Selon une étude parue dans la revue «Science»...

La vie pourrait être possible sur d'autres planètes hors de notre système solaire: c'est ce que suggère la découverte, pour la première fois, des restes d'un gros astéroïde riche en eau dans un autre système stellaire.

Jamais jusqu'alors on avait détecté ensemble hors de notre système solaire de l'eau et un corps rocheux --les «deux éléments clé» pour qu'une planète soit habitable--, soulignent des chercheurs dans une étude européenne publiée jeudi dans la revue américaine Science.

Des observations précédentes effectuées sur 12 exoplanètes détruites dont les restes étaient en orbite autour de naines blanches --des étoiles en fin de vie qui ont épuisé leur carburant nucléaire-- n'avaient pas montré la présence d'eau.

Une étoile mourante

Dans l'étude publiée jeudi, les reliquats d'un astéroïde, qui devait avoir au moins 90 km de diamètre, sont en orbite avec sans doute d'autres planètes autour d'une naine blanche baptisée GD 61 située à environ 170 années-lumière de la Terre --une année lumière équivaut à 9.460 milliards de km.

«A ce stade de son existence tout ce qui reste de ce corps rocheux n'est que poussière et débris autour de son étoile mourante», commente le professeur Boris Gänsicke, du département de Physique de l'Université de Warwick, au Royaume-Uni, un des principaux co-auteur de l'étude.

«Mais ce cimetière planétaire est une riche source d'informations», souligne-t-il: «ces restes contiennent des indices chimiques révélant l'existence de cet ancien astéroïde rocheux riche en eau».

Ces astrophysiciens ont aussi détecté dans ces débris, du magnésium, du silicium, du fer et de l'oxygène, qui sont les ingrédients clé des roches.

Plus grosse que le soleil

Les planètes rocheuses comme la Terre se forment par l'agrégation d'astéroïdes et «le fait de trouver autant d'eau dans un tel corps céleste de grande taille signifie que les matériaux formant les planètes habitables et de telles planètes elles-mêmes ont existé ou existent encore dans le système stellaire GD 61 et probablement dans de nombreux autres systèmes similaires», relève Jay Farihi, un astrophysicien à l'Institut d'Astronomie de Cambridge, le principal auteur de cette découverte.

L'astéroïde qui était peut-être une planète naine, était formé pour 26% d'eau, une proportion similaire à Ceres, dans notre système solaire. En comparaison la Terre est très sèche puisque l'eau ne représente que 0,02% de sa masse. Comme Ceres, l'eau devait exister sous forme de glace sous la surface de l'astéroïde.

Dans sa vie antérieure, GD 61 était une étoile un peu plus grosse que notre Soleil, qui dans plusieurs milliards d'années subira le même sort.

Une partie du système a survécu

Selon ces astrophysiciens GD 61 a fini par épuiser son carburant il y a 200 millions d'années pour devenir une naine blanche. Une partie de son système planétaire a survécu, mais pas les astéroïdes et les planètes naines, dont l'orbite s'est alors fortement rapproché de l'étoile mourante, où ils ont été détruits par sa force gravitationnelle.

Pour cette recherche, ces scientifiques se sont surtout appuyés sur des observations faites à partir d'un spectrographe à bord du télescope spatial Hubble utilisant les rayons ultraviolets qui ne peuvent être faites depuis le sol vu que l'atmosphère terrestre bloque ces rayonnements.