Convaincus que les dangers de l'activité nucléaire ne concernent pas que l'Ukraine et son Tchernobyl, ou le Japon et son Fukushima, il est temps de découvrir qu'ils nous concernent particulièrement en France, vu la densité de réacteurs nucléaires présents sur notre sol. En effet, sans pour autant tomber dans la paranoïa, considérant qu'en
France, vu les
58 réacteurs nucléaires, la multiplication des « incidents », et les zones qui seraient perdues pour longtemps en se limitant à
50 km autour d'un site nucléaire, nous sommes très nombreux à être menacés en cas d'un accident majeur qui se produirait dans notre pays.
Contrairement à une idée reçue, la
France n'échappe pas à la règle, et les accidents, la plupart du temps qualifiés d'incidents, se multiplient.
Octobre 1969 et
mars 1980, deux dates pour lesquelles nous avons, dans notre pays, échappé au pire, puisqu'à
St Laurent des Eaux, dans les
2 cas, les combustibles ont fusionné dans un des réacteurs de la centrale nucléaire.
lienEn
1998, un des réacteurs de la centrale nucléaire de
Civaux n'a plus été refroidi, et en décembre
1999, le réacteur de la centrale du
Blayais a du être arrêté d'urgence, tous les systèmes de sécurité ayant été inondés, menaçant toute la région au point qu'à l'époque,
Alain Jupé avait envisagé l'évacuation de
Bordeaux.
lien
Puis en
2003, c'est celle de
Golfech qui a du être arrêté : à chaque fois, nous sommes passés à
2 doigts d
e la catastrophe, tous ces évènements ayant été classé de
niveau 4.
lienSur ce
lien, on ne peut que constater l'accumulation des « incidents », formule consacrée pour éviter de traumatiser les populations.
Afin de permettre de constater la proximité des uns et des autres des différents sites nucléaires, un site propose
une carte, pour laquelle il suffit de cliquer sur la centrale nucléaire la plus proche pour découvrir si vous êtes, ou non, dans la zone d'exclusion.
lienAjoutons que la pollution nucléaire ne se déplace pas d'une façon régulière, et peut épargner les zones relativement proches d'une centrale accidentée, et suivant le déplacement des vents, de la pluie, aller bien au-delà des
50 km, comme on peut le constater sur
cette carte de l'
Ukraine.
Dans le cas de
Fukushima, on voit très bien que les vents sont allés au-delà de
Litate, très éloigné pourtant de la centrale, alors que la ville de
Naraha, à moins de
20 km de la centrale dévastée a été relativement épargnée.
lienUn autre point est inquiétant car aujourd'hui encore, les plans d'urgence mis en place ne concernent en
France que les personnes habitant dans un rayon de
10 km autour des centrales, et l'évacuation éventuelle de grandes villes comme
Lyon ou
Bordeaux n'est pas prévue alors que ces villes sont aux premières loges en cas d'accident majeur.
lienOn pourrait aussi s'interroger sur l'absence de plan de distribution de pastilles d'iodes, lesquelles permettraient pourtant de sauver de nombreuses vies en empêchant la pollution radioactive de se fixer sur la tyroïde.
En
juin 2013, la ville de
Brest s'est décidée à distribuer des milliers de pilules d'iode aux Brestois qui vivent dans le périmètre de
500 mètres autour de la base de sous-marins nucléaires, (
lien) d'autant que de nombreuses failles de sécurité ont été signalées.
lienAjoutons que l'
ASN (
autorité de sûreté nucléaire) et les pouvoirs publics organisent de temps à autre des campagnes de distribution de comprimés d'iode, mais en limitant la zone à moins de
10 km autour des sites, et sous la forme de bons distribués en mairie, écoles, hôtels, et entreprises, lesquels doivent approvisionner les personnes menacées.
Si l'intention est louable, le résultat l'est moins, car, lors de la dernière campagne de distribution, en
2009, seuls
22,5% des intéressés se sont déplacés dans les pharmacies pour recevoir leurs pilules, chiffre montant à
51,9% pour les particuliers.
lienOn pourrait s'interroger sur la contradiction de limiter à moins de
10 km l'approvisionnement en pilules d'iode, alors que le plan national en cas d'accident nucléaire majeur prévoit d'évacuer les populations dans un rayon de
20 km autour du site accidenté (
lien) d'autant que dans le «
plan national accident nucléaire et radiologique majeur », c'est le chiffre de
10 km qui est avancé... on essaye de comprendre.
lienNos voisins Helvètes, plus prudents, ont élargi récemment la zone à risque à
50 km autour des sites nucléaires, et au lieu d'attendre que les intéressés viennent, comme en
France, chercher leurs pastilles, les autorités suisses les envoient directement aux domiciles des habitants.
lienAjoutons que ces pilules ont une période de validation limitée (entre
5 et 7 ans), qu'elles ne sont pas en vente libre, et qu'il faudrait être prévenu le plus vite possible après l'accident, faute de quoi, leur efficacité serait nulle.
