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« Une chandelle à un kopeck a fait brûler Moscou »

Proverbe russe

La suite du feuilleton ukrainien: l'Europe comme un seul homme a pris des sanctions contre la Russie sans s'interroger sur les motifs réels de cette escalade et quelle est la responsabilité de l'Occident. Il semble qu'il y ait une décantation, la Russie semble prête à accepter que l'Ukraine échappe à son orbite, il lui reste deux cartouches, la région russophone de Donetz qui manifeste contre l'illégalité du pouvoir central installé de force par l'Occident à Kiev. La deuxième cartouche, de loin la plus importante, est comment récupérer la Crimée. Nous savons qu'elle a toujours appartenu à la Russie après l'avoir arrachée à l'Empire ottoman. Ce n'est qu'en 1954 que Nikita Kroutchev la rattache à l'Ukraine pensant ainsi sceller l'entrée de l'Ukraine dans le giron russe depuis 300 ans...

En 1991, tout en étant de majorité russophone, la Crimée a été finalement rattachée en tant que République autonome de Crimée, à une Ukraine devenue indépendante. Sa capitale est Simféropol. La péninsule est réputée pour ses vignobles, ses vergers, ses lieux de villégiature, ses sites archéologiques et ses zones touristiques, telle la station balnéaire de Yalta où ont été signés en 1945 les accords historiques entre Staline, Roosevelt et Churchill. La ville de Sébastopol, grand port de guerre sur la mer Noire au sud-ouest de la péninsule, ne fait plus partie de la République autonome de Crimée. Son secteur possède un statut administratif spécial au sein de l'Ukraine. Selon le recensement ukrainien de 2001, la population de Crimée comptait 2 033 700 habitants. Sébastopol est rattachée aux subdivisions de l'Ukraine; mais avec un statut particulier. En 2010, après de longues négociations, l'Ukraine prolonge le bail de la Russie sur le port de Sébastopol, jusqu'en 2042. La ville reste indépendante de la République autonome de Crimée et jouit d'un statut particulier au sein de la République d'Ukraine. Par ailleurs, Moscou conserve sa base militaire hautement stratégique, où sa flotte de la mer Noire stationne depuis le xviiie siècle.

Histoire brève de la Crimée

Correspondant à l'antique Tauride, elle a successivement fait partie, depuis le xve siècle, de l'Empire ottoman, de l'Empire russe et de l'Union des républiques socialistes soviétiques. Pour l'histoire récente la Crimée a été conquise par la Russie au xviiie siècle sur les Tatars, vassaux de l'Empire ottoman. À l'issue de la guerre russo-turque de 1768-1774 la Tauride et la Crimée devinrent russes.(... En 1853, l'Empire ottoman en plein déclin décida, avec le soutien de la Grande-Bretagne et de la France, de mettre un coup d'arrêt à l'expansion économique russe. Les alliés de circonstances attaquèrent la péninsule. Le conflit de 1854-1856 fut extrêmement meurtrier: 750 000 hommes périssent en trois ans. Cette guerre ruina durablement l'économie et les structures sociales de la Crimée. Ce fut surtout après 1860, que la Crimée se releva et devint une véritable riviera russe. Beaucoup de Tatars de Crimée, déjà réduits en nombre par l'émigration forcée vers l'Empire ottoman au xviiie et au début du xixe siècle, durent quitter la région en raison des guerres russo-ottomanes, de persécutions et de confiscations de terres. À la fin de la Première Guerre mondiale, après le retrait des Allemands à l'issue de la guerre, les bolcheviks russes furent confrontés aux indépendantistes de la République populaire ukrainienne, reconnue par la France et la Grande-Bretagne en janvier 1918, et qui déclare son indépendance le 22 janvier 1918, tandis que les forces anglaises et françaises s'installèrent à partir de novembre 1918 dans les principaux ports.»(1)

