Tiens, le grand méchant ours ne va pas mettre son véto à une proposition française visant à sécuriser l'évacuation des civils et des terroristes d'un petit quartier d'Alep écrasé sous les bombes. C'est bien. C'est même très bien. Gargarise-toi François. Plus fort qu'Obama, t'as réussi à te faire entendre sinon écouter par Vlad-le-terrible, ce Poutine que la propagande ultralibérale affuble de tous les défauts et traite d'infâme dictateur liberticide. Pire encore : protecteur de Bachar el Aassad, suppôt de l'enfer !

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© GoogleLa Russie, notre soeur
Au fait, ce Poutine, élu en 2000, il va prendre en main un pays en pleine désintégration, saccagé par des oligarques avides cornaquées par des officines occidentales, surtout yankees ou allemandes, leur déléguant des « experts » préconisant des thérapies ultralibérales.

Résultat : une chute du PIB russe de près de la moitié entre 1990 à 1998, la paupérisation de la moitié de la population accrue par les privatisations et l'accaparement des richesses par une mafia. C'était la grande époque de la curée de ce pays « dirigé » par l'ivrogne Elsine, pantin des Étasuniens.

Poutine va rétablir l'État frappé par une profonde crise de légitimité. Il oblige les grandes sociétés à payer leurs impôts. Les rentrées fiscales se redressent sensiblement de 24 % du PIB en 1998 à 32 % en 2004. La décennie 2000 à 2010 est marquée par une croissance annuelle remarquable de 7 %.

Il est populaire Poutine parce qu'il a mis un terme à la désagrégation du pays et aux humiliations infligées à la Russie par l'extension de l'OTAN (trahissant les promesses faites à Gorbachev) ou à travers les bombardements de la Yougoslavie et l'occupation du Kosovo en 1999. Les relations politiques vont se détériorer avec les « révolutions de couleur » fomentées par les États-Unis en Géorgie et en Ukraine avec velléités d'intégrer ces marches de la Russie dans l'Otan. L'encerclement militaire de la Russie par les forces belliqueuses de l'Otan justifie les réactions de Poutine, tant en Crimée qu'en Ukraine. S'ensuivent les attaques économiques contre la Russie à travers la baisse du prix du pétrole orchestrée par l'Arabie saoudite et les États-Unis et les sanctions économiques.

Celles-ci s'avèrent contre-productives tant pour la Russie que pour l'Europe. Mais pas trop pour le principal fauteur de trouble, les États-Unis... Ces sanctions sont une faute géopolitique grave, car elles rejettent la Russie vers l'Asie et principalement vers la Chine. L'effet d'éviction du marché russe pour les entreprises européennes sera durable. Or, le peuple russe est un grand peuple européen. La Russie est un acteur majeur de la politique européenne depuis la fin du XVIIIe C'est méconnaître le rôle que peut jouer le sentiment de l'humiliation ou de la dignité blessée dans l'Histoire des peuples.

Pourtant, la Russie est évidemment européenne. De Gaulle ne parlait-il pas de « l'Europe de l'Atlantique à l'Oural » ? Elle est européenne par la géographie, par la population, par la (les) religion(s), par la civilisation, par l'histoire. Que représentent les Etazuniens, « passés directement de la barbarie à la décadence en oubliant la civilisation », par rapport à cette grande nation qui a donné au monde les écrivains Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski, mais aussi les musiciens Borodine, Rimski-Korsakov, Moussorgski, Rachmaninov, Tchaïkovski, mais encore Mendeleïev, génie de la physique qui a réalisé la classification des éléments de la nature, etc., etc. et - cerise sur le vatrouchka - le pays qui a envoyé le premier homme dans l'espace et le seul actuellement capable de ravitailler la station internationale orbitale !

C'est une civilisation jumelle, imbriquée depuis toujours à la nôtre. Ils connaissent nos penseurs, nos artistes, nos idées. Ils ont parlé français dans les hautes sphères pendant deux siècles. Et que savons-nous d'eux ?

Ce sont des terres infinies, de l'Arctique au Pacifique, de la Sibérie à la Mer Noire. C'est une mosaïque de peuples mêlant les blonds vikings des terres du froid aux yeux obliques des steppes d'Asie. Et nous les méprisons ?
Vous imaginez la puissance d'une entité Europe Russie de Lisbonne à Vladivostok ?
Un bloc continu, possédant toutes les matières premières voulues, fort d'une population de 700 millions de personnes éduquées, dynamiques, fruit de la filiation civilisationnelle allant d'Athènes, Rome et Byzance à la Renaissance, aux Lumières, à la Science moderne, aux Droits de l'Homme, à la Liberté. Le cœur, la quintessence de la civilisation occidentale. La Russie ne devrait-elle pas être invitée à la réalisation de ce grand dessein ? La Russie manque à l'Europe comme l'Europe manque à la Russie. Si on ne l'y invite pas, c'est par lâcheté, veulerie, vassalité, servitude volontaire envers ces États-Unis lointains, méprisants et nuisibles prédateurs du globe.

En fait, nous leur en voulons d'être ce que nous ne sommes plus : un pays fier, conscient de sa force. Un pays qui croit encore à l'instruction, au savoir, en ses institutions. Qui croit en son destin quand nous confions le nôtre aux cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street, de Francfort et de la City.

Nous nous coupons de notre destin pour obéir aux injonctions de ces grands « démocrates » qui font Guantanamo, qui assassinent par drones aux quatre coins du monde, qui embastillent sans procès, qui assassinent légalement leur propre peuple, qui, par de sordides guerres jamais gagnées, ont semé l'enfer sur terre de Kaboul à Bagdad, qui pillent le monde à l'aide de leur dollar. Qui nous espionnent, nous épient et nous méprisent.

Les Russes sont nos frères, pas nos ennemis.