Certaines recommandations pourraient faire sourire, telles celles du site «
doctissimo » qui conseille, en cas d'accident nucléaire, «
de s'abriter dans un local clos, de ne pas rester dans son véhicule, de se confiner en fermant portes et fenêtres, de boucher toute ouverture d'aération, et de ne pas téléphoner ».
lienOn peut légitimement s'interroger sur cette dernière recommandation...
Mais revenons au «
plan national accident nucléaire et radiologique majeur », et plongeons nous dans sa lecture, afin de découvrir le large flou artistique qui l'enveloppe.
On peut y lire que «
le plan n'est pas un cadre rigide »... «
Qu'il comporte des questions que le décideur devra se poser pour bien appréhender l'évènement »...mais rassurons nous, il est prévu qu'à «
la mi-2014, il sera décliné au niveau des zones de défense et de sécurité, et que fin 2014, au niveau des départements afin de garantir une réponse plus réactive en différents points du territoire... ».
lienNous voilà rassurés, espérant que rien de grave ne se produira d'ici là.
Il est donc conseillé de toucher du bois, de croiser les doigts, ou, comme le proposent les militants du réseau «
sortir du nucléaire », d'alerter les populations sur les risques encourus réellement.
En effet, pendant
50 jours, pour commémorer à la fois les catastrophes de
Tchernobyl et de
Fukushima, plusieurs actions sont envisagées aux
4 coins du pays.
Ça commence le
8 mars prochain, puisque, en
Rhône-Alpes, des citoyens responsables vont occuper des ronds points, avec banderoles et affiches, avec sur chaque ronds points le même message, et quelques centaines de mètres avant le rond point le message : «
Tchernobyl, Fukushima, à qui le tour ? ».
lienLe détail des
50 jours d'actions du
8 mars au 26 avril dans toute la
France est sur ce
lien.
On découvre beaucoup d'actions d'occupation de ronds-points, mais aussi des marches, des rassemblements, manifestations, projection de films, débats, expositions, conférences, déambulations, pique-niques et autres festivals.
lienEt puis les nouvelles ne sont pas bonnes pour
Areva, qui est en train d'abandonner le chantier
EPR d'
Olkiluoto.
Ce chantier commencé en
2005 devait être bouclé en
2010...aujourd'hui, il est question d'envisager qu'il soit terminé en
2018, voire en
2020, et ce renoncement de l'entreprise nucléaire consacre en quelque sorte le désastre de l'industrie nucléaire française.
lienSur la question du prix, c'est la bérézina aussi, puisqu'à l'image de l'autre
EPR, celui de
Flamanville, les prévisions de départ ont explosé, passant de
3,3 milliards initialement prévus, à
10 milliards aujourd'hui.
lienQuant à la « rénovation » des vieux réacteurs nucléaires français, on est passé des
55 milliards envisagés à
300 milliards, d'après un document interne d'
EDF.
lienSachant qu'aujourd'hui, seulement
18 millions de ménages payent l'impôt sur le revenu,
(lien) en partageant ces
300 milliards avec tous les contribuables, cela signifie que chaque foyer fiscal français payera pour le rafistolage des vieux réacteurs la modique somme de
16 600 euros, ce qui par ces temps de crise n'est pas une très bonne nouvelle.
D'autant plus dommage que ces
300 milliards seraient bien plus efficace à lancer enfin le chantier de la rénovation de l'isolation thermique des habitations française, et serait créateur de centaines de milliers d'emplois.
lienLa fameuse « transition énergétique » promise par celui qui n'était alors que candidat n'est toujours pas en route, au point que des groupes de citoyens ont pris le taureau par les cornes, en le mettant à l'ordre du jour, sans attendre des lendemains qui chantent.
lienEn attendant, pour le solaire et l'éolien, la transition énergétique, «
c'est pas maintenant » : alors qu'en
2013, le photovoltaïque à chuté de
45% par rapport à
2012, l'éolien n'est pas mieux loti, avec seulement
535 MW installés, contre
815 en
2012.
lienAu
Japon, Fukushima continue depuis
3 ans à cracher sa radioactivité, et le gouvernement vient d'inviter les villageois à retourner dans leurs maisons, alors que la radioactivité de
20 mSv/an y est
4 fois supérieure à celle autorisée pour les travailleurs du nucléaire.
lienComment qualifier cette décision ?
Comme dit mon vieil ami africain : «
le fou est l'échelle du sage ».
L'image illustrant l'article vient de « cartesfrance.fr »Merci aux internautes pour leur aide précieuse.Olivier Cabanel
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