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En Belgique, le ministre de l'emploi Kris Peeters a annoncé mi-février une réforme sur l'organisation du travail, applicable dès le 1er janvier 2017. Une réforme visant à assouplir les règlementations pour mieux lutter contre le chômage. Mais comme en France, cette loi ne fait pas que des heureux et les opposants commencent à se faire entendre...Ce mardi 24 mai, dans les rues de Bruxelles, environ 60.000 personnes défilaient contre la loi Peeters. - SIPA

Grosse manifestation aux abords de la gare du Nord ce mardi 24 mai. Environ 60.000 personnes défilent, à l'appel des syndicats, contre un projet de modification de la législation sur le travail. Cette fois, nous ne sommes pas à Paris mais à... Bruxelles. Le 20 février dernier, l'homologue belge de Myriam El Khomri, Kris Peeters, a en effet proposé une série de dix mesures pour flexibiliser le marché du travail face à un taux de chômage de 8,5%. Un texte d'inspiration libérale dont les promoteurs développent un argumentaire rappelant fortement celui du gouvernement de Manuel Valls et contre lequel, à l'instar de leurs voisins français, les opposants belges s'organisent.

Au coeur de la contestation outre-Quiévrain,la dérégulation de la durée hebdomadaire du travail. La loi Travail belge prévoit ainsi l'annualisation généralisée du temps de travail, qui respecterait néanmoins une durée journalière de 9 heures et hebdomadaire de 45 heures, contre 38 actuellement. Autre sujet de courroux : des mesures précarisantes telles que l'instauration d'un contrat à temps partiel sans indication d'horaires de travail et un contrat intérimaire à durée indéterminée.

Une "Nuit Debout" à la sauce belge

Depuis l'annonce de ces mesures, le gouvernement de droite fait face à une colère montante. Il y a un mois a été lancée une pétition en ligne sur la plateforme Change.org, qui réunit à ce jour un peu plus de 16.300 signatures. On est encore loin des 1,34 million de signatures récoltées en France contre la loi El Khomri. Mais la mobilisation syndicale belge prend alors de l'ampleur. Et pour cause, en Belgique le syndicalisme est beaucoup plus implanté qu'en France, avec un taux de syndicalisation de 55% en 2013. Les trois grands syndicats (FGTB, lié au Parti socialiste, la CSC au parti centriste chrétien et la CGSLB au centre droit) ont mis sur pied un plan d'action. Après la manifestation de ce mardi 24 mai, qui n'a pas été épargnée par des affrontements entre forces de l'ordre et casseurs donnant lieu à plusieurs blessés, une grève générale est prévue fin juin, tandis que plusieurs futures mobilisations sont déjà décidées pour septembre et octobre.

Enfin, à l'instar de Nuit Debout né fin mars place de la République à Paris, un mouvement social belge plus spontané est en train de prendre forme. Il prend le nom de "L'Union des bloqueuses et bloqueurs des 45 heures" et rassemble des "jeunes, précaires, travailleur.se.s dans ou hors emploi, étudiant.e.s, allocatiares, syndicalistes" qui sont "révoltés par le projet de loi du Ministre de l'Emploi Kris Peeters" qui est "un pas de plus vers la flexibilité totale du marché du travail rêvée par les patron.e.s et les politicien.ne.s". Comme Nuit Debout avec son organisation horizontale, cette Union se veut "une coordination d'assemblées locales démocratiques où se réunissent celles et ceux qui veulent bloquer cette loi et son monde par tous les moyens nécessaires". A quand une convergence franco-belge des luttes ?