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© Capture d'écran/L'ObsLe domicile que Mohamed Lahouaiej Bouhlel occupait avec son épouse avant leur séparation a été perquisitionné par les enquêteurs.
Dans son ancien quartier des Abattoirs à Nice, Mohamed Lahouaiej Bouhlel passait pour un mari violent et un voisin étrange et secret mais pas radicalisé. Reportage.

Celui qui a tué des dizaines de personnes jeudi soir en roulant à toute allure sur les trottoirs de la Promenade des Anglais a pour l'heure plutôt le profil d'un déséquilibré. C'est ainsi en tout cas que les habitants et les habitués du quartier des Abattoirs, situé au nord de Nice, décrivent Mohamed Lahouaiej Bouhlel.

Altercation avec sa femme

Dans le bâtiment "Bretagne" au 8 boulevard Henri Sappia, là où l'homme vivait il y a un an encore, les résidents se souviennent d'un garçon assez fermé, "isolé, ayant peu d'amis".

Père de trois enfants, âgés de 18 mois à 5 ans, ce chauffeur de poids lourd était aussi connu pour sa violence. "Il y a six ans, on a vu la police débarquer suite à une altercation avec sa femme". Les voisins, qui connaissent mieux sa belle-famille que lui-même, racontent tous qu'il maltraitait sa femme :
"Elle lui avait pourtant tout donné, mariage, appartement, boulot, enfants...", déplorent-ils.
Certains considèrent que son mariage lui permettait surtout de s'installer en France, puisqu'il venait de Tunisie.

Son histoire, peu de gens la connaissent vraiment. L'homme était assez retiré et peu bavard. On sait qu'il a "travaillé avec l'un de nous dans un hôtel en tant que valet de chambre avant de devenir chauffeur". Qu'il buvait de l'alcool et mangeait du porc. Que sa femme travaillait à la maison. Qu'elle pratiquait la religion musulmane, "mais discrètement, sans excès". Les policiers sont venus la chercher ce matin, en même temps que sa mère. Mais cette dernière est rentrée chez elle en début d'après-midi.

Elle a refusé de répondre à nos questions.

"Il était bizarre"

Dans le quartier où Mohamed Lahouaiej Bouhlel, aussi connu ici sous le prénom de Salmene, ne vivait plus depuis plus d'un an, on s'imagine mal un lien quelconque avec Daech.
"Il n'était pas pratiquant, ne faisait pas le ramadan, mais il était bizarre, voire malade. Pour nous, ça ressemble vraiment à un coup de folie cette histoire".
Les jeunes hommes qui se retrouvent au pied du bâtiment où vit la belle famille de Lahouaiej Bouhlel sont très choqués. Leur quartier est doublement impacté : "Le tueur est d'ici, mais il faut savoir qu'on compte des victimes aussi parmi nous".