Gulf Stream
© eWorldPost
Une étude parue dans la revue scientifique « Nature » fait état d'un ralentissement du Gulf Stream, ce courant chaud qui traverse l'Atlantique et qui vaut un climat tempéré en Europe de l'ouest. Ce ralentissement, lié en partie à l'apport des eaux de fonte des glaces arctiques, pourrait refroidir considérablement l'Europe dans les décennies à venir.

Le Gufl Stream est l'un des courants marins les plus puissants de la planète : prenant naissance vers les Bahamas, il draine des eaux tièdes le long de la côte Est des Etats-Unis puis se dirige vers l'Europe de l'ouest en traversant l'océan Atlantique. Grâce à lui, la douceur règne sur l'ouest de la France, les îles britanniques et même, de façon plus relative, l'Islande et la Norvège.

Les eaux se refroidissent

La problématique n'est pas nouvelle : dès les années 1970, des climatologues mettent en évidence des arrêts du Gulf Stream dans les temps géologiques, ayant plongé à plusieurs reprises l'hémisphère nord dans un climat arctique : la dernière fois remonte à 8000 ans. Plusieurs théories sont avancées pour expliquer des ralentissements du Gulf Stream, la principale étant l'apport des eaux froides et non salées issues de la fonte des glaciers du Groënland et de la banquise arctique. Cette fonte étant liée au réchauffement climatique contemporain, on peut dire qu'il s'agit donc d'un effet secondaire du changement climatique mondial. Dans ce cas, le réchauffement entraînerait donc un refroidissement.

Les eaux froides et non salées obligent alors les eaux chaudes du Gulf stream à plonger vers les profondeurs, et à reculer vers le sud, modifiant alors la circulation globale océanique, dite « circulation thermocline ». Dans ce cas, les eaux de surface de l'Atlantique nord se refroidissent, ce qui est déjà observé depuis quelques années dans les parages du Labrador et de Terre-Neuve. Cela est d'ailleurs l'une des causes des hivers rigoureux qu'ont connu le nord-est des USA et le Québec.

Europe : aussi froid qu'au Canada?

En aucun cas, le Gulf stream ne s'arrêtera : en tous cas, pas pour l'instant. Mais il est clairement démontré qu'il ralentit et s'affaiblit. Dans l'hypothèse où le réchauffement climatique en serait la cause, cet état de fait pourrait se prolonger encore pendant un temps indéterminé. Au final, le refroidissement des eaux de l'Atlantique nord se poursuivrait, risquant de refroidir le climat de l'Europe de l'ouest.

Cependant, il ne faudrait pas croire pour autant que la France et ses voisins subiraient les rigueurs des hivers canadiens. Même si la comparaison est parfois faite, il existera toujours des différences en raison de la situation géographique de ces deux continents. Les vents dominants étant orientés à l'ouest dans notre hémisphère, le Québec est sous l'influence des masses d'air arctiques continentales, particulièrement glaciales. L'Europe de l'ouest est sous l'influence des vents qui ont survolé l'océan atlantique : même si celui-ci se refroidit, les masses d'air resteront quand même plus douces que celles qui concernent le Québec. En revanche, ce que les simulations laissent à penser, c'est que le refroidissement de l'Atlantique nord serait favorable àla formation d'anticyclones aux hautes latitudes (Islande, Scandinavie...), lesquels font pivoter les vents au secteur nord-est, caractéristique des vagues de froid.

Un refroidissement de l'Atlantique nord et de la mer de Norvège serait donc propice à des descentes d'air arctique plus fréquentes : les vagues de froid seraient plus nombreuses et l'enneigement abondant, ce qui permet une relative comparaison avec le climat que connaît le Québec et le nord-est des USA. En ravanche, les étés seraient plus frais et plus humides en Europe de l'ouest, tandis qu'ils resteraient chauds et orageux outre-Atlantique.