Commentaire : Nous savions l'air, la pluie et les eaux de surfaces déjà contaminées par les pesticides. Est-il surprenant d'en retrouver chez soi, à fortiori lorsqu'on est un riverain des zones agricoles et que la loi « contraint » les agriculteurs à respecter la distance ridicule de 50 m pour l'épandage des pesticides près des lieux de vie ? Bien sûr, inutile de se dire qu'en faisant l'autruche fermant les fenêtres, le problème serait réglé : pas du tout, puisque l'air intérieur des maison est lui aussi pollué, comme nous dit le super guide de la pollution de l'air intérieur pondu par un gouvernement toujours prompt à vouloir rassurer la populace à coup de normes et de seuils étiquetés "sans dangers".

Chaque jour qui passe nous montre à quel point la voie que nous avons emprunté nous mène à une impasse, confrontés que nous sommes aux conséquences immédiates des malheurs que nous avons nous-mêmes crées avec une si grande expertise. Pour aller plus loin :

pesticides
Afin de montrer l'urgence d'une action préventive forte dans ce domaine des PE, ces substances qui menacent le développement du fœtus et du jeune enfant même à faibles doses, Générations Futures a décidé de réaliser une série de plusieurs rapports basés sur des analyses fouillées montrant l'omniprésence de nombreux pesticides PE dans notre environnement engendrant une exposition importante de la population : ce sont nos rapports EXPPERT (pour EXposition aux Pesticides PERTurbateurs endocriniens).

Parce que les personnes vivant dans des zones cultivées de manière chimique sont particulièrement exposées aux pesticides, dont certains sont suspectés d'être des Perturbateurs Endocriniens, nous avons voulu en savoir plus. Nous nous sommes donc interrogés sur le fait de savoir si les populations vivant dans des zones agricoles (vignes, vergers et champs) étaient exposées en permanence et jusque dans leur habitation aux pesticides, tout particulièrement ceux suspectés d'être des perturbateurs endocriniens ? Et si oui : y-avait-t 'il une variation de cette exposition en fonction des saisons ?

L'enquête. 22 échantillons de poussière ont été prélevés en juillet 2015 sur 24 foyers qui devaient prendre part à l'enquête (2 échantillons n'étant pas parvenus au laboratoire). 5 échantillons supplémentaires, parmi les foyers ayant pris part au prélèvement estival, ont été prélevés et envoyés au laboratoire en janvier 2016 - soit 6 mois après les échantillons de l'été. Les habitations sont situées dans des zones viticoles (6), arboricoles (5), de grandes cultures (8) et de mélange de ces cultures (3).

Résultats[1] : un bain de poussière aux pesticides. Les résultats vont au-delà de ce que nous pouvions imaginer :
  • Entre 8 et 30 pesticides par habitation ont été détectés dans la poussière des habitations testées, sur les 61 pesticides recherchés ;
  • On retrouve en moyenne près de 20 pesticides par habitation testée dont près de 12 sont des Perturbateurs Endocriniens potentiels soit 60,18%.
  • 98,16% de la concentration totale en pesticides concerne les PE! Ainsi, on retrouve en moyenne 17,6 mg de pesticides quantifiés par kg de poussières, dont 17,3 mg sont des PE potentiels. L'exposition aux pesticides dans ces maisons induit donc une exposition également très importante à des PE.
  • 3 produits sont aussi retrouvés dans 100% des échantillons (perméthrine, tebuconazole et dimethomorph).
  • Parmi les pesticides retrouvés certains sont interdits en agriculture en France depuis plusieurs années ! C'est le cas du diuron, retrouvé dans plus de 90% des habitations ... pourtant interdit en France depuis décembre 2008.
De l'été à l'hiver. La concentration totale de tous les pesticides quantifiés a diminué entre l'été et l'hiver d'une valeur comprise entre -30% et -95% ce qui est à la fois rassurant - la concentration diminue réellement - mais reste inquiétant car la présence de ces résidus semblent demeurer toute l'année.

« Ces résultats montrent clairement que les personnes vivant prêts des zones cultivées sont exposées chez elles toute l'année à un cocktail important de pesticides, dont de nombreux sont des perturbateurs endocriniens potentiels. Ce fait illustre l'urgence qu'il y a à modifier les pratiques agricoles et à faire en sorte qu'on interdise les pulvérisations des pesticides de synthèse à proximité de zones habitées. » Déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « De plus, notre travail montre l'urgence de la publication d'une définition des perturbateurs endocriniens réellement protectrice au niveau européen. Nous interpelons le Gouvernement afin qu'il intervienne fermement auprès de la Commission européenne pour que demain cesse cette exposition généralisée aux pesticides PE dans nos campagnes. » Ajoute-t-il.

Notes :

[1] Lire le rapport complet : EXPPERT 6 Final ainsi que les rapports (été: 151012_001_Rapport Analyses_Pesticides_Poussière_V1 et hiver: 160219-01_Rapport Analyses_Pesticides_Poussière_V1) du laboratoire Kudzu Science