Traduction : CR pour ISM

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Gaza, novembre 2012 (photo Anne Paq, Chroniques de Palestine)
L'incidence des traumatismes psychologiques et des troubles de stress post-traumatiques (TSPT) a augmenté de plus de 100 % dans la Bande de Gaza suite à la dernière attaque [israélienne, ndt.], d'après les derniers chiffres produits par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

La plus importante organisation humanitaire présente sur le terrain à Gaza, l'UNRWA, a déclaré que le nombre de personnes qu'elle prend en charge à Gaza pour des traumatismes psychologiques ou des TSPT a doublé entre novembre et décembre. Pour ceux qui sont suivis, 42 % sont des enfants de moins de neuf ans. Ces dernières statistiques, établies à partir des données rassemblées par les centres de soins de l'UNRWA œuvrant dans la bande côtière, renforcent les conclusions de la récente étude sur les enfants gazaouis réalisée par le Fonds des Nations-Unies pour l'Enfance, l'UNICEF. Cette étude fait état d'augmentations aigues des troubles psychologiques en lien avec la guerre.

« Ces chiffres représentent une augmentation significative des troubles de santé mentale, » indique Akihiro Seita, directeur du programme sanitaire de l'UNRWA. « Si je me fie à mon expérience, je dirais que c'est la preuve d'une épidémie de traumatismes psychologiques et de TSPT. Souvenez-vous que ces statistiques ne reflètent pas certaines de nos preuves non confirmées qui suggèrent qu'un nombre très conséquent de cas n'est pas répertorié, » a ajouté Seita. « Lors de ma première visite à Gaza après la guerre [israélienne, ndt.], j'ai été accablé de constater à quel point les mères et les enfants souffraient de l'étendue et de l'importance des bombardements. Toutes les mères que j'ai rencontrées dans les centres de soins de l'UNRWA m'on dit que leurs enfants ont changé de comportement pendant et après la guerre. Certains ont des problèmes de sommeil, d'autres des troubles alimentaires ou de la parole. C'est un véritable crève-cœur. »

Le mois dernier, après la fin de l'attaque, l'UNICEF avait publié les conclusions d'une rapide évaluation psychologique sur les enfants de Gaza (1) : elle faisait état d'une hausse de 91 % des troubles du sommeil chez les enfants, tandis que 84 % des enfants examinés semblaient "assommés ou hébétés", et que 85 % d'entre eux présentaient des "modifications de l'appétit".

Dans son dernier rapport à l'Assemblée Mondiale de la Santé (l'organe décisionnaire de l'OMS), publié en mai 2012, l'UNRWA a présenté les preuves d'une augmentation des "troubles liés au stress et des problèmes de santé mentale" parmi les réfugiés palestiniens dont elle s'occupe. En réponse à ces besoins croissants en termes de santé, l'UNRWA a défini un nouveau modèle de soins de santé baptisé "Santé de la Famille", grâce auquel les familles réfugiées palestiniennes accèdent à une offre complète de soins de santé.

« L'UNRWA multiplie ses consultations psychologiques dans les écoles et lors de visites à domicile, en réponse à cette augmentation inquiétante des cas de TSPT, » a indiqué Chris Gunness, porte-parole de l'organisation, qui en a profité pour demander une augmentation des fonds afin de répondre à la demande croissante d'actions en termes de santé mentale, à laquelle doit faire face l'UNRWA. « Le coût de notre programme communautaire de santé mentale s'élève à 3 millions de dollars par an, » a ajouté Gunness. « Afin de faire face à la demande croissante de soins de santé mentale, nous avons un besoin cruel de plus de fonds en provenance de nos donateurs traditionnels et des particuliers. »

(1) "Impact of hostilities on children in Gaza - rapid psychosocial assessment ; key findings, December 2012", UNICEF (en anglais, 28 pages, format PDF).