Traduction : SOTT
Réserve fédérale illustration
© Inconnu
Que diriez-vous si je vous disais que les étasuniens avaient une dette de près de 60 000 milliards de dollars ? Eh bien c'est vrai. Lorsque vous cumulez toutes formes de dettes, incluant la dette du gouvernement, du commerce, la dette des crédits immobiliers et la dette-consommateurs, nous atteignons 59 400 milliards de dollars de dettes [43 676 milliards d'euros - NdT]. C'est une somme d'argent tellement énorme qu'il est difficile de la décrire avec des mots.

Par exemple, si vous viviez à l'époque de la naissance de Jésus-Christ, et que vous aviez dépensé 80 millions de dollars [environ 59 millions d'euros - NdT] chaque jour depuis, vous n'auriez toujours pas dépensé aujourd'hui 59 400 milliards de dollars [43 676 milliards d'euros - NdT].

Et la majeure partie de cette dette a été cumulée dans les récentes décennies. Si vous retournez quarante ans en arrière, la dette totale des États-Unis se situait aux environs de 2 200 milliards de dollars [1 618 milliards d'euros - NdT]. D'une façon ou d'une autre, durant les quatre dernières décennies, nous avons permis que la dette étasunienne devienne approximativement vingt-sept fois plus grande.

C'est d'une démence absolue, et quiconque pense que ceci est viable est dans l'illusion totale. Nous vivons dans la plus grande bulle de dettes de tous les temps, et il est impossible que cela se termine bien. Regardez le graphique...
Graphique dettes USA
© Conseil d'administration des Gouverneurs du système de Réserve Fédérale.Les zones grisées indiquent les périodes de récessions aux U.S.A. - 2014 research.stlouisfed.org
Quand la dernière récession est survenue, la dette totale des États-Unis a en fait commencé à décroître pour une courte période de temps.

Mais ensuite la Réserve Fédérale et nos politiciens à Washington ont fiévreusement travaillé à ré-enfler la bulle et assurèrent à tout un chacun que tout allait être super. Alors les étasuniens sont de nouveau devenus dépensiers, et maintenant la dette totale des U.S.A. retrouve quasiment la même trajectoire ascendante qu'avant et a atteint un nouveau recordjamais égalé.

Nous observons une chose similaire lorsque nous regardons un graphique sur la dette des consommateurs aux États-Unis...
Graphique dette USA
© Conseil d'administration des Gouverneurs du système de Réserve Fédérale.Les zones grisées indiquent les périodes de récessions aux U.S.A. - 2014 research.stlouisfed.org
Après la récession, découper ses cartes de crédit et sortir de la dette est devenue pendant un moment une mode. Mais cette lubie est passée rapidement n'est-ce pas ?

C'est comme si 2008 n'était jamais arrivé. Nous faisons à nouveau les mêmes erreurs avec la dette.

Comme je le notais récemment, le total du crédit à la consommation aux U.S.A. a augmenté de 22 % ces trois dernières années seulement, et 56 % des étasuniens ont actuellement un crédit subprime en cours.

Et avez-vous remarqué qu'un grand nombre de gens n'ont pas peur aujourd'hui de [Auteur in1] prolonger leurs dettes pour se payer un véhicule flambant neuf ?

Durant le premier trimestre de cette année, le montant moyen de l'emprunt pour un véhicule s'est élevé à un nouveau record historique de $27 612 [20 303 euros - NdT].

Il y a cinq ans, ce chiffre était de seulement $24 174 [19 980 euros - NdT].

Et comme je l'ai fais remarquer dans un récent article, le montant moyen du paiement mensuel pour une voiture est à présent monté à $474 [350 euros - NdT].

C'est pratiquement un remboursement de crédit immobilier.

En parlant de crédit immobilier, même si les ventes de maisons ont chuté et que le taux de propriétaires aux États-Unis est le plus bas enregistré depuis 19 ans, un très large pourcentage de ceux qui possèdent une maison sont toujours surrendettés.

En fait, une étude récente a découvert qu'un énorme pourcentage des étasuniens (52 %) ne peuvent toujours pas s'offrir la maison dans laquelle ils résident.

En même temps, un nombre croissant d'étasuniens agissent comme si la dernière crise n'était jamais arrivée et considèrent leurs maisons comme des tirelires. Les prêts sur valeur recommencent à grimper et quand la prochaine grande crise va frapper, un grand nombre de ces personnes vont se retrouver avec de gros problèmes financiers.

On a beaucoup écrit sur ce qui n'allait pas avec l'industrie immobilière, mais la vérité est que les prix des maisons sont toujours trop élevés et que les jeunes adultes ne peuvent pas en acheter car ils sont déjà submergés par un énorme montant de dettes avant même qu'ils en soient au point d'acheter une maison.