«Pendant la Seconde Guerre mondiale la Crimée fut le théâtre de sanglantes batailles où la Wehrmacht subit de nombreuses pertes pendant sa progression vers l'est. Les troupes soviétiques libérèrent définitivement la ville de Sébastopol en mai 1944. Les Tatars de Crimée furent tous déportés, sans exception, sous l'accusation d'avoir aidé les Allemands: le 30 juin 1945, la République socialiste soviétique autonome de Crimée fut abolie et rétrogradée en oblast de Crimée. Cet oblast resta néanmoins au sein de la République socialiste fédérative soviétique de Russie. En 1967, les Tatars de Crimée seront réhabilités; mais sans pour autant être autorisés à revenir dans la péninsule. Ils n'accéderont à ce droit qu'après la chute de l'Union soviétique.» (1)

«En début 1992, l'Ukraine réaffirme sa pleine souveraineté sur la Crimée. Cette situation provoqua entre la Russie et l'Ukraine, de nombreuses tensions (exacerbées par la présence sur la péninsule de l'ex-flotte soviétique de la mer Noire). La Crimée travailla alors à un projet de Constitution. Autre point de discorde, le retour et la réinstallation des Tatars de Crimée commence dans le même temps sur la péninsule. Et pour l'heure, leur langue n'est pas reconnue officiellement. Le peuple tatar est aujourd'hui toujours réparti en diaspora, en Asie centrale ou en Turquie. Le nombre des descendants des Tatars de Crimée présents en Turquie est estimé à 4 millions de personnes. Ces descendants de Tatars de Crimée qui résident en Turquie ne parlent plus leur langue d'origine, mais le turc. Le 5 mai 1992, la Crimée proclame sa première Constitution de La Crimée a donc décidé de rester au sein de l'Ukraine, mais en tant que région à statut spécial. Les langues officielles de la Crimée resteront le russe et l'ukrainien. La ville criméenne de Sébastopol accèdera à un statut spécial en Ukraine. Son arsenal portuaire de Sébastopol restera à la Russie, qui continuera à y entretenir sa flotte militaire stratégique du Sud.» (1)

Le rouleau compresseur des agressions occidentales

Depuis que l'Ukraine lit-on sur Wikipédia, a quitté l'orbite russe, le camp occidental continuant sur sa lancée de la disparition de l'Union soviétique n'a eu de cesse de provoquer la Russie en tentant de lui demander de réduire son influence d'abord, en dynamitant la CEI (suite de la débâcle de l'empire soviétique) en lui soustrayant les pays baltes. Ainsi, lit-on sur Wikipédia: «Le 19 juillet 1994, Leonid Koutchma (1994-2005) est élu 1er président d'Ukraine. Le 17 mars 1995, le Parlement d'Ukraine abolit la Constitution criméenne de 1992. De juin à septembre, c'est le président d'Ukraine, Koutchma, qui gouverne directement la Crimée par décrets présidentiels. Il en résulte un nouveau clivage entre pro-Russes et pro-Occidentaux, à l'intérieur même de l'Ukraine et de la Crimée. Des tensions ressurgissent alors concernant le statut de la ville de Sébastopol et sur les questions relatives à un éventuel retrait de la flotte russe stationnant en mer Noire. Le Parlement de Crimée vote alors une nouvelle série de lois constitutionnelles (octobre 1995), qui seront longtemps contestées par les autorités ukrainiennes, car affirmant l'autonomie de la Crimée. La situation restera bloquée pendant plusieurs années.» (1)

«Mais par la suite, grâce aux défaites des partis nationalistes ukrainiens et de celles des partis pro-européens nés de la chute du bloc soviétique, la Russie exerce à nouveau une influence certaine dans les affaires intérieures de l'Ukraine, et surtout de la Crimée. La Russie facilite la distribution de passeports russes à la population russophone de Crimée. Dans les années 1990 - 2000, la Géorgie indépendantiste connaît une semblable «passeportisation» des russophones Abkhazes et Ossètes du Sud qui veulent se rapprocher de la Russie. En 1997, le rattachement de la Crimée en statut autonome de l'Ukraine est officiellement reconnu par la Russie. La Crimée n'est pas un État souverain de plein droit. Mais son intégrité territoriale est affirmée sur le principe d'autonomie assorti d'une composition nationale particulière. Et enfin, elle possède son propre organe représentatif, la Verkhovna Rada (Parlement), un Conseil des ministres (organe exécutif), et un chef d'État. Après les années 2000 et à la suite de la crise économique de 2008-2009, elle chute tout à coup de 15%. Kiev est alors obligé de s'endetter auprès du FMI (en parallèle à ces événements, l'Ukraine qui a des difficultés à régler ses factures, fait fasse aux conflits gaziers russo-ukrainiens de 2005 à 2009. Ces évènements alimentent en arguments les mouvements pro-occidentaux de l'opposition ukrainienne et font monter les mécontentements dans les régions de l'Ouest qui, sur le plan économique, sont les moins riches de l'Ukraine.»(1)

