En l'absence de traitement actif dans la maladie d'Alzheimer, la recherche se concentre sur les facteurs accessibles à la prévention. De nombreuses études ont précisé que les diabétiques avaient un risque plus important de développer des troubles cognitifs. Cependant les mécanismes impliqués sont encore discutés. Il est démontré que le surpoids, l'apport calorique et l'insulinorésistance sont des facteurs de risque indépendants. De plus, il est observé que chez le sujet non diabétique, des augmentations de la glycémie induite expérimentalement provoquent une inflammation systémique potentiellement délétère.

Or une équipe australienne vient de montrer dans Neurology que des taux élevés de glucose, mais restant dans les valeurs normales, sont aussi associés à une atrophie hippocampique.

Leurs travaux ont porté sur des sujets âgés de 30 à 64 ans sélectionnés de manière aléatoire dans 2 cités australiennes pour participer à une étude sur le vieillissement. En 2001, 2 551 sujets ont ainsi été contactés. Parmi eux, 2 076 ont accepté d'être suivis cliniquement et 622, choisis de manière randomisée, ont bénéficié d'une IRM. Quatre cent trente et un de ces derniers ont eu une seconde IRM en 2005.

Du fait de problèmes techniques ou de la détection de problèmes vasculaires, seuls 249 sujets ont été finalement retenus dans l'analyse.

La glycémie moyenne à l'inclusion était de 4,92 mmol/l (DS 0,59). Il a été observé une diminution du volume cérébral de 2,7 % entre les deux IRM. L'analyse statistique a montré que la glycémie initiale n'était pas associée avec les volumes hippocampiques mais par contre était inversement corrélée avec une diminution des volumes hippocampique et amygdalien mesurés sur la seconde IRM. Cette corrélation était statistiquement significative après contrôle du sexe, de l'âge, du niveau socio-éducatif, de l'hypertension artérielle, de la consommation alcoolique, de l'indice de masse corporelle, du tabagisme et du génotype Apo E4.

Ce travail suggère donc que, même chez les patients non diabétiques, des taux élevés de glycémie pourraient avoir un impact sur le volume hippocampique. Cette hypothèse, qui demande à être confirmée par d'autres études, laisse penser que les critères actuels choisis pour définir le diabète sont peu sensibles quand on se situe dans la perspective d'une prévention des troubles cognitifs. Ces données devraient interpeller la « communauté diabétologue » sur l'impact cognitif à long terme afin qu'il soit intégré dans les stratégies préventives et thérapeutiques.