Comment: Les violences font toujours le jeu des malades ou des psychopathes, qu'ils soient du côté des manifestants, infiltrés ou pas, des forces de l'ordre, sadiques ou pas, ou des politiciens, qui instrumentalisent les comportements belliqueux en vue de favoriser l'avancement de leur agenda. Le plus extraordinaire est de constater, encore une fois, le déni cultivé par nos dirigeants, incapables de se remettre honnêtement en cause, réticents à plier, face à la volonté du peuple.

manif crs
© Reuters
De violents heurts ont émaillé jeudi la quatrième mobilisation, la huitième en comptant les mouvements de jeunes, contre la loi Travail en France, qui semble stagner quelques jours avant son examen par l'Assemblée nationale à partir de mardi prochain.

De violents heurts ont émaillé jeudi la quatrième mobilisation, la huitième en comptant les mouvements de jeunes, contre la loi Travail en France, qui semble stagner quelques jours avant son examen par l'Assemblée nationale à partir de mardi prochain. Au total, 24 policiers et gendarmes ont été blessés au cours de la journée, dont trois "très grièvement" à Paris, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.

Les débordements se sont produits en marge des manifestations notamment à Paris, Nantes, Rennes et Marseille. Bernard Cazeneuve, qui a condamné ces violences "avec la plus grande fermeté", a souligné que 124 personnes avaient été interpellées jeudi sur tout le territoire, et 382 depuis le début du mouvement contre la loi Travail.

"Je demande aux organisateurs de ces manifestations de bien vouloir condamner avec la même fermeté que la mienne les débordements qui ont eu lieu de la part de cette poignée de casseurs", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Lyon.

Dans la capitale, où 14.000 à 15.000 personnes ont défilé et où trois policiers ont été grièvement blessés, les principaux heurts ont éclaté après l'arrivée du cortège place de la Nation, dans le XIIe arrondissement. Environ 300 manifestants cagoulés ont jeté des pavés, des bouts de bitume, et même des extincteurs sur les forces de l'ordre qui ont interpellé huit personnes. Des vitrines situées dans des rues avoisinantes ont été brisées.

Nouvelle manifestation le 1er mai

Les sept syndicats opposés au projet de loi ont réuni au total 165.000 manifestants, chiffre supérieur au 9 avril, lorsque 120.000 personnes avaient défilé, mais deux fois moins que le 31 mars, selon le ministère de l'Intérieur. La CGT revendique 500.000 manifestants, affirmant que la mobilisation "est désormais ancrée dans le pays", alors que les syndicats doivent de nouveau manifester le 1er mai. Le niveau des défilés est suivi attentivement par le gouvernement, qui compte sur une usure du mouvement après avoir débloqué entre 400 à 500 millions d'euros pour les jeunes.

Pour expliquer la stagnation de la mobilisation, les syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL) invoquent les vacances scolaires, qui ont démobilisé une partie des jeunes, notamment les lycéens.
"Le gouvernement a déjà fait quelques reculs, mais nettement insuffisants. Donc, cette mobilisation, c'est à la fois vis-à-vis du gouvernement, mais également vis-à-vis du Parlement", a dit Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière.
Les opposants espèrent toujours que le débat parlementaire "permettra de faire bouger les lignes", a souligné pour sa part William Martinet, président du syndicat étudiant Unef. Les perturbations dans les transports restaient limitées, quarante-huit heures à peine après une grève des cheminots défendant leurs conditions de travail. Selon la SNCF, plus de 90% des trains ont circulé dans l'ensemble du pays, avec un trafic normal sur les lignes internationales, les TGV, ou encore le RER A et D en région parisienne. Seul le RER B devait être perturbé. En revanche, 20% des vols étaient annulés au départ et à l'arrivée d'Orly.

Nantes, "capitale du saccage"

A Marseille, 75.000 personnes, selon les organisateurs, et 4.800 pour la police, ont manifesté alors que la quasi-totalité des lignes de bus étaient à l'arrêt ou en service partiel, et les entrées de la ville paralysées par des retenues automobiles. Cinquante-sept personnes ont été interpellées dans la cité phocéenne, selon une source policière.

A Rennes, où les syndicats ont dénombré 13.000 manifestants et la préfecture 4.000, 18 personnes ont été interpellées, six policiers ont été blessés et un manifestant a été touché à l'œil, selon la police. Dix-neuf personnes ont été interpellées à Nantes après un défilé qui a réuni près de 10.000 manifestants, selon les organisateurs. Des arrêts de bus ont été vandalisés, des poubelles mises à feu, et une voiture incendiée.

"Depuis quelques semaines, Nantes est devenue la capitale du saccage", a dit Bruno Retailleau, le président Les Républicains du conseil régional des Pays de la Loire, dans un communiqué. Bien qu'en déclin par rapport au 31 mars, la contestation s'est élargie depuis le 31 mars avec le mouvement "Nuit debout" qui continue d'occuper la place de la République à Paris et le conflit à la SNCF dû à l'ouverture à la concurrence. Face à la levée de boucliers suscitée par la première version du texte, le 14 mars, le gouvernement en a supprimé les mesures les plus contestées. Mais François Hollande a affirmé que le texte lui-même ne serait pas retiré.