« Dans ma rue, les poubelles jaune et gris ne sont plus ramassées depuis le début de la semaine, elles vont bientôt déborder. » Comme Cédric, résidant à Vanves, dans les Hauts-de-Seine, de plus en plus d'habitants sont affectés par la grève des éboueurs qui protestent contre la loi travail. Le mouvement prend de l'ampleur à Paris, en Ile-de-France et dans diverses villes du pays. La CGT a annoncé des actions surprises en région dès jeudi 9 juin.
Paris
© CHARLES PLATIAU / REUTERS / REUTERSParis commence a sentir mauvais
A cela s'ajoute le blocage de certains sites de traitement des déchets et ordures ménagères. En région parisienne, l'usine d'Ivry-sur-Seine, la plus importante d'Ile-de-France, est bloquée depuis dix jours par des éboueurs et agents de la Ville de Paris. Et la CGT services publics a annoncé jeudi que les personnels ont décidé de reconduire la grève jusqu'à mardi, journée de manifestation nationale contre la loi El Khomri.
« Réunie à l'usine d'Ivry, occupée, l'assemblée générale des grévistes, éboueurs, égoutiers, personnels des garages de la Ville de Paris a décidé à l'unanimité la poursuite du mouvement de grève jusqu'au 14 juin »,
a précisé Baptiste Talbot, représentant du syndicat, en affirmant que les grévistes étaient « prêts » à suspendre leur mouvement « en cas de réouverture de négociations sur le projet de loi travail ».

La collecte des poubelles risque de s'en trouver encore plus ralentie, dans la capitale, les chauffeurs des principaux garages de camions-bennes de la Ville de Paris (Ivry Bruneseau, Ivry Victor Hugo, Romainville, Aubervilliers) étant massivement en grève.


Les agents d'Ivry sont suivis par leurs collègues de Romainville et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Dans les Bouches-du-Rhône, l'incinérateur de Fos-sur-Mer qui traite les ordures ménagères de Marseille, est touché par la grève tout comme deux autres en Ariège.

En revanche, le travail a repris jeudi à Saint-Etienne (Loire) et la fan-zone pourra ouvrir vendredi comme prévu pour le premier match de l'Euro. « Les représentants CGT de la ville et de l'agglomération viennent d'accepter les propositions que je leur avais faites » mardi, mettant fin à la grève du service propreté de la communauté urbaine engagée depuis huit jours, a déclaré, à l'AFP, le maire stéphanois, Gaël Perdriau (Les Républicains).


« Les techniciens chargés d'installer les zones d'accueil, notamment la fan-zone de l'Euro 2016, m'ont proposé de travailler cette nuit afin de pouvoir tenir le programme d'ouverture vendredi, tel qu'il était prévu », a-t-il ajouté.

« Ça va devenir compliqué »

Rien de tel à Paris. A la veille de l'ouverture de l'Euro, la situation devient critique dans la capitale où le ramassage des ordures n'est plus assuré que dans un arrondissement sur deux. Mercredi, la Mairie a demandé à la police d'intervenir dans deux garages de camions de ramassage bloqués par des militants CGT à Ivry-sur-Seine.

Face à une « situation préoccupante », la mairie explique avoir été « contrainte de recourir à la force publique » et avoir dû redéployer ses effectifs pour soulager les établissements les plus touchés. Elle appelle « à la reprise du dialogue au niveau national, entre l'Etat et les syndicats, pour parvenir à une solution durable qui mette fin à ce conflit social ».


Selon la Mairie, les arrondissements où la collecte est perturbée sont ceux où elle est assurée par les services municipaux, les autres relevant du secteur privé.

Le Syctom, de son côté, n'a confirmé que le blocage, depuis le 30 mai, de l'usine d'Ivry-sur-Seine, tout en reconnaissant que le mouvement a tendance à s'étendre.
« La CGT-Energie a déposé un préavis de grève pour jeudi, pour le personnel des sites d'Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen », a déclaré, à Reuters, Patrice Furé, directeur de cabinet du président du Syctom. « Ça va devenir compliqué. »
Certaines des 84 communes de la région parisienne servies par cette agence ont commencé à recourir à l'enfouissement de leurs ordures ménagères dans des décharges. « Le mouvement a plutôt tendance à s'amplifier, constate M. Furé. Des sociétés privées commencent à être touchées. On n'est pas dans un mouvement qui s'essouffle, loin de là. »