Mohamed Merah
© ReutersCapture d'écran de la vidéo de Mohamed Merah diffusée par France 2 le 21 mars 2012.
Ce « retour d'expérience » rendu public aujourd'hui dénonce notamment les faiblesses des services de police dans la « phase d'évaluation ».

Le ministre de l'intérieur Manuel Valls a rendu public aujourd'hui le rapport sur les « dysfonctionnements passés » des services de police apparus dans l'affaire de Mohamed Merah qui, bien que repéré dès 2006 et surveillé en 2011 par la Direction régionale du renseignement intérieur (DRRI) de Toulouse a réussi à aller s'entraîner au jhad au Pakistan et à tuer sept personnes en Midi-Pyrénées au mois de mars dernier : trois militaires, trois enfants et un adulte de confession juive.

Ce rapport de dix-sept pages (voir ci-dessous) élaboré par l'inspecteur général Jérôme Leonnet et le contrôleur général Guy Desprats constate « plusieurs défaillances objectives » qui « tiennent plutôt à la conjonction d'omissions et d'erreurs d'appréciation, à des problèmes de pilotage et d'organisation des services et à des cloisonnements encore très présents entre renseignement intérieur, police judiciaire et sécurité publique ».

Le document pointe notamment les faiblesses de la DCRI dans « la phase d'évaluation » de Mohamed Merah à l'issue de surveillances physiques et « techniques » (écoutes et caméra) tout au long du premier semestre 2011. Son « profil islamiste », « son comportement extrêmement méfiant et sa radicalité potentielle » étant mis en lumière, la « détection » de Mohamed Merah comme jihadiste potentiel par les agents de la DCRI est « donc avérée ». Il n'empêche que « la phase d'évaluation qui s'ouvre ensuite est marquée par une série de défaillances objectives », soulignent les auteurs, pour aboutir à un « entretien » le 14 novembre 2011 avec l'intéressé qui revient du Pakistan et va rouler dans la farine le brigadier Hassan du « RI » de Toulouse mais aussi deux spécialistes parisiens de la DCRI venus à Toulouse pour conduire ce débriefing qui a fait l'objet d'une simple note évasive classée secret-défense.

L'analyse de ces « retours d'expérience » sur la lutte antiterroriste commandé par Manuel Valls conduit les deux inspecteurs généraux à proposer des pistes concrètes comme « la formalisation des entretiens de prévention-dissuasion » et « le recours à des experts extérieurs ». La coordination entre services et au sein même de la DCRI n'ayant pas été performante, le rapport préconise également de créer « une structure dédiée au pilotage des services territoriaux » de la DCRI et développer des « bureaux de liaison » entre « la DCRI et les services chargés de l'information générale », ces anciens RG (Renseignements généraux) qui maillent le territoire.