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Samedi dernier, tandis que le vice-président américain Joseph Biden était présent dans l'audience, a eu lieu l'investiture du milliardaire Petro Poroshenko en tant que président de l'Ukraine. Livrant un discours belliqueux, il a promis de confronter la Russie, de réprimer le mouvement séparatiste dans l'est de l'Ukraine et de militariser le pays en entier. Ce faisant, il a indiqué qu'il prévoyait imposer des mesures d'austérité brutales à la classe ouvrière ukrainienne.

Poroshenko a commencé son discours en rendant hommage aux forces fascistes qui ont mené sa montée au pouvoir, à travers un coup d'État appuyé par les États-unis et l'Union européenne suivi d'une élection tenue le 25 mai alors que régnaient la terreur et la violence militaire dans l'est de l'Ukraine. Il a exprimé son enthousiasme pour la «révolution victorieuse» de «guerriers» et de «patriotes ukrainiens».

Même si les médias occidentaux l'ont qualifié de puissante performance, son discours a démontré que Poroshenko n'est rien de plus qu'un représentant de l'impérialisme allemand, et particulièrement de l'impérialisme américain, et que celui-ci dépend entièrement d'eux. Adoptant une attitude provocatrice envers la Russie, il a déclaré qu'il n'accepterait jamais l'annexion de la Crimée par Moscou et a promis de violer l'accord de Budapest qui interdit le déploiement de forces militaires occidentales à l'intérieur d'ex-États soviétiques.

«La Crimée occupée par la Russie, qui était, est, et sera à nouveau une terre Ukrainienne», a insisté Poroshenko. Faisant référence à une brève rencontre avec le président Vladimir Poutine pendant les commémorations du débarquement en France, il a dit: «Hier, au cours d'une rencontre en Normandie, j'ai dit au président Poutine: La Crimée est une terre Ukrainienne. Point. Il ne peut y avoir de compromis sur la question de la Crimée, le choix européen et la structure de l'État.»

Revenu tout juste de négociations en France avec le président américain Barack Obama, Poroshenko a exclu toute négociation avec les forces séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine. Il a promis de mettre fin sans délai à la résistance au coup pro-occidental de février mené par des fascistes à Kiev.

Il a décrit ceux qui détiennent le pouvoir dans une douzaine de villes de l'est comme des «bandits», des «criminels», des «terroristes» et des «mercenaires russes», laissant ainsi présager une offensive renouvelée de la part de l'armée ukrainienne et de ses alliés des milices de droite.

Pendant que Poroshenko prononçait son discours, une tentative d'assassinat contre Denis Pushilin, un dirigeant pro-russe à Donetsk, a causé la mort par balles de l'un de ses assistants, Maksym Petruhin. Des photos circulant dans les médias russes montrent Petruhin en complet, face au sol dans la rue, à côté d'une voiture stationnée criblée d'au moins 7 balles dans la portière arrière.

«Pour que la paix soit permanente, nous devons nous habituer à être toujours prêts au combat», a déclaré le magnat connu en Ukraine sous le nom de «roi du chocolat». «Nous devons garder notre poudre à canon au sec. L'armée et son rééquipement à travers le développement d'un complexe militaro-industriel national est notre priorité absolue... Notre armée doit devenir une véritable élite de la communauté Ukrainienne.»

Soutenant que la population Ukrainienne doit faire de «grands sacrifices», Poroshenko a déclaré: «Ceux qui ne veulent pas dépenser de l'argent pour les forces armées alimentent l'armée étrangère... Nos alliés les plus fiables et les meilleurs garants de la paix sont notre armée, notre flotte, notre Garde nationale et nos forces spéciales professionnelles.»


Commentaire : Cela ressemble fortement à la phrase « Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous » de George W. Bush.


Lors d'une rencontre entre Poroshenko, Biden a réitéré l'appui des États-Unis pour son régime. «Les États-Unis sont avec vous», a dit Biden. «Ce n'est pas de l'exagération.»

En plus de la visite de Biden, la Maison-Blanche a annoncé un plan d'aide de 48 millions de dollars pour l'Ukraine, ainsi que 8 millions $ pour la Moldavie et 5 millions $ pour la Géorgie, qui doivent toutes deux signer des ententes avec l'UE ce mois-ci.