Les provocations occidentales

Le débarquement de matériel militaire américain via l'Otan, le 27 mai 2006, dans le port criméen de Théodosie (Feodossia, en Crimée), en prévision de l'exercice Sea Breeze 2006, ravive fortement les querelles en Ukraine, ainsi que les passions en Crimée. Et l'autorisation de débarquement avait été donnée par le 3éme président d'Ukraine, le pro-occidental Viktor Iouchtchenko (2005-2010; alors que constitutionnellement, la décision relevait du seul Parlement ukrainien.» (1) Les élections législatives de 2007 donnent logiquement la victoire au Parti des régions de Ianoukovytch. Mais les «forces pro-occidentales» de Notre Ukraine et du Bloc Ioulia Tymochenko s'allient pour former un gouvernement de coalition. De plus, le «Parti des régions» qui est russophone et dirigé par Volodymyr Rybak, remporte sans surprise les élections parlementaires criméennes, avec une majorité écrasante (80 des 100 sièges). Courant 2013, l'Union européenne propose un accord d'association avec une Ukraine dont les caisses étatiques sont à nouveau vides. Mais le président russe, Vladimir Poutine, ambitionne un rapprochement des pays anciennement soviétiques. Il fait des propositions d'aide à l'Ukraine pour 15 milliards de dollars. Et le Parlement ukrainien décide finalement, de refuser par vote l'accord de l'Union européenne. En novembre 2013, des manifestations dites «Euromaïdan» issues de l'ancienne révolution orange (2004-2005) commencent dans l'ouest du pays et dans la capitale de l'Ukraine; régions à tendances pro-européennes. Le 22 février 2014, ces manifestations devenues très violentes aboutissent à la prise du palais présidentiel et de l'Assemblée parlementaire de Kiev; ainsi qu'à la destitution du 4éme président d'Ukraine, le pro-russe Viktor Ianoukovytch (2010-2014), Parti des régions ». (1)

« En fin février 2014, suite au changement de pouvoir à Kiev, la république de Crimée, région très majoritairement russophone, est en proie à des tensions séparatistes de l'Ukraine. La Crimée annonce qu'elle ne reconnaît pas le nouveau président ukrainien (23 février 2014) par intérim, Olexandre Tourtchinov et ses nouvelles autorités provisoires en Ukraine. Le 27 février 2014, le Parlement de la Crimée vote la tenue d'un référendum sur la question d'une autonomie renforcée vis-à-vis de Kiev (...) Le 1er mars 2014, des groupes criméens d'autodéfense armés, ainsi que des troupes et blindés russes basés dans le port criméen de Sébastopol, se répartissent sur des points stratégiques de la péninsule de Crimée, Le 6 mars, les atlantistes se réunissent et évoquent des rétorsions et sanctions non militaires. Le même jour, la région proclame son rattachement à la Russie et le Parlement de la République autonome vote l'organisation d'un référendum le 16 mars 2014 pour le confirmer.» (1)

La mécanique diabolique de l'Otan

En Ukraine, moins d'une semaine après l'arrivée de troupes en Crimée, un référendum est annoncé pour le 16 mars sur le rattachement de cette région à la Russie. A l'issue d'un sommet extraordinaire consacré à la crise ukrainienne, jeudi 6 mars, l'Union européenne a annoncé les premières sanctions politiques contre la Russie. Les dirigeants européens ont décidé de suspendre les négociations sur les visas avec Moscou et menacé de prendre davantage de sanctions, notamment économiques, si la situation continuait à se détériorer en Ukraine. Aux Etats-Unis, Barack Obama a ordonné la mise en place de restrictions de visas «sur un certain nombre de responsables et d'individus» qui sont tenus pour «responsables ou sont complices de menacer la souveraineté» de l'Ukraine, selon la Maison-Blanche. Le président américain a par ailleurs, signé un décret qui autorise des gels d'avoirs, visant potentiellement.

