La police britannique semble écarter progressivement le soupçon de terrorisme concernant l'attaque au couteau à Londres mercredi 3 août au soir, qui a fait un mort et cinq blessés. Après avoir initialement évoqué cette piste, elle dit désormais « se concentrer » sur l'hypothèse de l'acte d'un déséquilibré.Ce constat ressort de l'audition du suspect et de sa famille ainsi que de perquisitions, a rapporté Mark Rowley, le chef adjoint de Scotland Yard.

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© GoogleAttaque au couteau dans le métro de Londres
Dans son dernier communiqué, la police n'évoque plus expressément la piste terroriste, même si elle dit garder « l'esprit ouvert » quant au mobile du crime. M. Rowley a insisté, à la mi-journée : « Jusqu'ici, nous n'avons pas trouvé de preuve de radicalisation suggérant que l'homme en garde à vue a agi pour un motif terroriste. Tout le travail que nous avons réalisé jusqu'ici montre que ce tragique incident a été déclenché par des troubles mentaux. »

Une femme tuée et cinq personnes blessées

Mercredi soir, la police a reçu les premiers appels d'alerte à 22 h 33. Un homme seul, armé d'un couteau, attaquait les passants à Russell Square, près du British Museum, dans le centre de Londres. Cinq minutes plus tard, les forces de l'ordre étaient sur place et ont pu capturer l'homme vivant en l'immobilisant à l'aide d'un pistolet à décharge électrique.

L'homme avait poignardé une femme d'une soixantaine d'années, de nationalité américaine, prise en charge sur place immédiatement, mais qui a été déclarée morte sur les lieux du crime. Cinq autres personnes, de nationalités australienne, américaine, israélienne et britannique, ont été blessées.

Après avoir rendu hommage aux victimes et salué le travail des policiers, le maire de la capitale, Sadiq Khan, a appelé dans un communiqué « au calme et à la vigilance » jeudi matin, assurant que la sécurité de Londres était « sa priorité numéro un ».

L'homme arrêté, âgé de 19 ans, est un Norvégien d'origine somalienne. D'abord admis dans un hôpital, il a ensuite été transféré dans une cellule de police.Il est officiellement « soupçonné de meurtre ».Une porte-parole de la police norvégienne a fait savoir qu'il était enregistré « comme ayant quitté la Norvège depuis 2002 ».

Dans un premier temps, quand la police a annoncé l'attaque au couteau, vers 2 heures du matin, elle a souligné que l'enquête envisageait notamment la piste terroriste. Puis, quelques heures plus tard, au cœur de la nuit, M. Rowley a fait une déclaration qui semblait légèrement reculer, privilégiant plutôt la thèse du déséquilibré. Selon lui, la santé mentale de l'assaillant était un « facteur significatif ».

Enfin, dans un troisième communiqué, jeudi matin, la police n'évoquait plus la piste du terrorisme, se « concentrant » sur la thèse du déséquilibré.

Mais, preuve de ces hésitations, si l'unité chargée de l'enquête est actuellement celle des homicides, les forces antiterroristes restent en soutien dans ce dossier.

Autre élément laissant penser que la police ne traite pas tout à fait cette affaire comme relevant d'un coup de folie, elle a décidé de renforcer la sécurité dans la capitale.
« Les Londoniens vont se réveiller et constater une augmentation du nombre de policiers dans les rues, y compris des agents armés », expliquait dans la nuit Mark Rowley, également chargé des opérations spéciales.
Le risque terroriste au Royaume-Uni est actuellement fixé au niveau « sévère », le deuxième échelon sur cinq. Cela signifie qu'une attaque est jugée « hautement probable ». Mercredi, quelques heures avant l'attaque, Bernard Hogan-Howe, le chef de la police londonienne, le redisait : la question n'est pas de savoir si un attentat aura lieu, mais quand il aura lieu :
« Nous n'avons pas d'information concernant une attaque qui pourrait se produire prochainement, mais nous savons que nous sommes en Europe occidentale. Nous avons vu des attaques en Allemagne, en Belgique, en France et il serait absurde d'ignorer cela. »
Six cents policiers armés supplémentaires

Il a par ailleurs annoncé le déploiement de 600 policiers armés supplémentaires dans les rues de Londres, portant leur total à 2 800. Traditionnellement, les bobbies ne sont pas armés, mais la tendance s'érode depuis juillet 2005, quand quatre attentats simultanés dans le métro et un bus de Londres avaient fait 52 morts.

Depuis, le Royaume-Uni n'a pas été complètement épargné par le terrorisme. En mai 2013, Lee Rigby, un militaire, fut assassiné devant sa caserne, dans le sud de Londres, par deux hommes qui l'avaient percuté avec leur voiture puis l'avait égorgé. En mai 2015, Muhaydin Mire blessa au couteau trois personnes dans le métro, criant qu'il voulait « verser du sang » pour ses « frères syriens ». Il a été condamné, le 1er août, à la réclusion à perpétuité, avec une peine minimale de huit ans et demi.