Commentaire : Et ils auraient bien raison, les Écossais, après s'être fait volé une première fois leur indépendance. Comme on a pu le constater, la fin du monde n'a pas eu lieu, avec le Brexit. Les politiciens hystériques se sont agités, les « spécialistes » économiques nous ont terrorisé, mais, incroyablement, et contrairement à ce qu'on nous avait dit, le soleil a continué de se lever à l'est, l'air d'emplir nos poumons, la vie, de suivre son cours.

Comme ça, en passant :

indépendance de l’Écosse
© Jane Barlow/AP/SIPADes milliers de personnes ont défilé en juillet dans les rues de Glasgow pour réclamer l’indépendance de l’Écosse
L' Ecosse indépendante ? Une option qui refait surface avec l'annonce par la dirigeante écossaise Nicola Sturgeon d'un nouveau projet de loi pour un référendum d'indépendance présenté la semaine prochaine. « Je suis déterminée à ce que l'Écosse puisse reconsidérer la question de son indépendance et ce avant que le Royaume-Uni quitte l'UE si c'est nécessaire pour protéger les intérêts de notre pays », a-t-elle lancé à l'ouverture du congrès de son parti SNP à Glasgow. Les nationalistes au pouvoir veulent à tout prix protéger la place de l'Écosse dans l'UE . Lors du référendum du 23 juin dernier, l'Écosse, qui dispose d'un gouvernement et d'un parlement régional, avait voté à 62 % pour rester dans le club européen. Deux ans auparavant, en 2014, les Ecossais, consultés par référendum, avait rejeté une sortie du Royaume-Uni par 55 % des voix.

Le discours de Nicola Sturgeon au Congrès a été particulièrement virulent. Les électeurs « n'ont pas voté pour que la voix des Écossais et de notre parlement soit ignorée », a-t-elle dénoncé en estimant que dénier au Parlement écossais le droit de s'exprimer sur la question constituerait « un acte de vandalisme constitutionnel ». La Première ministre britannique Theresa May refuse d'accorder au Parlement de Westminster ou aux parlements régionaux de voter sur les termes de ses négociations avec Bruxelles et ses 27 partenaires européens.

Londres attise la « xénophobie »

Nicola Sturgeon a également jugé que l'action du gouvernement attisait la « xénophobie » des Britanniques en faisant des immigrants européens « des boucs émissaires ». Selon elle, l'intransigeance de l'exécutif britannique sur l'immigration aura pour conséquence de couper le Royaume-Uni au moins en partie du marché unique européen. « Je ne pense pas que les gens ont voté pour ça. Ils n'ont pas voté pour jeter la rationalité économique avec l'eau du bain. Ils n'ont pas voté pour que nos entreprises soient confrontées à des barrières douanières ou que nos vacanciers aient besoin de visas », a-t-elle déclaré, estimant que le Brexit allait coûter 80.000 emplois à l'Écosse.

Lors du référendum d'indépendance de 2014, « vous nous aviez dit que l'Écosse était un partenaire égal au sein du Royaume-Uni. Le moment est venu de le prouver », a réclamé Nicola Sturgeon. C'est le gouvernement conservateur de Theresa May qui m'oblige aujourd'hui à vouloir un autre référendum, a-t-elle accusé. « L'Écosse n'a pas choisi d'être dans cette situation. Votre parti nous y a plongé », a-t-elle insisté.

La force des nationalistes

Le SNP domine le parlement semi-autonome de l'Écosse depuis près de dix ans et a déjoué les pronostics sur son déclin après le refus de l'indépendance en 2014. Il a gagné deux fois plus de voix que ses opposants aux élections générales de 2015 et à celles pour le parlement écossais en 2016.