
Quatre "veux-tu m'épouser ?", quatre "oui". Les demandes en mariage ont fait carton plein pendant les Jeux de Rio. En dix jours de compétition, on en avait jamais vu autant, à tel point que The Guardian propose d'introduire la demande en mariage "comme 43e discipline olympique". "Chaque demande a été accueillie par une réponse positive, entraînant une vague d'émotions chez ceux touchés par la romance du geste, réalisé en pleine lumière", constate le quotidien britannique.
"On peut comprendre la volonté de faire sa demande en mariage aux Jeux olympiques, écrit Charlotte Gill dans The Spectator. Cet événement décuple les émotions, et à en juger par le nombre de préservatifs distribués, 150 000 en 2012 et 450 000 cette année, les athlètes sont des personnes remplies d'amour." L'image de la plongeuse chinoise He Zi, en larmes alors que son compagnon lui fait sa demande pendant la remise des médailles, a ainsi fait le tour du monde. "Les médias ont décrété qu'elle pleurait de bonheur, mais une partie de moi se demandait si elle ne pensait pas plutôt : 'chéri, ça n'aurait pas pu attendre le resto italien ?'", s'interroge la chroniqueuse britannique.
Ainsi, ces effusions de sentiments ne font pas l'unanimité chez les observateurs. The Spectator juge ainsi :
Les JO, ce n'est pas les confettis et les anneaux qui brillent : c'est une question d'accomplissement personnel. Les sportifs seront toujours reconnaissants envers leurs entraîneurs, leurs amis et leurs familles, mais s'ils sont à Rio c'est grâce à leur talent. Pendant la courte période que dure cet événement, ils méritent d'être seuls dans la lumière."De la lâcheté des hommes
L'hebdomadaire britannique New Statesman qualifie même cette pratique "d'horreur des Jeux olympiques", lors de laquelle celle qui est demandée en mariage n'a d'autre choix que de dire oui. "Les demandes en public constituent, au fond, des actes d'intense coercition et d'humiliation, réalisés par des hommes apparemment trop peu sûrs d'eux pour demander à celle qu'ils aiment de passer leur vie ensemble sans la complicité d'une foule beuglante." Et la publication de donner le mot d'ordre aux athlètes : "à vos marques, prêtes... dites NON !"
C'est dérangeant... oui. De voir à quel point nous sommes rendus une société où tout est montré, pour les autres, pour que les autres voient, il n'y a donc plus d'intimité, ça me rappelle ces "confessions" en public dans les systèmes totalitaires. J'exagère peut-être mais le fait est que ce qui se passe entre un homme et une femme est intime, personnel, fragile comme le duvet d'un petit oiseau et aussi magique, extraordinaire, une petite révolution à deux, un grand défi... à deux. Le fait de vouloir que la planète entière soit témoin de tout ceci est un signe d'insécurité et d'une peur de l'intimité, surtout de l'intimité individuelle, seul lieu où on est encore un peu libre. Et où le silence est roi pour nous permettre de réfléchir.