Sarkozy
© Inconnu

Invité à Genève par la fondation de bienfaisance israélienne Keren Hayessod, l'ex-président français aurait prononcé un discours critique envers la politique de l'État hébreu, provoquant l'indignation d'une partie du public.

Genève, jeudi 24 janvier. Au lendemain d'une discrète intervention au forum économique de Davos, Nicolas Sarkozy est invité à l'hôtel Président-Wilson, sur les bords du lac Léman, pour prononcer un discours, une fois encore à huis clos. Dans la salle, quelque 450 membres de la communauté juive de Suisse sont réunis à l'occasion d'un gala du Keren Hayessod, un grand organisme de collecte de fonds en faveur de l'État d'Israël.

Si les médias suisses ont, dans un premier temps, affirmé que rien n'avait filtré de l'intervention, rapidement, deux quotidiens israéliens révèlent que les propos de l'ancien président français ont suscité de vives réactions dans l'auditoire. Visant directement la politique du gouvernement israélien, il aurait reproché à l'État hébreu de s'être « lui-même enfermé dans les murailles de Jéricho ». Et d'ajouter : « La diaspora juive et la communauté internationale doivent faire pression sur Israël pour l'obliger à reprendre les négociations avec les Palestiniens. » Des propos jugés fâcheux par une partie de l'assistance, qui aurait alors hué l'ancien chef de l'État.

Dans l'entourage du principal concerné, le démenti est formel. « C'est 100 % bidon. Il ne s'est pas fait huer, bien au contraire, les gens se sont levés à la fin pour l'acclamer », a déclaré une source au Lab, qui s'est également procuré une courte vidéo amateur des dernières secondes de l'intervention nourrie d'applaudissements. Ce même entourage rappelle également que Nicolas Sarkozy s'est toujours positionné comme un ami d'Israël tout en défendant la création d'un État palestinien.


Même son de cloche du côté de l'organisateur du gala et président de Keren Hayessod, Joe Tugendhaft, qui nuance toutefois l'enthousiasme affiché des proches de Nicolas Sarkozy. « On invite des personnalités qui suscitent le débat. Je ne peux pas affirmer que 100 % des invités étaient d'accord avec le discours de M. Sarkozy mais, dans l'ensemble, le public a adhéré au point de vue du président », a-t-il précisé, selon le Nouvel Observateur.

150 000 euros pour 45 minutes

Autre hic, le montant des émoluments perçus par l'ancien locataire de l'Élysée pour prononcer son discours de 45 minutes. Selon le Nouvel Observateur, c'est la Monégasque Lily Safra, veuve du richissime banquier juif et libanais Edmond J. Safra, qui aurait réglé la facture s'élevant à 150 000 euros.

Une information immédiatement démentie par la porte-parole de la milliardaire ainsi que par l'entourage de Nicolas Sarkozy. Niant également le montant du cachet, Joe Tugendhaft a indiqué que « cinq donateurs environ » avaient contribué à financer l'intervention de ce conférencier de luxe.

Rien d'outrancier, toutefois, pour le milieu des conférences internationales privées. En octobre 2012, pour le premier discours de Nicolas Sarkozy depuis sa défaite à l'élection présidentielle, la banque d'investissement brésilienne BTG Pactual aurait déboursé 100 000 euros. L'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, réclamerait, pour sa part, jusqu'à 200 000 euros par intervention. Mais le champion en la matière demeure Bill Clinton qui, depuis son départ de la Maison Blanche, a touché plusieurs dizaines de millions de dollars.