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Je vous parlais du faux sucre la semaine dernière, parlons aujourd'hui du vrai sucre , ou plutôt des sucres que nous apportent nos habitudes alimentaires, et qui sont trop souvent inadaptés à notre mode de vie.

Longtemps éclipsé par les fameuses graisses animales, le rôle du sucre dans l'apparition des maladies dites de civilisation est aujourd'hui mis en évidence par la recherche et les nutritionnistes. Même si le plaisir qu'il apporte est indéniable, sa consommation en excès à des effets encore peu connus sur la santé. Les risques que font courir le sucre sont liés, comme pour de bien d'autres produits, à son raffinage, qui l'isole, le rend plus assimilable, avec des conséquences multiples sur la santé à commencer par le surpoids. Et le sucre se cache dans la plupart des aliments, du pain en passant par les pâtes, les pommes de terre, ou encore les corn flakes ou le riz. Et ne parlons pas des confiseries et autre gâteau, glace, bonbons ou chocolat. Le sucre est donc partout, sous des formes très diverses.

Les plus simples, le glucose et le fructose, seront en grande quantité par exemple dans les confitures. Associez les 2 molécules, vous obtenez du saccharose, et à plus grande échelle encore, de l'amidon. Tous sont des sucres digestibles, et sont la base des sucres de canne ou de betterave, des céréales comme le blé et des pommes de terre. Plus ces produits sont raffinés, moins ils contiennent de fibres et plus ils seront absorbés par l'intestin grêle.

Le sucre fait grossir, c'est un fait avéré, mais de nombreuses études épidémiologiques montrent qu'une consommation en excès de sucres raffinés augmente le risque de maladies cardiovasculaires et de cancers.

En fait, le sucre n'est pas un aliment adapté à nos vies sédentaires. En excès dans l'alimentation, il est stocké dans le foie, les tissus adipeux et musculaires.
Mais à force d'être sollicitées par l'insuline, ces cellules lui résistent et ne stockent plus le sucre, obligeant le pancréas à augmenter le taux d'insuline dans le sang pour les contraindre. Le résultat est une augmentation des triglycérides et un épaississement de la paroi artérielle.
Le risque d'accident cardiovasculaire devient réel, surtout si d'autres facteurs aggravant s'ajoutent comme le tabagisme, la consommation d'alcool ou de viande rouge en trop grande quantité.

Mais les risques ne se limitent pas aux maladies cardiovasculaires.

Même si les sucres ne sont pas cancérogènes, de nombreuses études montrent que leur consommation en excès est associée à un risque accru de cancers dont celui du colon. Les mécanismes sont difficiles à cerner, mais vraisemblablement, les régimes trop sucrés détournent d'une alimentation protectrice, favorisent l'obésité et augmentent la charge glycémique et la sécrétion d'insuline. Un taux d'insuline à jeun élevé s'accompagne d'un taux élevé d'IGF-1, un facteur de croissance associé à l'insuline [1], déjà impliqué dans de nombreux types de cancers comme le cancer du sein, de la prostate, du poumon, de la thyroïde, et dans celui du colon.

Sans bannir le sucre de son alimentation, il est souhaitable de sortir de ces habitudes alimentaires en se tournant vers les formes non raffinées des sucres, plus riches et moins assimilables. Pain complet, pâtes complètes ou semi-complètes, riz complet, peu de pommes de terre, moins d'aliments ou de boissons sucrés, plus de légumineuses, des flocons d'avoine plutôt que des corn flackes, et surtout plus d'activité physique qui justifie leur consommation.
Sans revenir à une alimentation paléolithique, il faudrait nous souvenir que notre organisme n'est pas fait pour ingurgiter des aliments si éloignés de leur forme naturelle, et qu'une alimentation équilibrée passe aussi par des aliments équilibrés.

[1] Le récepteur de l'IGF1 (IGF1R) fait partie de la famille du récepteur de l'insuline (IR), avec lequel il présente 60% d'homologie. Dans plusieurs tissus, il a été mis en évidence la présence de récepteurs hybrides constitués d'hétérodimères IR/IGF1R qui ont des effets biologiques se rapprochant plutôt de ceux l'IGF1R. Ces hybrides semblent jouer un rôle majeur dans la signalisation par l'IGF1 dans certaines lignées dérivées de cancer du côlon, dans les cancers de la thyroïde et dans les cancers du sein.