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La photo a été postée sur le site Internet de Dieudonné...

Une enquête judiciaire a été ouverte après la découverte sur le site Internet de Dieudonné de la photo de deux hommes faisant des «quenelles» dans les ruines du village martyr d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), symbole de la barbarie nazie en France, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Le Procureur de la République à Limoges, Michel Garrandaux, a indiqué à une correspondante de l'AFP avoir ouvert une enquête qu'il a confiée le 4 février à la gendarmerie de Saint-Junien, près d'Oradour.

L'enquête va, dans un premier temps, s'attacher à identifier les personnes figurant sur la photo, a-t-il ajouté, ne souhaitant pas s'exprimer sur d'éventuelles poursuites, ni sur la qualification des faits.

Date inconnue

Le cliché, dont la date est inconnue, a par ailleurs été mis en ligne jeudi soir sur son site Internet par le quotidien Le Populaire du Centre qui a révélé son existence.

Il montre deux jeunes hommes, visages découverts, l'un souriant, effectuant chacun une «quenelle», geste controversé considéré comme antisémite, dans les ruines de l'église où, le 10 juin 1944, des soldats de la Panzerdivision SS Das Reich ont massacré 450 femmes et enfants. Au total, les SS ont tué ce jour-là 642 personnes. Il s'agit du pire massacre perpétré en France par les troupes hitlériennes.

En septembre, les chefs d'Etat allemand et français, Joachim Gauck et François Hollande, s'étaient rendus à Oradour. Lors de cette visite historique, les deux hommes s'étaient recueillis dans l'église, à l'endroit même où ce cliché a été pris.

«Quand on va à Oradour, on sait pourquoi»

Jeudi soir, la photo était consultable sur le site de Dieudonné M'bala M'bala, où plusieurs pages proposent des photos de «quenelles» d'internautes, visages masqués ou découverts.

Robert Hébras, 88 ans, l'un des derniers survivants du massacre, s'est dit «écœuré» et en «colère». «Je suis déçu et en colère que des gens puissent se rendre dans un lieu aussi sacré où 450 personnes ont perdu la vie pour leur liberté à eux et y commettre ce geste», a-t-il déclaré à une correspondante de l'AFP. «C'est indigne, c'est ignoble, il n'y a pas de mot». Selon lui, les personnes figurant sur la photo «ne pouvaient pas ignorer où elles se trouvaient»: «Quand on va à Oradour, on sait pourquoi, enfin, ça n'est pas Disneyland!», a tempêté l'octogénaire, visiblement très ému.

Le 25 janvier, une «nocturne républicaine» avait été organisée à Limoges en réaction à la venue de Dieudonné au Zénith de la ville.