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Armes de l’Otan en vue ? Des séparatistes pro-russes observent avec précision leurs adversaires. Reuters
Les États-Unis entreprendront lundi prochain des manœuvres conjointes avec la marine ukrainienne. Pour augmenter la tension, Kiev prétend attendre des livraisons d'armement de la part de plusieurs pays membres de l'Otan. Qu'est-ce qui se cache derrière tout cela ?

Malgré les protestations de la Russie, les marines des États-Unis et de l'Ukraine commencent en mer Noire des manœuvres conjointes. Le but de cet exercice de trois jours [du 8 au 10 septembre, NdT] nommé « Sea Breeze 2014 » sera de « garantir la sécurité maritime dans un contexte de crise », a déclaré le ministère de la Défense à Kiev.

La Russie déplace un croiseur

Les manœuvres dans la partie Nord-ouest de la mer font partie d'un programme de coopération. Le Canada, la Roumanie, l'Espagne et la Turquie participent aussi à l'exercice

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Déjà au début de l’année le destroyer US Truxtun était entré en mer Noire par le Bosphore. Keystone
La Russie avait déjà critiqué ces manœuvres dans le contexte de la crise de l'Ukraine de l'est comme « totalement inappropriées ». L'amirauté de Moscou a transféré le croiseur lance-missiles russe « Moskva » en Méditerranée. Le navire de la flotte de la mer Noire a traversé le Bosphore dimanche, devant la ville turque d'Istanbul.

Kiev : des armes des pays de l'Otan

Le gouvernement ukrainien a, quant à lui, semé la confusion, en faisant des déclarations à propos de livraisons d'armes de la part de différents pays de l'Otan. Les États-Unis, la France, l'Italie, la Pologne et la Norvège auraient promis un soutien de ce type au gouvernement pro-occidental pour l'aider dans sa lutte contre les séparatistes de l'est, c'est ce qu'a déclaré le conseiller présidentiel ukrainien Yuri Lutsenko à Kiev.

Les États-Unis, la Norvège et la Pologne ont immédiatement réfuté l'information. « Il n'a été pris aucune décision, lors du sommet de l'Otan, sur la fourniture par la Pologne d'armes modernes à l'Ukraine », a tweeté le ministre polonais de la Défense Tomasz Siemoniak. Jusqu'à présent, la Pologne a fourni à l'Ukraine, entre autres, des casques et des gilets pare-balles, ainsi qu'une assistance humanitaire.

Au cours des dernières semaines, il a été maintes fois répété dans les médias polonais que l'Ukraine a demandé des livraisons d'armes à la Pologne. Les membres du gouvernement ont toujours souligné, à ce sujet, que la Pologne ne saurait prendre seule une telle initiative, sans être couverte par une décision de l'Otan.

Lors du dernier Sommet de l'Union européenne, fin août 2014, la chancelière allemande Angela Merkel avait déjà fermement rejeté l'idée que son pays ne livre des armes à Kiev. Les dernières déclarations entendues ont été un démenti des États-Unis. « Ces informations sont incorrectes », a déclaré la porte-parole du Conseil national de sécurité, Caitlin Hayden. Il y a eu une série de demandes ukrainiennes d'aide supplémentaire pour sa sécurité, « et nous explorons maintenant toutes les possibilités pour voir comment nous pouvons aider davantage l'Ukraine ».

Rome : des casques et des gilets pare-balles

La Norvège a également démenti l'information ukrainienne. Rome n'a fait tout d'abord aucun commentaire officiel. Par contre il a été dit dans les médias que l'Italie ne fournirait pas d'armes mais, en coordination avec d'autres membres de l'Union européenne et / ou membres de l'Otan, du matériel militaire non létal, tels que des gilets pare-balles ou des casques.

L'Otan a décidé, lors de son dernier sommet, que chaque État membre pourrait à l'avenir fournir des armes aux forces armées ukrainiennes. Le Président de l'Ukraine Petro Porochenko a parlé d'armes de précision. Il n'a nommé aucun pays en particulier.

La Russie a réagi avec inquiétude. Alexei Puschkow, politicien très influent à l'étranger, a exhorté avec insistance l'Otan à clarifier pour quel usage les armes seraient fournies et contre qui elles devraient être employées.

Nouvelles négociations à Minsk

Pendant ce temps, les séparatistes pro-russes aspirent maintenant, apparemment, à une sécession complète de l'autorité centrale, ainsi qu'ils l'ont annoncé dimanche soir [7 septembre 2014]. Le leader séparatiste Alexander Sachartschenko a déclaré à la station de radio moscovite Kommersant-FM que les rebelles pourraient se réunir « dans sept à huit jours » à Minsk avec des représentants de l'Ukraine, la Russie et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) :

Le thème de la réunion dans la capitale biélorusse pourrait être l'indépendance autoproclamée des « Républiques populaires »de Donetsk et de Lougansk. « Le statut particulier négocié avec Kiev n'est pas définitif », a déclaré Sachartschenko. Kiev rejette toute idée de sécession.

« Nous nous battons pour une nouvelle Russie »

Le leader séparatiste Pawel Gubaryov a déclaré que les insurgés n'avaient pas renoncé à leur projet d'un État indépendant nommé Novorossia (Novorussie) dans l'est de l'Ukraine. Il a appelé à un référendum officiel dans les régions au sujet de la poursuite de l'association avec l'État ukrainien. « Nous nous battons pour une Novorussie de Lougansk à Odessa », a dit Gubaryov.

Quant à elle, la Russie a annoncé des contre-mesures aux nouvelles sanctions de l'Union européenne contre Moscou, qui doivent être mises en œuvre prochainement par Bruxelles. Par ces menaces, l'UE envoie un fort signal de soutien aux « partisans de la guerre » de Kiev, a averti le ministère des affaires étrangères de Moscou.

Traduit part Jean-Claude