ici les élections régionales de mi-décembre un réseau de « communes », des mairies de quartier directement dotées par l'Etat et en charge des oeuvres sociales. Pour réduire l'insécurité, il a aussi promis de réorganiser les forces de police. Il compte parallèlement faire monter en puissance une milice de 120 000 hommes.
Reste à savoir combien de temps Hugo Chavez, qui devrait nommer un nouveau gouvernement dans les jours qui viennent, pourra rester au pouvoir. Il est apparu très affaibli pendant la campagne. Il a été opéré trois fois en quinze mois à Cuba d'un « cancer de la région pelvienne » dont il se dit guéri, mais à Caracas tout le monde jauge ses chances de survie. Un décès dans les trois prochaines années provoquerait un nouveau scrutin présidentiel que l'opposition, en l'absence de dauphin désigné et compte tenu du fait qu'aucun dirigeant du régime n'a le charisme d'Hugo Chavez, aurait de sérieuses chances de remporter
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