Une mission d'information sénatoriale réclame plus de contrôleurs de l'alimentation.

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© Philippe Huguen/AFPPour dissuader les trafiquants et rendre confiance aux consommateurs, les contrôles devraient être plus fréquents.
Les conclusions de la mission d'information sénatoriale chargée d'enquêter sur la filière viande, en France, après le scandale de la viande de cheval, sont sans appel. « La réduction drastique des effectifs de la Direction de l'alimentation au ministère de l'Agriculture et de la Direction des fraudes (DGCCRF), dont les personnels ont prouvé leur efficacité, est très préoccupante. Elle remet en cause leur capacité à exercer un niveau de contrôle suffisant. »

D'autant que le trafic est beaucoup plus large que les autorités ne l'avaient pensé initialement. Lors de l'affaire Spanghero, le chiffre de 750 tonnes de viande frauduleuse avait été cité. En fait, d'après la Direction de la santé et de la protection des consommateurs de la Commission européenne, « il s'agit d'une fraude européenne à très grande échelle ». Elle porte au moins sur 50.000 tonnes de viande de cheval. Interpol travaille sur quatre pistes possibles. La viande incriminée vient « d'un peu partout », a commenté Bernadette Bourzai, sénatrice socialiste élue de la Corrèze.

Un seul agent par département

Près de trente sénateurs de toutes sensibilités politiques ont procédé à 62 auditions, pendant quatre mois, pour comprendre le monde de la viande et trouver des pistes pour rétablir la confiance des consommateurs. Pour ces élus, il ne fait aucun doute qu'il faille « renforcer les effectifs des services de contrôles officiels » de l'alimentation et revenir aux moyens disponibles en 1988. Ce qui au passage suppose la création de 500 postes de fonctionnaires ad hoc, dans une période où le gouvernement, en quête d'économies à tout prix, souffle dans un sens totalement opposé. Le nombre d'agents de la DGCCRF a baissé de 14 % en cinq ans, si bien qu'aujourd'hui l'ensemble des contrôles de la sécurité alimentaire repose sur un seul agent par département. Or « en période de difficultés économiques, la tentation de fraude est encore plus forte » souligne la rapporteure, Sylvie Goy-Chavent, élue UDI de l'Ain. Pour elle l'étiquetage des plats préparés, précisant l'origine des ingrédients, contribuerait à dissuader un certain nombre de trafics. « Même si aucune barrière n'empêchera les voleurs ». Dans le même ordre d'idées, elle préconise que les traders, dont le rôle central a été découvert lors du scandale de la viande de cheval, ne puissent exercer leur métier qu'une fois « agréés ». Or aujourd'hui, n'importe qui peut s'installer dans cette activité.

D'une manière générale, les deux sénatrices s'inquiètent de la fragilité de l'élevage de bovins français, alors que la France est la première productrice en Europe avec 75.000 éleveurs, 5.000 entreprises employant 230.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 61 milliards d'euros. « Aucun maillon de la chaîne, pénalisée par la hausse des matières premières, n'est prospère. » Les sénatrices préconisent « un vaste plan de relance de la filière viande », notamment, fondé sur une redistribution des aides agricoles européennes en direction des éleveurs, dont le revenu avant impôt s'établit à 17.100 euros. Le montant le plus bas du secteur agricole. Enfin, elles s'insurgent contre le mode d'abattage rituel juif et musulman, « sans étourdissement » et qui débouche sur une agonie d'un quart d'heure.