El Khomri
La ministre français de travail Myriam El Khomri
Augmenter la durée du travail jusqu'à 60 heures. Faciliter les licenciements arbitraires. Permettre au patron de ne pas appliquer dans son entreprise ni la loi, ni les conventions collectives du secteur. Et même de baisser les salaires sans justification.

Retour au passé, pensez-vous ? Vous n'y êtes pas, c'est la «modernité» nous assurent Valls et Macron. «C'est le début de l'adaptation de notre économie à la modernité, qui va ouvrir plus d'agilité et en même temps plus de sécurité individuelle, non pas statutaire ou corporatiste», prétend ainsi Macron, ministre de l'Economie (issu des milieux bancaires)

Plus de «flexibilité» (traduisez : accepter toutes les exigences du patronat) apporterait plus d'emploi, et donc de sécurité aux travailleurs ? Allons donc ! Le Code du Travail, c'est quoi ? C'est au fond la synthèse des concessions que les travailleurs ont arrachées au patronat depuis des dizaines d'années. Sans cela, on en serait encore à travailler quatorze heures par jour, sept jour sur sept, les enfants iraient encore à l'usine et non à l'école, il y aurait davantage de tués au travail, mais pas de Sécurité sociale (assurances accidents du travail, maladies, chômage, retraites). Tout cela fut arraché, conquis de force, jamais octroyé par bonté d'âme.

Supprimer les protections ? Mais quand il est seul, que peut le travailleur face au patron ? C'est seulement quand il est organisé et solidaire, qu'il peut un peu se défendre. En réalité, Macron protège la «rigidité» patronale en supprimant les protections et la solidarité. Il pousse les travailleurs à se faire entre eux une concurrence maximum. Il faudra bientôt se prostituer pour travailler.

A en croire les grands médias français, quand les patrons défendent leurs intérêts d'exploiter le travail ils sont modernes. Mais quand les travailleurs résistent, ils sont «passéistes», «vieux jeu», «démodés». Au fond, Macron, Valls & C° appliquent la «novlangue» chère à Orwell. Dans cette langue de la propagande manipulant les esprits, la guerre devenait «la paix», la dictature devenait «démocratie», la surveillance totalitaire devenait «liberté». Sur le plan social, c'est aujourd'hui pareil : il faudrait «baisser le coût du travail» pour que les patrons embauchent davantage.

Ah oui ? Mais ces travailleurs précarisés et hyper-exploités sur le modèle allemand (le socialiste Schröder, avec les Verts, introduisit les «réformes Hartz», c'est-à-dire des contrats à cinq euros de l'heure, voire un euro), ces travailleurs avec quoi vont-ils acheter, comment feront-ils tourner l'économie ? Cela servira seulement à baisser les prix des exportations. Mais comme chaque pays fera pareil, on va juste intensifier la guerre économique, les gens se crèveront au boulot tout en restant des «travailleurs pauvres» comme on le voit déjà aux USA.

Depuis quarante ans de «crise», on nous garantit qu'en serrant la ceinture des travailleurs (jamais des milliardaires), on va amener la «reprise» et donc le bonheur général. Mais depuis quarante ans, chaque mesure aggrave l'écart riches - pauvres et diminue la consommation de la masse, celle qui fait tourner l'économie. Bref, on est juste dans la propagande.

«Moderniser» le code du travail serait le débarrasser de ses «rigidités», de ses «tabous» ? Pas du tout, c'est fournir au patronat des travailleurs sans défense, privés de toutes les protections acquises de haute lutte par leurs parents et grands-parents. Résultat ? Les profits augmenteront, les milliardaires seront encore plus riches et ils feront quoi de leur argent à part acheter des politiciens pour servir leurs intérêts ?