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Nous retranscrivons ici les sous-titres français d'une vidéo intitulée « Netanyahou : voilà comment j'ai cassé les accords d'Oslo avec les palestiniens ». On y voit l'actuel premier ministre, Benjamin Netanyahou, en visite dans la colonie d'Ofra en 2001 (à l'époque, il n'était plus en fonction au gouvernement). Ses propos sont édifiants : il y explique tranquillement comment il a réussi à duper tout le monde : Yasser Arafat, les palestiniens, Bill Clinton, les USA, l'ONU... Faites-vous votre propre avis.

Un colon : « [...] et je te dis, Bibi, ça reste entre nous bien sûr, rien n'est censé filtrer. On a l'impression que vous dites une chose quand vous n'êtes pas au pouvoir. Mais dès que vous arrivez au pouvoir, il y a comme un chape de plomb qui vous empêche d'agir. Comment ça se fait ? »

Benjamin Netanyahou : « Éteignez votre caméra et on pourra peut-être... »

Quelques minutes plus tard, la caméra tourne à nouveau.

Benjamin Netanyahou : « Aujourd'hui, tout le monde comprend le slogan « les colonies sont là ». Ce slogan est partout. Quelle est la différence ? Qu'est-ce qu'il veut, Arafat ? Une immense colonie appelée Tel Aviv. Pour les palestiniens, les eaux territoriales, je suppose, sont à eux aussi. Qu'ils veuillent nous jeter à la mer, c'est une évidence, et beaucoup plus loin encore. Avant tout, il faut les frapper, non pas une fois, mais plusieurs, et si violemment, que le prix à payer soit très élevé. Jusque là, il a été supportable. Une attaque massive contre l'Autorité Palestinienne, qui leur fasse croire que tout va s'écrouler. C'est la peur qui les fait... »

Un colon : « Mais attends, on dira que nous les agressons... »

Benjamin Netanyahou : « Qu'ils disent ce qu'ils veulent ! »

Un colon : « Et tu n'as pas peur de ce qu'ils vont dire, Bibi ? »

Benjamin Netanyahou : « Non ! Surtout aujourd'hui, avec les USA... Je les connais bien. Tu peux les manipuler comme tu veux, et les faire aller dans la bonne direction. Et même s'ils disent quelque chose... Ils vont dire quelque chose, et alors ? 80% des américains nous soutiennent ! C'est idiot ! Nous avons un tel soutien là-bas et ici, on pense à ce qu'on devrait faire « si »...
Tu vois, je n'ai pas eu peur de manipuler Clinton. Je n'ai pas eu peur de me confronter à lui, ni d'aller contre l'ONU. »

Un colon : « Que s'est-il passé avec les accords d'Oslo ? »

Benjamin Netanyahou : « Les accords, bon, ils ont été ratifiés par le Parlement. On m'a demandé avant les élections : les respecterez-vous ? J'ai dit oui mais sous réserve de réciprocité. Et en accordant les retraits au compte-goutte. Mais comment faire ? J'ai donné ma propre interprétation des accords pour éviter l'histoire des frontières de 67. »

Un colon : « Comment avons-nous réussi à faire ça ? »

Benjamin Netanyahou : « Personne n'a réussi à définir ce que sont les « Installations militaires ». Pour moi, ce sont des zones de sécurité. La Vallée du Jourdain dans sa totalité est une « Installation militaire ». Personne n'a... Oui, comme la Vallée Beit She'an. Va savoir. Mais après se posait la question de savoir qui définirait ces « Installations militaires ». J'ai reçu une lettre du Secrétaire d'État W. Christopher, adressée à moi et à Arafat, qui disait qu'Israël, et Israël seulement, aurait la légitimité à statuer sur leur existence, leurs emplacements, leurs tailles.

Ils n'ont pas voulu donner cette lettre. Donc j'ai refusé de ratifier les accords d'Hébron. J'ai interrompu la réunion et j'ai dit : « je ne signerai pas ». Et c'est seulement quand la lettre est arrivée pour moi et Arafat, que j'ai signé les accords d'Hébron. Ou plutôt ratifié puisqu'ils étaient déjà signés. Pourquoi est-ce que c'est important ? Parce qu'à cet instant, en fait, j'ai mis un terme à la réalisation des Accords d'Oslo. Il vaut mieux donner 2% que 100%. Et voilà le choix auquel nous sommes confrontés. Tu as donné 2% plutôt que 100%, et tu as empêché le retrait. La sagesse n'est pas d'être là et de tout casser, mais plutôt d'être là et de payer le minimum. »