Le Dr Laurent Schwartz, cancérologue, et le Pr Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, proposent une nouvelle approche pour soigner les patients atteints de cancer : le traitement métabolique.

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Dans le numéro de juin 2016 de « Mutuelle et Santé », la revue de la MTRL, le Dr Laurent Schwartz, cancérologue, et le Pr Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, co-signent un article intéressant sur le traitement métabolique du cancer, une approche thérapeutique inspirée des travaux d'un autre Nobel, le biochimiste allemand Otto Warburg.

Le point de départ, expliquent-ils, est le suivant : toutes les cellules se procurent de l'énergie sous forme d'adénosine triphosphate (ATP) grâce à leurs « centrales énergétiques », les mitochondries, qui fournissent l'ATP par oxydation du sucre. Mais les cellules cancéreuses ont des mitochondries déficientes.

« Là est peut-être leur talon d'Achille », écrivent les deux médecins. « La cellule du cancer a besoin d'énergie pour se diviser, et ses mitochondries, déficitaires, ne peuvent la lui fournir. Elle compense alors en faisant appel à un circuit court de production d'ATP par fermentation du sucre. (...) La cellule se gorge de sucre. »

Comment tirer parti de ces observations pour améliorer le traitement du cancer et la survie des malades ? Une approche consiste à suivre un régime pauvre en sucres (glucides), riche en graisses : c'est le régime cétogène, dont les premiers résultats sont encourageants. Une autre approche (qui peut être instaurée de pair avec un régime cétogène), est explorée par les Drs Schwartz et Montagnier : elle vise à faire revenir les cellules cancéreuses à un métabolisme normal. Les deux auteurs expliquent qu'ils ont expérimenté plusieurs traitements en choisissant de « vieilles molécules » pour limiter les coûts et les effets secondaires.

« La suite fut un travail de Romain. Des centaines de combinaisons de médicaments ont été testées, sacrifiant ainsi près de 15 000 souris auxquelles le cancer avait été inoculé. Dix ans d'expérimentations et de nombreuses publications. Au terme de cette recherche, une combinaison d'acide lipoïque et d'hydroxicitrate ralentissait la croissance du cancer greffé à la souris, et cela, que le cancer soit d'origine de la peau, du côlon, de la vessie... Ce travail a été repris par d'autres et confirmé. »

L'acide lipoïque est un antioxydant, l'acide hydroxycitrique le constituant d'une plante (Garcinia Cambogia).

Des patients suivent ou ont suivi ce traitement, souvent en association avec les traitements classiques (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie). «II semble, disent prudemment les deux médecins, que l'adjonction d'acide lipoïque et d'hydroxicitrate à une chimiothérapie douce ou à une thérapie ciblée puisse améliorer la survie de façon significative. »

Pour en être sûr, il faut mener des essais cliniques contrôlés, ce qui suppose des moyens financiers. « Les grands instituts contre le cancer ne sont pas ouverts à de tels essais, regrettent les deux auteurs. Nous faisons donc appel à l'initiative privée et à l'aide des instances mutualistes pour financer ces essais et poursuivre la recherche dans ce domaine dans le cadre d'une collaboration internationale avec des physiciens. »