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Un ancien soldat de la garde pontificale affirme avoir été régulièrement victime de harcèlement homosexuel. Des membres de la plus haute hiérarchie de l'Eglise auraient même tenté de le séduire.

G. ne témoigne pas à visage découvert. Cet ancien membre de la garde pontificale affirme sous le couvert de l'anonymat dans Schweiz am Sonntag avoir été régulièrement harcelé pendant plusieurs années à l'époque où il servait au Vatican. Son service s'est essentiellement déroulé sous le règne de Jean-Paul II.

«Où es-tu? Que fais-tu?»

«Alors que je rentrais chez moi vers minuit après une sortie, confie le jeune homme, quelqu'un m'a appelé sur mon portable. «Où es-tu? Que fais-tu?», interroge la voix en italien avant d'inviter son interlocuteur dans sa chambre. Intrigué, le soldat suisse demande à l'appelant de s'identifier. Sans complexe, l'homme donne son nom, celui d'un cardinal influent qui vit dans le palais du pape, tout près du Saint-Père. Mais le garde suisse croit être victime d'une mauvaise plaisanterie. Pour le rassurer, le cardinal donne alors son numéro de téléphone personnel. Après vérification, le garde découvre que le numéro est authentique, plus tard il va aussi reconnaître la voix du cardinal.

Selon G., il ne s'agit pas d'un cas isolé. «Entre 15 à 20 religieux» lui auraient fait des propositions indécentes. Parmi eux, des évêques, des cardinaux, des prêtres: «le Vatican est un paradis pour gays», a encore ajouté le témoin qui affirme avoir été victime non seulement de paroles mais aussi d'attouchements par un collaborateur du Secrétariat d'Etat au Saint-Siège.

Pas pris au sérieux

Mais le pire selon G., c'est de n'avoir pas été pris au sérieux par sa hiérarchie. «Tu as du mal comprendre, tu ne parles même pas l'italien,» a été la réponse. Aujourd'hui encore, le corps des Gardes Suisses refuse d'entrer en matière. Interrogé par le dominical, Urs Breitenmoser, porte-parole de la garde pontificale, déclare, sans s'exprimer sur les faits dénoncés par G. que «la rumeur d'un réseau homosexuel au sein du Vatican n'est pas un problème» et que «les préoccupations des gardes sont avant tout religieuses et militaires». Le porte-parole n'était pas joignable hier pour un complément d'information.

Le pape François avait déjà condamné en juillet dernier le lobby gay au Vatican mais a affirmé qu'il ne lui revenait pas de «juger» les homosexuels. «Les lobbies ne sont pas bons» mais il ne faut pas marginaliser des personnes qui doivent être intégrées dans la société», avait encore ajouté le chef de l'Eglise.