La raison principale pour laquelle la désinformation fonctionne, estiment-ils, est que le rejet de l'information exige un effort cognitif. Évaluer la plausibilité et la source d'un message requière plus de ressources cognitives et motivationnelles que d'accepter simplement le message comme vrai. Si un sujet n'est pas très important pour une personne ou si elle a d'autres choses à l'esprit, la désinformation est plus susceptible de fonctionner.
Et, quand nous prenons effectivement le temps d'évaluer les informations reçues, nous sommes susceptibles de ne prêter attention qu'à quelques aspects: Est-ce que les informations concordent avec certaines autres croyances? Est-ce qu'elles constituent une histoire cohérente avec ce que nous savons déjà? Cela vient-il d'une source crédible? Les autres croient-ils cette information?
La désinformation fonctionne particulièrement quand elle est conforme aux points de vue politiques, religieux ou sociaux pré-existants. Pour cette raison, les visions du monde et les idéologies personnelles peuvent être des obstacles particulièrement difficiles à surmonter. Pire encore, disent les chercheurs, les efforts pour rectifier l'information n'ont souvent pour conséquence que d'amplifier l'effet de la croyance erronée.
Lewandowsky et ses collègues proposent quelques stratégies pour remettre les pendules à l'heure:
- Identifier l'information manquante et fournir l'explication alternative;
- Répéter son message pour réduire l'influence de la désinformation (ce qui peut cependant avoir pour conséquence une répétition accrue de la désinformation qui la rend plus familière);
- Mettre l'accent sur les faits à mettre en évidence plutôt que les mythes (afin d'éviter d'exposer encore davantage à ces derniers);
- Fournir un avertissement explicite avant de mentionner un mythe pour s'assurer que les gens sont cognitivement sur leurs gardes et moins susceptibles d'être influencés par la désinformation;
- S'assurer que les informations à transmettre sont simples et brèves (si le mythe est plus simple, il est plus attirant cognitivement);
- Considérer les croyances de l'auditoire. En cas de croyances fortement opposées, l'effet pourrait être contraire à celui souhaité. Les personnes plus réceptives sont celles dont les croyances ne sont pas fortement ancrées;
- Si les faits à présenter menacent une vision du monde de l'audience, il est possible de réduire le risque de renforcement de la désinformation en confortant cette vision (ex. en se centrant sur les opportunités et les bénéfices potentiels plutôt que sur les risques et les menaces);
- Contourner le rôle de la vision du monde de l'audience en se centrant sur des techniques comportementales, telles que les architectures de choix, plutôt que de viser à dé-biaiser l'information explicitement.
Source: Misinformation and Its Correction Continued Influence and Successful Debiasing
Commentaires des Lecteurs
Lettre d'Information