En réalité, une étude récente a trouvé que 47 % des gens de la génération du millénaire dépensent au moins la moitié de leur paie pour rembourser leur dette...
« Quatre personnes [de la génération du millénaire] sur dix se disent « submergés » par leur dette - près du double du nombre des baby-boomers qui ressentent cela, selon une étude la Wells Fargo sur plus de mille six cents personnes de la génération du millénaire entre vingt-deux et trente-trois ans, et mille cinq cents personnes de la génération du Baby Boom entre quarante-neuf et cinquante-neuf ans.

Pour essayer de s'en sortir, 47 % disent qu'ils déboursent près de la moitié de leur paie mensuelle à régler leurs dettes... »
Lorsque j'ai lu cela, j'étais absolument effaré.

Bien entendu la plus grosse dette à laquelle doivent faire face les jeunes adultes est la dette des prêts étudiants. Selon la Réserve Fédérale, il y a maintenant plus de 1 200 milliards de dollars [883 milliards d'euros - NdT] de dette étudiante dans ce pays, et près de 124 milliards de dollars [92 milliards d'euros - NdT] de ce total représente plus de 90 jours d'impayés.

Ce que nous avons fait à notre jeunesse est honteux. Nous les avons encouragé à signer pour la vie un esclavage de dette avant même qu'ils comprennent ce qu'est la vie. L'extrait suivant est tiré de mon article précédent intitulé « Est-ce que l'université est une perte de temps et d'argent ? »
« Aujourd'hui, aux U.S.A., près des deux tiers des étudiants universitaires obtiennent leur diplôme avec un prêt étudiant, et la moyenne de la dette s'élève régulièrement. En fait, une étude a démontré que « 70 % de la promotion 2013 a été reçu avec une dette relative aux études universitaires d'en moyenne $35 200 [25 900 euros - NdT] - incluant les prêts fédéraux, les prêts d'État et les prêts privés, aussi bien que les dettes contractées par la famille et accumulées à travers les cartes de crédit. »

Ce serait déjà assez grave si la plupart de ces étudiants avaient des jobs décents qui leur permettent d'assumer cette dette.

Mais malheureusement, ce n'est bien souvent pas le cas. Il a été estimé que près de la moitié des étudiants diplômés ont des emplois qui ne requièrent même pas un diplôme universitaire. »
Considérant ce que vous venez de lire, est-ce une surprise que la moitié de tous les étudiants diplômés soient toujours dépendants de leurs parents deux ans après leur sortie de l'université ?

Selon le U.S. Census Bureau [Bureau du recensement des États-Unis - NdT], seulement 36 % de tous les étasuniens de moins de trente-cinq ans possèdent leur habitation. C'est le plus bas niveau jamais enregistré.

Et nous sommes en train de transmettre à nos jeunes la plus grande dette de toute l'histoire de l'humanité. Pesant 17 500 milliards de dollars [12 870 milliards d'euros - NdT], la dette nationale étasunienne est un monstre colossal. Et la plupart de cette dette a été cumulée les quarante dernières années. En réalité, il y a quarante ans, la dette nationale étasunienne était de moins de 500 milliards de dollars [368 milliards d'euros - NdT].

Mais c'est juste le commencement. Tandis que le « tsunami démographique » des Baby Boomers balaie notre économie, nous allons devoir faire face à une vague d'encre rouge comme nous n'en avons jamais contemplé.

En attendant, le reste de la planète croule également sous les dettes.

Comme je ai écrit à propos l'autre jour, le montant total de la dette mondiale a atteint un nouveau record historique de $223 300 000 000 000. [164 200 000 000 000 d'euros - NdT]

Nos « élites » continuent d'agir comme si ces niveaux d'endettement pouvaient croître plus vite que le niveau de la croissance économique globale, et ce indéfiniment.

Mais n'importe qui avec une once de sens commun sait qu'on ne peut pas dépenser plus d'argent qu'on en rapporte éternellement.

À un moment donné, le jour du jugement arrive.

L'année 2008 aurait dû être un appel majeur au réveil qui aurait résulté en changements massifs. Mais à la place, nos « élites » ont juste recollé l'ancien système et ré-enflé les vieilles bulles, de sorte qu'elles sont à présent bien plus grandes qu'elles n'étaient auparavant.

Ils disent qu'ils savent exactement ce qu'ils font et que tout va bien se passer.

Malheureusement, ils se trompent lourdement.

À propos de l'auteur

Michael Snyder est écrivain, conférencier et activiste qui écrit et édite ses propres blogs The American Dream et Economic Collapse Blog. Suivez-le sur Twitter ici.