Pour Michel L'homme tout est calculé: «La Sixième flotte américaine, l'une des plus grandes flottes du monde, se déplace vers la Crimée. C'est environ 40 navires, 175 avions et 21 000 personnes. Des troupes de l'Otan auraient aussi débarqué en Ukraine occidentale dans la région de Lviv. Ces informations proviennent directement du député du peuple de l'Ukraine, Oleg Tsarev. Selon lui, un débarquement de soldats de l'Otan se déroule à Lviv.» On signale aussi la présence de soldats ukrainiens dans les navires de guerre américains de mer Noire. Ainsi, alors que l'on parle de dialogue, de diplomatie, les deux fronts américano-russe se rapprocheraient militairement de la confrontation. Des chars polonais ont été aperçus se déplaçant le long de la frontière avec l'Ukraine. L'armée turque a été placée en état d'alerte. Barack Obama insiste et récidive en dénonçant faussement une violation par Moscou du droit international, jugeant que la Russie est du «mauvais côté de l'Histoire» en Ukraine. Les Occidentaux n'ont-ils pas délibérément violé le Mémorandum de Budapest de 1994?» (2)

«Pourquoi tant d'acharnement poursuit Michel L'homme? En fait, la situation financière de l'Occident est au bord d'un krach boursier sans précédent, d'un vide abyssal. Saisir «économiquement» la Russie, c'est aussi comme en Libye racheter ses banques, opérer une razzia et entraîner tout l'Est de l'Europe dans le consumérisme américain, s'approprier les plaines riches de l'Ukraine et ses matières premières. Cette opération de main basse étatsunienne sur l'Ukraine a commencé quand, en 1991, s'est désagrégée l'Union soviétique. A la place d'un seul Etat, il s'en était formé quinze, dont l'Ukraine. Les Etats-Unis et leurs alliés européens se sont alors activés pour tirer le plus grand avantage de la nouvelle situation géopolitique. Les premiers pays de l'ex-Pacte de Varsovie (Pologne, République tchèque et Hongrie) rejoignent très vite l'Union européenne et l'Otan. Puis, en 2004 et 2009, l'Otan incorpore l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, la Croatie et l'Albanie. L'Ukraine, dont le territoire de 600.000 km² fait tampon entre l'Otan et la Russie, et qui est traversé par les couloirs énergétiques entre la Russie et l'Union européenne reste par contre autonome (Mémorandum de Budapest) » (2).

« Mais l'Ukraine, conclu Michel L'Homme, entre dans le «Conseil de coopération nord-atlantique» et, en 1994, dans le «Partnership pour la paix», en contribuant aux opérations de «peacekeeping» dans les Balkans. En 2002 a été adopté le «Plan d'action Otan-Ukraine» et le président ukrainien de l'époque, le président Kuchma annonça alors son intention d'adhérer à l'Otan. En 2005, dans le sillage de la «révolution orange», le président Yushchenko fut invité au sommet Otan à Bruxelles. Immédiatement après, était lancé un «dialogue intensifié sur l'aspiration de l'Ukraine à devenir membre de l'Otan» et, en 2008, le sommet de Bucarest donna le feu vert pour cette adhésion. On saisit maintenant la décision ultime du 'grand coup'': l'Otan se sent sûre de pouvoir accomplir un nouveau pas dans son extension à l'Est, en englobant dans ses plans la moitié de l'Ukraine et en réservant la moitié pauvre du territoire à l'Union européenne».(2)

A qui le tour si des pays anciens qui ont sédimenté peuvent être mis en pièce Que dire e pays en pleine errance qui fotn plus dans des certitudes qui tiennent de la méthode Coué que d'une réelle force?

1. La Crimée: Encyclopédie Wikipédia

2. Michel Lhomme le 21/02/2014 http://www.metamag.fr/metamag-1846-L-Ukraine-guerre-civile-Coup-d-Etat-ou-debut-du--grand-coup--.html.html