Toute personne saine (en excluant psychopathes et affiliés) éprouverait de la compassion envers les victimes de cette tragédie aérienne, ainsi qu'envers leurs proches si brutalement endeuillés.
Pas Charlie Hebdo :
Évidemment, ça n'a pas manqué de choquer.
Ce n'est pourtant pas la première fois que Charlie Hebdo se moque des victimes de mort violente. Alors que la photo du corps inanimé du petit Aylan Kurdi, un enfant syrien échoué sur une plage turque faisait le tour du monde, Charlie Hebdo n'a pas trouvé mieux que de faire dans la moquerie :
Les dessins se moquant des victimes du crash du vol russe ont suscité des réactions d'incrédulité au sein de public, notamment dans la classe politique russe. Un député russe, Viatcheslav Nikonov, s'indignant que les journalistes de Charlie Hebdo aient « dansé sur la mémoire » des personnes ayant péri dans cette catastrophe, estime que « ces caricatures frapperont fort sur l'image de la France en tant qu'État et sur l'Europe où de telles choses sont possibles ». D'après lui, il est impossible d'imaginer que des Russes puissent bafouer la mémoire des victimes de catastrophes. Peut-être cette attitude empreinte de décence et de conscience morale reflète-t-elle différence fondamentale entre la psyché russe et la psyché occidentale corrompue par les « valeurs » prônées par les élites américaines/européennes ?
Ces caricatures sont réalisées par des individus dont le métier est de commenter l'actualité, tous les jours. Mais, et c'est bien là le paradoxe, leur façon de faire, irrespectueuse au possible, nous prouve bien qu'ils sont malgré tout complètement déconnectés de la réalité ; cette réalité que leurs semblables vivent dans leur chair et dans leur sang, ailleurs, dans la douleur, chaque jour. Cela nous renseigne bien sur l'état de décrépitude morale que nous avons atteint, ici en France. Et pour bien comprendre l'énormité d'un tel constat, imaginons-nous un instant journalistes ou caricaturistes, planche à dessin sous le bras, allant voir les proches de chacune des victimes, leur soumettant quelques gribouillis supposément « rigolos » sur leurs enfants, ou leurs parents, qui viennent de se faire déchiqueter quelques heures auparavant. Une majorité de personnes normales seraient tout bonnement incapables de faire cela. Et l'idée même d'un simple dessin humoristique sur le sujet en rebuterait plus d'un. Caution culturelle ou pas.
Car en effet, il s'agit aussi de culture, et de « rayonnement » culturel. Depuis la vague d'émoi qu'a suscité la mystérieuse attaque terroriste contre des journalistes de ce journal en janvier dernier, Charlie Hebdo est devenu, par une récupération savamment orchestrée, une icône incontournable, du fait qu'il a été associé aux valeurs de la République, la liberté d'expression, et par association, à la culture française contemporaine. On voit très bien à quelles valeurs cette culture se réfère. C'est aussi au nom de tous les « Charlies » que le journal s'exprime, puisque l'association soulignée par le verbe « être » fonctionne dans les deux sens.
La déclaration d'un représentant officiel du ministère français des Affaires étrangères, diffusée par l'Ambassade de France en Russie, ne manque pas d'humour, par contre : « En France, les journalistes expriment librement leurs opinions qui ne coïncident pas toujours avec la position des dirigeants français ».
Liberté d'expression ? En France ? Cela se saurait, non ? Et juste au moment où un journaliste français, Philippe Verdier, se fait virer de France Télévision parce qu'il a publié une enquête sur la grande arnaque politico-financière (et pseudo-scientifique) du réchauffement climatique, un dogme si cher aux dirigeants français et à ses organes de propagande. Mais où sont les Charlies, ici ? Et ce n'est pas la seule mesure liberticide que l'on puisse évoquer. La liste est longue, au pays de la liberté... euh... ah oui... de la presse :
- La ritournelle de la mythique « liberté de la presse »
... d'expression :
- Les appels au boycott d'Israël déclaré illégaux, ou la vraie liberté d'expression à la française
- France : la liberté d'expression, oui, mais avec la LICRA et la loi Gayssot
... d'internet :
- La criminalisation d'internet en France
Charlie Hebdo est donc un organe de presse autorisé. On n'est libre d'exprimer que ce que l'on est autorisé à exprimer.
Mais alors, si ce n'est pas drôle, quel est le but derrière la publication de ce journal ? Au premier abord, l'utilité de Charlie Hebdo pour le pouvoir en place est de servir d'étendard, cachant la suppression pourtant bien évidente des libertés individuelles et collectives, des libertés d'expression, et à un niveau plus profond, de la pensée libre et insoumise. Il faut faire preuve d'une naïveté feinte ou sincère, sans fin, comme la plupart des bobos pseudo-intellectuels, pour tomber dans une manipulation aussi grotesque.
Cependant, cet utilité n'explique pas tout. Le journal présenté comme subversif ne l'est en fait pas du tout. Il n'y est pas question de critiquer les absurdités du système et des structures du pouvoir en dévoilant ses absurdités et contradictions, ce qui correspond à la satire politique normale. Il s'agit ici d'insulter la sensibilité des gens ordinaires de la manière la plus vulgaire et la plus dégoûtante possible. Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, avait déclaré «... la satire doit provoquer un choc. Si cela ne provoque pas de choc, il ne s'agit pas d'un bon dessin ». Il ne dit cependant pas à quoi cela sert de provoquer un choc dans ce cas-là. Dévoiler une vérité peut provoquer un choc, insulter gratuitement peut aussi provoquer un choc. Les dessins de Charlie Hebdo ne dévoilent rien, si ce n'est la pathologie de quelques esprits malades. Il semblerait pourtant que le fil conducteur soit la destruction des valeurs humaines telles que la compassion et l'empathie, et des valeurs familiales et sociales, en accord total avec le projet mondialiste. Le phénomène Charlie Hebdo est en tout cas symptomatique d'un phénomène plus étendu de corruption de l'art, de la pensée, des mœurs, des structures sociales et interhumaines, et de déshumanisation de l'humain.
« En nous privant de tout type de point de repère culturel, ils veulent nous dépouiller des dernières parcelles qui font de nous de vrais humains : notre attrait et notre compréhension innée de la vérité, la justice, et la beauté. »Posons-nous la question : où sont donc la vérité, la justice et la beauté dans une caricature inepte qui n'engendre, au mieux, qu'un sourire en coin, au pire, et de façon plus certaine, que grincements de dents et serrements de poings ?
L'éradication de la beauté ou la destruction de l'art
« Être ou ne pas être Charlie » peut s'apparenter alors à une question existentielle : savoir à quelle représentation personnelle et civilisationnelle on s'identifie. Celle de la compassion et des valeurs saines de petites gens que les élites méprisent tant, ou celle des perversions pathologiques que ces mêmes élites veulent nous imposer, pour être un peu à leur image, mais pas trop quand même.
À chacun de faire son choix.
Réveillons nous de ce cauchemar infernal