Comment: Après les nano-particules qui traversent le placenta, les nano-tubes de carbone dans les poumons, les particules fines qui bouchent les microvaisseaux capillaires, et de façon générales, notre ADN endommagé par ces polluants minuscules, on apprend que le cerveau a droit à sa part. Une raison supplémentaire de ne pas aller faire son jogging... sur le bord de la route.

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© DRDirection le cerveau via le nerf olfactif
Des chercheurs britanniques ont découvert la présence très abondante de particules fines de magnétite dans le cerveau, du même type que celles dégagées par la combustion du diesel. Publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas), cette révélation inquiétante pourrait expliquer le lien entre la pollution atmosphérique et la maladie d'Alzheimer.

En 1992, des travaux scientifiques révélaient la présence dans le cerveau de particules de magnétite, riches en fer, d'une taille d'environ 8 nanomètres (millionièmes de millimètre). Produits par l'organisme, ces nanocristaux, très réactifs chimiquement, auraient un effet sur le vieillissement du cerveau, notamment sur la maladie d'Alzheimer. Certains d'entre eux ont été découverts liés aux plaques bêta-amyloïdes, caractéristiques de cette maladie neurodégénérative.

C'est en partant à la recherche de ces nanoparticules de magnétite que Barbara Maher, de l'université de Lancaster (Royaume-Uni), et ses collègues ont fait une inquiétante découverte. Analysant 37 échantillons de cerveaux de personnes décédées ayant vécu à Manchester (Royaume-Uni) et à Mexico, les chercheurs ont observé une surabondance de particules de magnétite très différentes de celles connues jusque-là, rappelant en tout point celles de la pollution atmosphérique. Or celle-ci est un facteur de risque désormais bien connu de maladie d'Alzheimer.

Des particules issues d'une combustion

Ces particules de magnétite présentent une forme sphérique, et non cristalline comme celles d'origine endogène. Ce qui, selon les chercheurs, évoque une formation à haute température, suivie d'un refroidissement rapide, en tout point similaire au processus qui engendre les particules fines provenant des automobiles. Quant à leur taille, elles sont bien plus grosses que les particules endogènes, avec un diamètre compris entre 10 et 150 nm. Elles sont très souvent associées à d'autres métaux que le fer, notamment le platine (présent dans les pots d'échappement catalytiques), le nickel et le cobalt.

Un lien avec Alzheimer à confirmer

Leur présence est particulièrement forte chez les personnes âgées étudiées, notamment chez celles atteintes d'Alzheimer, mais également chez de jeunes gens originaires de Mexico, ville très polluée. C'est d'ailleurs chez un homme de 32 ans de cette ville que les chercheurs ont observé la teneur la plus élevée, de 12 microgrammes (soit des millions de particules) par gramme de tissu cérébral.

Comment pénètrent-elles dans le cerveau ? Peut-être par le nerf olfactif, qui relie le nez au cerveau : selon de précédents travaux, notamment menés sur des nanoparticules de carbone et de dioxyde de titane de moins de 200 nm, c'est là une possible voie d'entrée vers le système cérébral. Ce qui pourrait d'ailleurs expliquer pourquoi l'un des premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer est la perte d'odorat.