"Je viens de sortir du Tribunal de commerce où j'ai déposé le dossier de demande de Redressement Judiciaire pour mon entreprise (crée en octobre 2000, avec encore 4 salariés et 4 établissement en France). Ce qui j'y ai vu, et entendu, me laisse... "sans dents" ! La personne qui a pris mon dossier, m'a expliqué que JAMAIS elle n'avait vu cela depuis ses débuts. Ils ont dû ajouter une journée supplémentaire pour les jugements, car les dossiers à traiter sont trop, trop, bien trop nombreux.
Entrepreneur
© Inconnu

Commentaire : Cela donne vraiment l'impression d'un système schizophrénique : d'un côté l'entrepreneuriat est promu de l'autre il est complètement découragé quand on connait la réalité qui se cache derrière.


A 16h00 quand je suis parti, le lieu fourmillait encore d'activité, bizarre dans une administration française (dont je salue l'accueil au passage). Bref, la reprise est là... c'est tellement flagrant ! Pour en venir, aux raisons de notre 'faillite', elles sont à chercher dans le couple administrativo-bancaire qui a émergé en France ces dernières années. Beaucoup sur dénonciation calomnieuse de concurrents et/ou via le maillage de réseaux qui me sont inconnus, bref, depuis 2012 :- Controle DGCCRF phytosanitaire à Aix, Lens, Strasbourg et Lille : juste énormément de temps perdu, rien à payer.
    • Contrôle URSSAF global : pareil RAS, mais pas de temps perdu.
    • Contrôle des impôts global : 5.000 euros à payer (20% du temps de la semaine perdu / 3 mois.) Plus les frais et la saisie suite à l'impossibilité de les payer.
    • Contrôle inspection du travail à Strasbourg : ubuesque 1.500 euros de condamnation pour n'avoir pas transmis les documents de l'URSSAF à l'Inspection du travail!
    • Controle DGCCRF matériel électrique, à Lens, pour un stock de 70 euros de matériel soit disant "dangereux", branle le bas de combat, 2 ans de procédures, pour finir convoqué par un policier qui nous dit calmement : "j'ai attendu que votre dossier soit prescrit pour vous convoquer, la hiérarchie va me taper dessus, mais vous êtes tranquille"
    • Des frais, des taxes, des pénalités à n'en plus finir, à n'en plus pouvoir, à vomir parfois, tellement elles sortent de nulle part.
Vous avez dit surréaliste ? Cela représente pour moi la volonté étatique de tuer celui qui a un genou à terre ! Pas de pitié pour les "sens dents". Mais le pire arrive après... Forcément, avec toutes ces tracasseries administratives à gérer, l'activité, jusqu'alors florissante, connait une légère baisse... Et c'est là que la banque vous coupe tout les crédits ! Déjà il y avait presque rien, et bien là c'est fini, y a plus rien du TOUT ! 120.000 euros de fonds de roulement perdu en 1 an.

Douche froide, mais autant négocier avec une porte de prison, les règles c'est que ce sont eux qui font le règles. Donc il faut licencier, fermer des points de ventes etc. Licenciement économique ? Donc avocat forcément, c'est pas faisable sans mais ça coûte. Avec de la chance pas de Prud'homme. Et en parallèle du chiffre d'affaires qui s'effondre faute de stock, les honoraires de l'expert comptable, des avocats, et les frais bancaires EUX explosent de façon EXPONENTIELLE. C'est le coup de la tenaille. Et là, vous êtes pris au piège.

Pas le droit au RSA (car j'ai des salariés et mon CA est trop important), le RSI qui harcèle pour percevoir sa dîme, c'est 3.300 euros minimum les cotisations annuelles, même avec 0 euros de rémunération. Si vous ajoutez les frais d'huissiers, les taxes et pénalités, ça devient salé. Et la je parle du meilleur des cas, c'est à dire, le cas fort improbable d'une absence d'erreur en votre défaveur. Entreprendre en France ? Courage fuyons :)

PS: Je ne suis pas surpris par ce qui arrive, et grâce à vos conseils et vos analyses, j'ai quand même réussi à sauvegarder une partie de mon patrimoine ailleurs, pas grand chose, un bout de terrain avec une rivière et du soleil loin d'ici. Et surtout pas de boîte aux lettres. Du fond du cœur, merci Pierre pour toutes ces revues de presses, elle ont permis mon plan B, sincèrement".