D'après une déclaration de la Maison-Blanche, l'aide serait destinée à assister le gouvernement Ukrainien dans «la mise en oeuvre de réformes clés, la construction des forces de l'ordre, et le renforcement de l'unité nationale». Cette entente engage spécifiquement les États-Unis à défendre «la souveraineté et l'intégrité territoriale» ainsi que le «développement économique» de l'Ukraine, incluant des «réformes requises pour mettre en œuvre les programmes du FMI et de la Banque mondiale».

Poroshenko a promis de trouver rapidement une entente économique avec l'UE, une entente que le gouvernement précédent préférait éviter en novembre dernier, craignant les troubles sociaux qui seraient déclenchés par les mesures d'austérité imposées par l'UE et le FMI. «J'ai la plume en main», dit-il, soulignant que l'accord d'association avec l'UE n'est que la première étape vers «l'intégration complète de l'Ukraine à l'UE».

Le gouvernement intérimaire non-élu installé en février a déjà commencé à imposer les mesures d'austérité requises par l'UE et le FMI, incluant l'abandon de subventions en matière d'énergie et laissant la monnaie, la hryvnia, se déprécier de 30 pour cent par rapport au dollar américain. Les prix d'essence moyens pour les ménages ukrainiens ont commencé à augmenter de plus de 50 pour cent au mois de mai et le prix du chauffage doit augmenter de 40 pour cent à partir de juillet.

Des mesures bien plus sévères sont à venir, incluant un gel des salaires du secteur public, des licenciements de masse parmi les fonctionnaires, l'annulation d'augmentation de pensions prévues et une panoplie de coupes dans les dépenses sociales.

Le Wall Street Journal a rapporté des craintes concernant la capacité de Poroshenko à livrer la marchandise. «On dirait que la population est prête à accepter ce déclin du niveau de vie», dit Vitaliy Vavryshchuk au journal, directeur des recherches de la société de placements SP Advisors basée à Kiev, mais les Ukrainiens s'attendent à une reprise économique. «Leur patience a des limites», a-t-il averti.

Malgré tous les efforts des puissances occidentales et des médias serviles qui tentent de présenter Poroshenko comme une personnalité populaire et démocratique, il est un représentant particulièrement vénal de l'élite ukrainienne corrompue qui s'est enrichie en pillant le patrimoine de l'ex-Union soviétique. Il a tenu des postes de ministre importants sous le gouvernement pro-occidental du président Viktor Yushchenko qui avait résulté de la «révolution orange» appuyée par les États-Unis et l'UE en 2004, ainsi que sous le gouvernement aligné sur Moscou du président Viktor Yanukovych récemment chassé du pouvoir.

Ayant servi comme ministre des Affaires étrangères de Yushenko et ministre du Commerce de Yanukovych, Poroshenko est bien connu dans les coulisses du pouvoir de l'Occident comme un instrument malléable pour la promotion de ses intérêts.

Le président russe Vladimir Poutine qui, comme Poroshenko, représente l'oligarchie qui est née de la liquidation de l'Union soviétique, cherche désespérément un accord avec le régime de Kiev et Washington. Lors d'une conférence de presse, après avoir rencontré Poroshenko pendant environ 15 minutes en France, il a déclaré: «J'ai aimé son attitude», ajoutant: «Je ne peux qu'accueillir la position de Poroshenko sur la nécessité de mettre fin au bain de sang dans l'est de l'Ukraine immédiatement.»

Il y a plusieurs raisons de croire que Poutine est prêt à donner carte blanche à Poroshenko pour briser la résistance dans l'est de l'Ukraine. Le Wall Street Journal rapporte que pendant des semaines, «Poutine a envoyé des signaux à l'Ouest essayant de distancer le Kremlin des actes des rebelles et suggérant qu'il était prêt à appuyer des efforts pour réduire la violence dans l'est de l'Ukraine.»

Moscou a renvoyé son ambassadeur, Mikahil Zurabov, à Kiev pour qu'il participe aux festivités entourant l'investiture et des médias russes ont rapporté que Poutine avait ordonné des contrôles plus stricts aux frontières pour empêcher que des gens aillent lutter contre le régime de Kiev.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande auraient rencontré Poutine et Poroshenko, cherchant à faciliter une entente. L'impérialisme allemand et français, bien qu'entièrement en accord avec le coup d'État de Kiev, ont des liens économiques et énergétiques avec la Russie ainsi que des aspirations historiques qui leur sont propres pour dominer l'Ukraine et la Russie. Par contre, Washington a clairement exprimé son désir de poursuivre ses buts: exploiter la crise Ukrainienne afin de subjuguer la Russie et la transformer en semi-colonie des États-Unis.